« lun. 05 nov. - dim. 11 nov. | Page d'accueil
| lun. 19 nov. - dim. 25 nov. »
15/11/2007
Petit dictionnaire médico-technocratique (4).
Nouvelle réunion ce jour, et nouvelle moisson:
Il faut formaliser l’acheminement du plateau repas au patient.
Autre moyen de dire qu’il faut amener le plateau repas du chariot à la tablette du patient. Cette formalisation devrait prendre au moins 3 réunions (faut-il amener le plateau avec les deux pouces sur les côtés du plateau, ou au dessus ?).
Il faut redynamiser le CRUQ (Commission des Relations avec les Usagers et de la Qualité de la prise en charge).
Ca fait deux ans qu’on ne fait plus de réunions, il va falloir les reprendre. Même les associations de patients se sont lassées, c'est dire.
Globaliser le tout pour faire un programme global.
Se passe de commentaires.
Les formations n’ont pas été paramétrées par le groupe.
Synonyme de « Le groupe n’a rien prévu », mais le ton est moins accusateur.
Il faut confronter l’existant avec les procédures et faire un mix.
A ce niveau de réflexion, on rentre dans des considérations philosophiques élevées.
On fait un scoring pour savoir s’il faut faire une bandelette urinaire.
L’IDE du XXIème siècle va devoir nettement plus réfléchir que celles du siècle précédent avant de faire une simple bandelette. Imaginez ce que cela va être quand il leur faudra faire une prise de sang. Là aussi, au minimum trois réunions.
C’est formalisé au niveau d’une procédure.
C’est comme au scrabble, mais ici ce sont les mots qui comptent double. « Formaliser » compte triple, vous l’aurez deviné.
Il faut trouver une meilleure amélioration.
Un seul mot : grandiose
Un local intermédiaire.
Synonyme de débarras.
Identifier, formaliser, fusionner.
Les trois mots qui ont conclu la réunion.
"Tout est dans tout et vice-versa" aurait pu être une alternative séduisante
20:00 Publié dans termes médico-technocratiques | Lien permanent | Commentaires (9)
Télémédecine.
Hier au soir, le médecin qui était de garde à la clinique m’a demandé ce que je pensais d’un système de télétransmission d’ECG destiné à des médecins qu’un commercial particulièrement agressif a proposé à son associé.
Il existe aussi des appareils dédiés aux patients, mais je n’en parlerai pas.
Par ailleurs, par courrier électronique cette fois, plusieurs confrères non cardiologues m’ont posé la même question.
Je vais donc mettre mon grain de sel dans cette histoire.
Le principe du système est assez simple.
Il s’agit d’un boîtier de la taille d’un appareil de lecture portable de carte bancaire.
On branche les électrodes périphériques et une seule électrode standard sur le patient. L’appareil reconstruit l’ECG (comme le font certains scopes de réanimation). Ensuite, à l’aide d’un téléphone banal, le médecin le télétransmet à un centre de recueil qui fonctionne en permanence. Là, l’ECG est lu et le tracé interprété est renvoyé au médecin demandeur.
Il semble que le CNOM et plusieurs médecins généralistes aient porté plainte contre une société qui commercialise ce type d’appareil. Le CNOM semble avoir porté plainte pour exercice illégale de la médecine (la qualification des médecins qui interprètent les ECG semble avoir été mise en doute).
Par contre, je ne connais pas trop le motif de la procédure des médecins.
A ce qu’il semble, le coût de la location mensuelle est assez important (j’ai lu plusieurs chiffres qui tournent autour de 120 euros), et le contrat assez contraignant (durée de contrat de plusieurs années).
J’utilise beaucoup de « semble », mais je n’ai pas trouvé sur le net de sources indiscutables qui étayent ces informations (notamment sur le site du CNOM, ou sur le site d'une société qui commercialise ce système et qui est en cours de "mise à jour" depuis plusieurs semaines).
Ces informations sont donc à prendre avec des pincettes.
Je ne vais donc pas me prononcer sur l’affaire en elle-même, mais plutôt faire quelques remarques sur la télémédecine en général et ce système en particulier.
- La télémédecine ne peut que se développer dans l’avenir étant donné l’évolution de la démographie médicale (en valeur absolue et en valeur relative en fonction de la répartition géographique). Le CNOM travaille sur le sujet et les six critères exposés par ce rapport daté de 2005 me semblent sains. J’insiste particulièrement sur les points 1, 2, et 5.
- Par principe, je suis totalement opposé à la télémédecine tant je ne conçois mon exercice clinique quotidien qu’au contact de mes patients. Mais j’ai parfaitement conscience que mes principes sont obsolètes et le seront de plus en plus au fil du temps. Je suis résigné, d'ailleurs, nous avons déjà franchi la porte.
- Je m’interroge sur le côté technique notamment sur la robustesse et la fiabilité du système de reconstruction de l’ECG. Peut-on faire aussi bien avec 1 électrode standard qu’avec 6 ? Cette question n’est pas uniquement rhétorique, je n’ai pas de notion précise sur ce point (et vous, XW ? Doudou ?). En réa, je n’interprète jamais d’ECG reconstruits. Je n’ai même jamais eu l’idée de comparer un tracé classique et un tracé reconstruit.
Même question sur la télétransmission elle-même. Quel est le degré de la compression du tracé et quelle est sa qualité à l’arrivée ?
- Maintenant sur le côté interprétation en lui-même : comment peut-on oser interpréter un ECG sans anamnèse, sans connaissance des antécédents, sans examen clinique ?
Je sais bien qu’il y a un médecin auprès du patient, qui peut si besoin téléphoner à l’interprétateur. Mais comment peut-on faire passer tout ce qui fait l’art et la difficulté de notre métier (l’intuition, le coup d’œil, l’expérience) via un fil de téléphone ? Comment peut-on prendre une décision médicale quand le médecin est Janus, avec deux visages opposés, ne pouvant pas percevoir la même réalité ?
L’un voyant un tracé, l’autre le patient ?
- Comment le médecin qui s’est abonné à ce service assez onéreux, peut-il rentrer dans ses frais ?
Je comprends parfaitement que le praticien l’ait fait dans la seule optique de rendre service à un patient isolé au sein d’une zone médicale morte (ZMM) ou le plus proche cardiologue (ou service d’urgence ou SAMU/SMUR/SP) est très éloigné.
Mais tout de même, l’abnégation doit avoir des limites.
Notre métier mérite un juste salaire, et je ne vois pas pourquoi un de nos confrère devrait payer 120 euros par mois pour le bien de ses patients, et sans aucun espoir de rentrer dans ses frais.
Je ne peux en effet bien évidemment pas concevoir moralement, éthiquement et réglementairement qu’un médecin puisse facturer à la sécu un DEQP003 (soient 13.34 euros) en plus de sa consultation pour une interprétation qu’il n’a pas effectué, puisque c’est un quidam qui l’a faite.
Mais sur ce point, je suis serein, puisque le président de je ne sais plus quel syndicat de cardiologues, interrogé sur ce point par un journal professionnel, a précisé que les médecins qui ont eu recours à ce système ne l'ont pas fait à but lucratif.
- En terme de responsabilité (au moins ordinale), les choses sont claires : c’est le médecin au chevet du patient qui est responsable en cas d’erreur médicale, pas le quidam qui a interprété le tracé.
En somme, je pense que ce système est, sauf exception particulière (isolement géographique), mauvais :
- éthiquement
- techniquement
- moralement
- financièrement (il coûte de l’argent au médecin !)
- réglementairement (en terme de responsabilité)
11:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
Courbe.
Voilà un graphique qui donne du baume au cœur.
Ce n’est ni le prix du brut, ni le délai d’attente moyen dans nos salles d’attente, ni le nombre d’illettrés que l’on croise quotidiennement, ni le nombre de réunions de « travail » auxquelles nous assistons.
Il s’agit des dons cumulés gérés par Kiva, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois.
Statistiques (mises à jour quotidiennes) tirées de kiva.org et du forum kivafriends:
08:50 Publié dans Kiva | Lien permanent | Commentaires (2)