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18/04/2006

L’utopie raciale.

J’ai terminé le « Hitler » de I. Kershaw hier.

Bon, c’est un très bon bouquin, mais surement pas destiné à être lu sur une plage. C’est dense et écrit comme un texte universitaire. Pas de fioriture, les faits, rien que les faits.

J’ai bien évidemment appris des tas de chose sur cette période, et le personnage ; j’en parlerai probablement un peu plus tard, après  avoir mûri le texte.

   

Je voulais quand même parler de la question raciale, qui est au cœur de l’obsession d’Hitler.

La dernière phrase de son testament politique, son dernier cri, en quelque sorte exhorte la nation allemande à résister à la contamination raciale, notamment vis-à-vis des juifs.

  

« Par-dessus tout, je recommande aux dirigeants de la nation et à leurs sujets d’observer méticuleusement les lois raciales et de résister implacablement à l’empoisonneur de tous les peuples, la juiverie internationale ».

   

Ma première remarque est une question dont je n’ai pas trouvé la réponse dans le bouquin de Kershaw : pourquoi tant de haine vis-à-vis des juifs ?

   

L’antisémitisme était presque un état de fait reconnu et accepté dans toute la société allemande du XIXème et du XXème siècle, dépassant largement les extrémistes nazis.

Mais bon, ne faisons pas les fiers, ce n’était pas mieux chez nous (affaire Dreyfus) ou en Grande-Bretagne.

D’où cette réponse cinglante de Benjamin d’Israeli (premier ministre britannique) qui répondait à une attaque  antisémite en plein parlement, venant d’un député irlandais (Daniel O'Conne).

« Yes, I am a Jew, and when the ancestors of the right honorable gentleman were brutal savages in an unknown island, mine were priests in the temple of Solomon. »

La communauté juive était alors extrêmement minoritaire en Allemagne, et a priori parfaitement intégrée. Pourquoi donc s’en prendre à eux, comme les nazis, ou laisser faire, comme la plupart des allemands de l’époque (La nuit de cristal a été interrompue par les nazis devant les protestations émises par la population devant le « désordre » causé, pas tellement pour une quelconque raison humanitaire ou éthique).

Pourquoi les stigmatiser comme les responsables de la défaite de 1918, et de l’effondrement économique de 23 ?

La réponse n’est pas si anodine et évidente que cela, lorsque l’on connaît les raisons qui ont motivé le choix de séquestrer Ilan Halimi. Quand je passais de la lecture de mon bouquin à celle du Monde, je me disais que nous étions encore loin d’avoir éradiqué la barbarie et l’obscurantisme. Nos « plus jamais çà » de bon aloi me semblent bien dérisoires.

Enfin, pourquoi avoir tellement peur que les juifs « contaminent » la supposée "race aryenne" (lois de Nuremberg de 1935 interdisant les unions « mixtes ») ?

Si l’un de vous a la réponse, ou des références, qu’il n’hésite pas.

Deuxième remarque sur la « contamination » justement.

En recherchant des informations sur les divers protagonistes du régime nazi, et leur devenir après la guerre, je suis rapidement tombé sur des sites prônant la « supériorité de la race blanche ». Basés en Serbie ou aux Etats-Unis, ils déversent un torrent de haine et glorifient le régime nazi.

  

Encore une preuve que certains n’ont toujours rien compris.

  

Rien compris à la Nature et à l’Evolution. Un groupe humain qui se sélectionne ne peut que péricliter, minée par la consanguinité. Les empereurs romains et les rois de France se sont éteints à force d’avoir épousé leurs cousines, pour conserver « un sang pur ». Quelle aberration, alors que justement la nature fait tout pour que chaque individu soit unique. Unicité et diversité, deux conditions essentielles à la survie de notre espèce.

La véritable force de l’Homme, me semble être justement la possibilité que nous avons de multiplier les combinaisons de notre génome entre les différents groupes humains qui composent notre espèce, afin d’éviter le risque de tomber sur une impasse génétique.

Mais jusqu’à présent, cette différence, à mon avis véritable « don » pour nous, n’a été qu’une cause d’éradication, d’exclusion et de cloisonnement.

Si je suis parti sur cette dissertation un peu pesante, c’est que j’ai découvert grâce à Google une incroyable communauté qui tente de garder la "race aryenne" pure depuis 125 ans.

C’est fou, mais actuellement, dans une région reculée du Paraguay, vit toujours une communauté d’une centaine de familles de descendants d’allemands émigrés au XIXème.

Ces familles vivent en tentant de perpétrer l’utopie de maintenir une race aryenne « pure », indemne notamment de contamination par du "sang juif".

La communauté « Nueva Germania » (je recommande surtout d'aller sur les liens cités en bas de page) a été crée par  Elisabeth Alexandra Förster-Nietzsche (la sœur du philosophe), son mari notoirement antisémite, Bernhard Förster et 14 autres familles.

   

Qu’a donc donné cette utopie, au bout de 125 ans de lutte pour garder une "race aryenne" « chimiquement » pure (clin d’œil à un patron de chirurgie vasculaire et son expression favorite : « c’est un con chimiquement pur ») ?

Et bien, comme vous le lirez, une communauté de pauvres parmi les pauvres du Paraguay, gangrenée par des maladies génétiques.

Comme je l’ai déjà dit, on n’est pas encore sorti de l’obscurantisme.

17:40 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2)

17/04/2006

La chance du diable (2)

J'ai trouvé aussi une biographie d'un autre conspirateur du 20 juillet 1944.

Le général Hening von Tresckow a participé activement à cette tentative. Il se suicida avec une grenade à main sur le front polonais le 21 juillet, à l'annonce de l'échec de Stauffenberg.

Il apporte une vision supplémentaire sur la necessité de cette tentative d'assassinat:

"L’assassinat doit être tenté à tout prix. Même si elle échoue, une tentative pour prendre le pouvoir à Berlin doit être faite. Ce qui compte maintenant n’est plus une affaire d’objectif pratique, mais de montrer au Monde et à l’Histoire que des hommes de la résistance ont osé le coup décisif. En regard de cela, tout le reste est indifférent."

En effet, en juillet 44, l'assassinat de Hitler n'aurait probablement pas empêché les alliés de raser le Reich allemand, et avec lui tout ce pourquoi Tresckow se battait. Comme beaucoup, il s'est réveillé trop tard de l'illusion nazie. Mais il voulait démontrer que tous les allemands n'ont pas été derrière Hitler jusqu'au bout. Combien d'opportunistes parmi les 8 millions d'adhérents au NSDAP en 1943-1944?

Photo: von Tresckow et ses deux fils.

09:55 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (4)

16/04/2006

La chance du diable.

« Il est désormais temps de faire quelque chose.

Mais l’homme qui a le courage de faire quelque chose doit le faire en sachant qu’il restera dans l’histoire de l’Allemagne comme un traître. S’il ne le fait pas, cependant, c’est sa conscience qu’il trahira ».

 

 

Ces quelques mots terriblement lucides ont été écrits par le colonel Claus Schenk, comte von Stauffenberg, quelques jour avant de poser la bombe qui manqua, de peu, de tuer Hitler le 20 juillet 1944.

 

Né en 1907, dans un famille aristocratique et catholique de Souabe, il participa à la campagne de Pologne puis d’Afrique ou il perdit l’œil droit, la main droite et deux doigts de la gauche.

Nationaliste, conservateur, il réprouvait les massacres des juifs polonais, perpétrés par les SS de Himmler. A partir de cette expérience traumatisante, il n’eut de cesse d’abattre Hitler.

 

Hitler échappa, sans le savoir à 3 ou 4 tentatives d’assassinat, toutes avortées à cause d’une chance que l’on pourrait qualifier « d’insolente ».

 

Ce que je trouve remarquable chez cet homme, c’est d’abord le courage de fomenter une action dans un Etat policier, quadrillé par les sbires de Himmler, et qui plus est, au sein d’une population encore en grande partie derrière le Führer. En cas d’échec, absolument personne ne pourrait le soutenir. Sans compter, qu’en cas d’échec, il mettait toute sa famille en danger.

Enfin, il savait que cette action décidée en pleine guerre ne pourrait être perçue que comme une trahison vis-à-vis de son pays. Et ce, quelque soit la barbarie de Hitler.

 

Dans les années 50, près de 30% des allemands considéraient encore cet acte comme une trahison.

 

Imaginons le débat que ce choix a pu entraîner dans l’esprit de ce militaire, éduqué dans le respect de la hiérarchie, patriote, mais aussi bien conscient que Hitler conduisait son pays à la ruine…

 

Il mourru, fusillé le lendemain de l'attentat.

Toute sa famille fut internée par les SS, mais échappa à la mort grâce à la victoire des alliés.

21:20 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)