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21/03/2007

Le point de bascule.

Ce matin, döppler systématique chez un diabétique de 75 ans.

Il est aveugle à cause d’un glaucome.

Sa fille l’accompagne et m’aide à l’installer.

 

Döppler des TSAO : pas de problème.

Aorte : pas de problème.

Je cherche les iliaques. Je croise la route, comme bien souvent, de la vessie qui est pleine.

Je vois alors une masse tissulaire qui a vraiment une sale tête, d’un peu plus de 50 mm, se développant aux dépens des tissus péri-vésicaux et qui s’avance comme une péninsule dans la vessie.

 

Je demande au patient si il a des problèmes de vessie et s’il urine rouge.

 

« Non, pas de problème, et je ne me vois pas uriner. Pourquoi ?

Euh, ah oui. Non, pour rien. ».


Membres inférieurs : pas de problème.


Je dicte mon compte rendu en précisant qu’il faut réaliser d’autres examens (je suis bien entendu incapable d’analyser une masse vésicale).

 
Cancer de la prostate ou de la vessie à un stade avancé ? Je fais un signe discret à sa fille pour lui dire ce que je pense avoir trouvé.

 

La vie de son père vient de basculer.

19/03/2007

Le mélanome

Il y a quelques semaines, je faisais une vacation hospitalière de döppler.

Alors que je dictais, l’infirmière, qui venait d’installer le patient suivant vient me voir la mine fermée.

« Tu verras, le prochain, c’est horrible… ».

En sachant qu’elle est en chirurgie vasculaire depuis 15 ans, et qu’elle  a probablement tout vu, du pied diabétique à la gangrène, j’étais un peu inquiet. Le service de dermatologie demandait un döppler veineux sous clavier pour éliminer une thrombose profonde chez un patient porteur d’un mélanome métastatique.

En fait, son mélanome et ses métastases cutanées couvraient l’ensemble de son torse : un immense champ martien (l’ensemble de la peau était inflammatoire) couvert de cratères et d’excroissances noirâtres et nécrosées. Un peu comme les moulages en cire  du XIXème que l’on n’ose pas trop montrer dans les musées médicaux de l’Assistance Publique. Mais en vrai, avec un homme dessous. Je lui fais son döppler en me concentrant sur l’écran.

Le patient est un éthylo-tabagique qui a dû laisser évoluer sa maladie.

En fin d’examen il me demande, la voix ferme mais les yeux humides du sevré récent si « on peut vivre longtemps avec ça ».

Que répondre ?

Ponce Pilate.

« Vous devriez le demander aux dermatos. Mon examen est normal, il n’y a pas de phlébite ».

Il remet son T-shirt, et l’infirmière le ramène dans la salle d’attente.

 

 

 

 

 

 

Lapsus corrigé ("je devriez...") le19/03 à 20h49

09/03/2007

La vie d’après.

Un jeune patient, artisan indépendant, passé très près de la mort. Il se souvient distinctement avoir entendu le réanimateur dire à sa femme qu’il ne passerait pas la nuit :

 

- Vous savez, Docteur, depuis l’accident, je n’envisage plus la vie comme avant.

- Cela ne m’étonne pas.

- J’ai de l’argent liquide à la maison. Dès que je sors, on va aller au « Center Parcs » pour tout claquer !

- Vertigineux...