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20/03/2005

Malevil.

medium_film_malevil.3.jpgUn autre de mes livres multi-lus.

Cet ouvrage de Robert Merle raconte l’existence précaire d’un groupe de survivants à un cataclysme nucléaire.

Par contre, je déteste le film

L’ouvrage a été écrit en 1972, année de ma naissance, en pleine guerre froide.
L’histoire est donc un peu démodée, à l’heure du bioterrorisme, « so seventies » dirait Lorenzo du Mercutio Club.

L’écriture est parfaite de simplicité, le trait est précis comme d’habitude chez Merle.

Le héros, Emmanuel Comte, prend la tête d’un groupe de survivants assez disparate (1 communiste, 1 athée, et 2 catholiques). Au début, il faut s’organiser pour survivre physiquement (semailles, entretien des quelques bêtes restantes…), mais aussi moralement (lecture de la Bible, le soir « au cantou », et ce malgré son athéisme).

Les décisions sont prises en commun, même si Emmanuel arrive souvent à faire pencher la balance dans son sens. Sauf une fois, lors d’un vote sur le « partage » de la « Miette », seule femme en âge de procréer, survivante au début du roman (lectrices, ne vous insurgez pas, la « Miette » garde son libre arbitre, mais Emmanuel juge la monogamie contraire à leurs nouvelles conditions de vie, au contraire des cinq autres hommes).
La communauté est attaquée par des bandes de pillards sans foi ni loi, puis ils rencontrent une autre micro société structurée à quelques kilomètres d’eux.
Ici, aucune démocratie, c’est la théocratie d’un curé qui règne sans partage.
Evidemment, les deux groupes s’opposent, et le curé (« Fulbert ») est un rude adversaire.
Que va faire Emmanuel pour s’opposer à lui ?
Il va se nommer Evêque, et va célébrer le culte catholique, malgré son athéisme (« qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse »).
Il le fait en partie pour contrebalancer le pouvoir délétère, que Fulbert a sur ses ouailles, mais aussi car il se rend compte qu’une Société ne peut vivre sans un minimum de croyances ou de spiritualité.
Là est le cœur du roman.
Pas de Société sans spiritualité, donc pourquoi ne pas en « créer » une, à partir de croyances ataviques, ou d’un syncrétisme.

Une grande majorité des éléments bibliques ont un point de départ réel.
La Manne est ainsi une sécrétion sucrée d’un arbre nommé « Quercus vallonea », le Déluge, une réminiscence des catastrophiques crues de L’Euphrate, relatées par des tablettes sumériennes. Dans un autre texte fondateur de l’Occident, mais non spirituel, celui-ci, l’Odyssée, Homère décrit de façon romancée des lieux et phénomènes connus par les marins de la Méditerranée (Cf. les travaux de Victor Bérard). L’Odyssée n’est finalement rien d’autre qu’un guide pour le plaisancier (cette phrase est ironique, bien sûr, je trouve ce texte magnifique).

Donc, j’imagine que les hommes occidentaux ont façonné durant des millénaires une doctrine, pas forcément pour assujettir l’autre (au début), mais pour servir de tuteur à la Société humaine.
Evidemment, c’est mon point de vue d’athée.
Mais, il faut bien dire que les religions ou philosophies « alternes » (mot à la mode) pullulent depuis que l’Eglise a amorcé un déclin, qui me semble inexorable.
Je préfère nettement voir une église pleine, que des cadavres carbonisés dans une clairière du Vercors.
Donc, la quête de sens est une valeur à la hausse.
Heureux ceux qui ont la Foi, ou ceux qui vont croiser le Chemin de Damas (Actes 9 :3), ou heurter un pilier de la Cathédrale de Chartres tel Péguy.
« Heureux les simples en esprit » (Matthieu 5:3), qui n’ont pas à chercher un sens à leur vie, et à celle des autres.

Emmanuel fonde donc une « religion », proche de la Bible, assez similaire au protestantisme (son oncle est protestant). Il retient des Paraboles et des Livres l’histoire de gens simples, confrontés à une nature hostile, autrement dit, sa situation.
Cette lecture « historique » de la Bible exclut bien évidemment toute idée d’intolérance, de pêché, de repentance, notions que je méprise.
C’est l’antithèse du nazisme, qui est une religion/doctrine basée sur la haine, mais qui a permis d’assurer la main mise de quelques uns sur tout un peuple (Cf. une note du 20/02, « Le Roi des Aulnes).

Sally et moi n’avons pas fait baptiser nos deux fils. Si ils croient, il devront faire une démarche volontaire pour rentrer dans la communauté des Chrétiens. Par mon Baptême, j’en fais partie, mais l’absence de démarche volontaire rend à mon avis, cette appartenance sans valeur. Je n’ai toutefois jamais réellement envisagé l’apostasie.
Pour l’instant, je n’ai pas besoin d’avoir de béquilles pour vivre, peut-être que cela va venir, comme pour certains :
« Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas ».

14:15 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Je l'ai lu 6 fois, je pense, mais la dernière fut de trop.
Me sentant de plus en plus croyant en vieillissant, la théocratie sentencieuse et les aphorismes d'Emmanuel ne passent plus aussi facilement.
je rêve néanmoins d'un Malevil 2, les dix années suivantes.

Écrit par : ron | 22/03/2005

Les débuts et les fins de civilisation m'ont toujours fascinés (notamment la romaine).
C'est vrai que j'aurais aimé une suite, pour voir l'évolution de ce petit groupe.
Pourquoi tu n'écrirais pas une suite apocryphe?

Écrit par : Lawrence | 22/03/2005

je ferais plutôt celle du Fléau alors, qui doit t'avoir bien plu, dans le genre fin de civilisation...
Tu me recommandes quoi, sur ce thème ? Je n'ai pas lu grand chose...

________________________

Si j'écris la suite de malevil, je la fais démarrer en 2005, en réactualisant le livre original.
La catastrophe aurait lieu en 2000, ce qui permet quelques délices technologiques intéressants dans la suite.
- remise sur pied de l'internet en petit réseau
- station orbitale russe témoignant de ce qui s'est passé
- groupe d'américain impérialiste traversant l'atlantique pour recréer une société évangélique/ affrontements
- Stock de dévédés et de musique trouvé dans les décombres souterrains d'un supermarché
- Artiste "connu" (chanteur ?) dans le lot des survivants.
- Création d'un ULM et semaine à Bordeaux.
- Deuxième génération atteinte par les radiations.

etc

Écrit par : ron | 23/03/2005

Néropolis de Hubert Monteilhet est pas mal dans le genre.
Un peu long toutefois.

Écrit par : Lawrence | 23/03/2005

Les commentaires sont fermés.