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13/03/2005
Maître
J’ai toujours voulu faire une spécialité au cours de mon externat, mais mon choix a évolué avec le temps et les rencontres.
La cardiologie ne m’a tout d’abord pas particulièrement attiré.
Cette spécialité semble être de prime abord rébarbative avec sa séméiologie complexe (les bruits du cœur, et les souffles) et ses multiples traitements médicamenteux et leurs effets secondaires ou contre-indications encore plus innombrables (plusieurs centaines d’anti hypertenseurs en France).
Et il faut bien le dire, des cardiologues souvent rébarbatifs et imbus d’eux même.
Je trouvais mon premier enseignant de cardio à la fac extrêmement puant (il exerce toujours, pas de nom…), et le second sénile (il n’exerce plus, mais pas de nom quand même….).
La veille d’un choix, des amis me conseillent de choisir le service de cardio de la Croix Rousse (je me demande si ce n’était pas Caroline…).
C’était, de toute évidence, un bon choix, avec des gardes intéressantes.
De toute façon, il me semblait alors difficile de ne pas faire au moins un choix de cette spécialité, afin de mieux la dompter pour les examens.
J’y ai rencontré l’homme qui allait changer le cours de ma vie (l’expression est un chouïa théâtrale, mais bon…).
Il s’appelle Hugues Milon, il exerce toujours, je vois passer son nom dans des congrès ou des réunions d’hypertensiologues (les cardiologues qui se passionnent pour le traitement de l’hypertension artérielle).
Il était austère, même pour un protestant des Cévennes, et il émaillait sa conversation de références bibliques.
Mais sous ses dehors pas très « funkies », se cachaient une humanité et une rigueur morale que je n’ai jamais retrouvées depuis lors.
De plus, il était simple et modeste, ce qui le mettait à la portée de tous les patients et le personnel de son service. Mais « à la portée » ne signifie pas atteindre, car, sans jamais le faire sentir, il était nettement au dessus de tous.
Son credo, c’était qu’il fallait se mettre au niveau des patients, et pas l’inverse. Je ne l’ai jamais vu mépriser quiconque (sauf un chirurgien cardiaque, mais c’est excusable…).
Je n’ai que des souvenirs flous de mon choix, mais son humanité empreinte de noblesse m’a marqué, et j’ai voulu devenir comme lui, humain et cardiologue.
Cardiologue signifie être fier, mais très respectueux et humble devant cette spécialité qui est comme la Mer, belle, immense, implacable en cas d’erreur.
Je suis cardiologue de part le diplôme, mais il me reste encore beaucoup, beaucoup de chemin pour être Cardiologue comme lui.
Tous mes autres Maîtres m’ont appris leur technique, leur expérience et leur savoir faire.
Mais lui, il m’a montré l’essence de cet art.
師 shi : Maître
医師 ishi : Médecin
Source: http://kanji.free.fr/
00:20 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)