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01/02/2005

Gnogo Onivogui

Plan international est une organisation caritative existant depuis 1937.
Son but est de permettre à des enfants défavorisés du Tiers-Monde d'être parrainés.

En décembre, ma compagne et moi avons été boulversés comme tous par les ravages du tsunami.
Notre conscience du malheur des autres, qui était profondémment endormie (a-t-elle jamais ouvert un oeil?) s'est étirée, a baillé et s'est demandée ce qu'elle avait fait dans sa vie.
Le bilan est donc facile à faire:rien
Just do it !
Ce matin au courrier, nous avons reçu le dossier de notre fillieule.
C'est une petite fille guinéenne de 9 ans, très joliment dénommée Gnogo Onivogui.

 

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Elle n'a pas grand'chose d'exceptionnel, elle est comme de milions d'enfants africains (nous en avons rencontrés des centaines au décours de nos pérégrinations africaines).
Mais elle personnifie le drame de ce continent: une région assez récemment en guerre (deux des pays limitrophes sont le Liberia et la Sierra Leone...), des parents agriculteurs, et l'absence complète de confort (eau potable dans un puisard à 1 Km).
Elle n'a pas l'air malheureuse (mais elle ne connait que son quotidien, et la société de consommation ou l'on ne désire que ce que les autres ont, ne l'a pas encore atteinte) ni surtout dénutrie sur les photos.
L'association encourage à lui envoyer du courrier.
C'est en rédigeant ce qui n'est qu'une lettre simple, destinée à une enfant de 9 ans, que je mesure les années lumières qui nous séparent.

Que lui dire, une fois dépassée le stade des présentations de ma petite famille?
Et encore, est-ce aussi simple?
Je me rappelle avoir estomaqué un brave berger masai des hauts plateaux du Kenya en lui disant que j'avais "eu" ma compagne "gratuitement" (Une dot moyenne au Kenya équivaut à 1500€ en troupeaux ce qui est astronomique pour des bergers). Il voulait venir chez nous pour faire son marché!!

Lui parler de ce que j'aime?
Peinture et musique, certes, mais ce qui pour moi représente un aimable passe-temps est pour elle soit non concevable, soit emprunt d'un sens mystique (elle est animiste) qui rend difficile la compréhension de notion de plaisir.
Mes 2 dernières acquisitions de tableaux équivalent à 10.88 fois le PNB/habitant de son pays (données 1997)

Lui parler de mes soucis?
Mon souci principal actuel:mon activité libérale est déficitaire (je ne vois que 3-6 patients par semaine...), soit environ un déficit de 600€ par mois (hors imposition), soit 1.54 fois le PNB/habitant de son pays par mois (0.030 fois notre PNB /habitant).
Mon deuxième souci?:mon surpoids qui se majore avec le temps (Ah, le fameux pneu de la trentaine), là, même pas besoin de faire de commentaires...
Les occidentaux meurent de sur-alimentation, les habitants du Tiers-Monde de sous-alimentation.
Un traitement pour lutter contre l'hypercholestérolémie (souvent secondaire à une mauvaise alimentation) coûte 652.47€ par an et par patient, et ils sont des millions rien qu'en France.

Lui parler de notre démarche?
Qu'elle est basée sur de la compassion, pour ne pas dire de la pitié?
Pourquoi le parrainage?, pour pouvoir observer de visu les effets de notre "bonté" (on peut se rendre dans son village, si on le désire...).
Je me demande si un don aveugle n'aurait pas été plus désinteressé (donc plus "louable"?)
D'un autre côté, cette expérience peut s'avérer être enrichissante pour elle et nous si nous arrivons à communiquer sur le long terme.

L'avenir le dira...

Il faut que j'arrête d'écouter les partita de Bach, interprètées par Hilary Hahn.
C'est beau, mais elles rendraient un enfant neurasthénique, et elles rendent floues (yeux embués?) des notions qui me semblaient simples.