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16/01/2008

La nuit morbide.

« Arrête de masser ».

J’intube cette petite dame de 84 ans qui a déjà une coloration grisâtre. Un quart d’heure avant, je ne la connaissais pas, je dormais profondément.

Cette patiente est hospitalisée aux soins intensifs cardiologiques qui jouxtent la réanimation de chirurgie cardiaque où je suis de garde.

Il est d’usage d’appeler tous les médecins et infirmières disponibles quand survient un arrêt, et quand j’arrive encore pataud de sommeil, le médecin responsable du SIC, ses infirmières et les miennes s’affairent autour de la patiente.

Tout se passe comme d’habitude, stress et bordel, jusqu’au moment ou arrive le tour d’une fille pour masser. Je ne la connais pas. Elle a une quarantaine d’années et appartient à l’équipe du SIC.

C’est la première fois qu’elle masse.

Ses copines, debout au pied du lit, décident d’immortaliser le moment en la prenant en photo avec leur téléphone portable tenu au bout de leur bras levé.

 

Dans deux téléphones portables appartenant à deux infirmières, se trouvent actuellement des photos d’une pauvre dame toute nue, maintenant morte, en train d’être massée par une soignante souriante et prenant la pose pour le cliché.

 

En retournant me coucher, j’étais honteux.

Honteux pour elles et honteux pour moi, pour ne pas les avoir réduites en poussière.

07/08/2007

Le travail c‘est la santé.

En fait pas vraiment, vous allez le lire après cette petite blague belge que j’aime énormément car elle sous-tend un vécu plus profond que ce qui semble à première vue. Pardon à Merlin et à tous nos amis d’outre-Quiévrain qui me lisent.

 

Un couple de vacanciers belges roule sur une autoroute du sud de la France. Un flash spécial passe sur 107.7 : « Attention, on signale une voiture en contresens dans le sens nord-sud au niveau de la sortie Valence-Sud ! ».

Le monsieur se tourne vers sa femme (avec un gros accent belge quand on la raconte, SVP) : « Ils se trompent, c’est plutôt 200-250 voitures qui sont en contresens ! ».

 

Donc le travail c’est la santé, sauf peut-être dans le domaine de la santé, justement.

Vendredi dernier, une collègue m’a laissé une bonne quarantaine de formulaires administratifs à remplir (ceux des 2 dernières semaines, en fait), alors que c’était à elle de les remplir.

C’était la goutte qui a fait déborder le vase, la veille elle avait déjà essayé de me refiler en douce la rédaction de courriers de sortie lui incombant.

J’ai fulminé d’une colère froide toute lyonnaise.

Cette nuit, j’étais de garde en réa de chirurgie cardiaque. L’interne de réa polyvalente me demande de descendre pour l’aider à cadrer un problème cardiologique à 2h30. Ah bon, m’étonnais-je, et les deux cardiologues de garde ? « L’un n’a pas voulu descendre, et l’autre est peut-être à la maison. ».

Je n’ai pas fulminé, je me suis exécuté.

En remontant, je demande gentiment aux 2 aides-soignantes qui lisaient un « Closer » avec avidité, bien calées dans les fauteuils de l’office si elles pouvaient me stériliser la sonde d’ETO.

Elles râlent : « C'est pas à nous de le faire. Tu te rends compte, il faut surveiller le chronomètre ! ».

Non, mais c’est terrible, c’est « Germinal », leur travail !Je leur précise que toute la réa poly réanime la patiente pour laquelle je suis descendu, et qu'elles ne semblent pas trop surchargées de travail.

Je fulmine, et suggère aux infirmières de leur faire un lovenox en prévention d’une thrombose veineuse profonde toujours possible en cas d’immobilité prolongée. L’embolie pulmonaire est la cause de mortalité la plus fréquente dans les aéroports, et certains offices.

 

En ce moment, Je vois tous les jours des tas de gens qui ne veulent plus rien foutre à l’hôpital ou en clinique. En pensant à ma blague belge, je me demande qui est en contresens.

 

Petite variation sur la même blague.

Si une famille agressive trouve que tous les médecins qui se sont penchés sur le cas de leur proche sont des incompétents (dont moi), je leur raconte cette blague.

Mais en général, ils ne comprennent pas.

16/11/2006

Ted Haggard

medium_Ted_Gayle_Haggard.jpgJ’ai d’abord lu cette histoire dans l’excellent « Inside the USA ».

 

C’est le nom de l’ancien président de la NAE (National Association of Evangelicals) qui regroupe 30 millions de croyants.

Il était connu pour ses positions extrêmes, notamment contre l’homosexualité.

Pour résumer, les homosexuels ne méritent que ce qui est inscrit dans la bible, c'est-à-dire, à ma connaissance la mort (merci Wikipedia!).

Le problème est qu’un ancien prostitué male, Mike Jones l’a publiquement accusé d’entretenir une relation avec lui depuis 3 ans et de prendre de la métamphétamine.

Après avoir nié, le bon pasteur a avoué dans une lettre ouverte lue à ses  ouailles le 5 novembre dernier (ici, celle de sa femme). Je ne vais  même pas me laisser aller  à  des remarques  ironiques et agnostiques,  je le trouve  tout simplement  pathétique.

 

Histoire édifiante pour plusieurs raisons.

 

Primo, car elle montre que l’obscurantisme a encore de beaux jours devant lui.

 

Secundo, car ces « guides spirituels » qui demandent à leurs fidèles de vivre selon des préceptes stricts (et discutables) ont assez souvent une vie privée qui viole tous ces préceptes.

JE Hoover est un autre bon exemple. Les tenants de l'ordre moral (j'ai failli écrire "tenanciers") m'ont toujours semblé hautement suspects.

 

Tercio, j’ai du mal à imaginer une telle dichotomie chez cet homme. Au moins, si il était resté « neutre » sur l’homosexualité, passons, cela n’aurait été qu’une affaire d’adultère de plus chez un religieux. Mais là, après s’être envoyé en l’air avec son kiné sous métamphétamine, il vomissait sur les homosexuels, et probablement les drogués (peut-être aussi les kinés, qui sait ?)!

 

Je me suis toujours fait cette remarque : les personnes qui visent la « pureté » délibérément et ostensiblement sont souvent les pires de tous. D’ailleurs combien de victimes sont mortes au nom de cet « idéal » qui n’a même pas de définition précise ?

 

Vivre et laisser vivre.