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17/09/2005

Encore un…

 medium_obstacle.jpg

Petite pose dans la rédaction de mon mémoire de DESC de médecine vasculaire…

 

Dire que j’en ai assez de ces putains d’examens/mémoires est un doux euphémisme.

J’ai fait un refus devant l’obstacle du DIU de radio avant l’été (il ne m’aurait servi à rien de toute façon, j’ai fondamentalement réorienté ma carrière il y a trois semaines), je vais donc mettre toutes mes forces dans ce (dernier ?) obstacle.

Il en faut du courage pour remplir des pages de chiffres alors que mes enfants piaillent autour de mon bureau, et que je ne peux même pas profiter de Sally, que je vois finalement si peu. Je n'ai plus l'âge de faire ce genre de chose. Pourtant, quand je me suis inscrit à ce DESC il y a deux ans, cela ne me paraissait pas si terrible.

Un titre bien pompeux : « L’ischémie du Membre Supérieur à l’Exception des Embolies d’Origine Cardiaque. Expérience d’un Service de Chirurgie Vasculaire. A Propos de 32 cas. ».

Le pire reste à venir, les critiques et les corrections de mes Maîtres ès médecine vasculaire. Je sens que je vais le réécrire un certain nombre de fois, ce maudit mémoire.

Pour ma thèse, j’avais trouvé le moyen d’éviter ce purgatoire : rendre le texte au dernier moment au Président du Jury.

Risqué, mais efficace (une copine a fait pareil il y a deux ans, son patron a fait repoussé la date de la thèse de 3 mois…).

J’ai déjà rempli 12 pages, il me reste la discussion (je n’ai pas la moindre idée de ce que je vais dire), et la conclusion (idem).

Au boulot !

15/09/2005

Gauss m’a tue(r).

 

medium_gauss.jpgHier, consultation hospitalière.

Un patient émergea de mon lot habituel de SDF hirsutes, éthylo-tabagiques, cas sociaux, non francophones, patients psychiatriques (et souvent tout à la fois!)…

 

Il a 40-45 ans, attaché à un pied à perfusion, un short clair et une chemise à carreaux bleus froissés, mais propres.

Il porte des lunettes de vue à montures noires, et une calvitie naissante au sein d’une chevelure noire policée.

Sa voix est douce et posée, sa syntaxe est irréprochable.

Son visage est emprunt d’un fatalisme encore un peu désespéré, masque mille fois vu chez des patients se sachant atteints d’une maladie grave.

 

Question : Quel malheur a brisé sa petite vie douillette, et l’a envoyé dans une salle d’attente miteuse d’une consultation hospitalière de cardiologie ?

 

Le mot laconique, qu’il me tend, écrit d’une petite écriture mal assurée d’externe, répond à ma question :

« Cher confrère,

merci de voir Monsieur XXX dans le cadre d’une consultation pré-opératoire d’un carcinome de la langue.

Son traitement comporte des morphiniques.

Bien confraternellement.

XXX ».

 

«

- Vous avez beaucoup fumé ?

- Jamais.

( ?)

- Vous buvez de l’alcool ?

- Jamais

( ??)

- Vous avez eu des problèmes de santé ?

- Jamais

( ???)

- Que faites vous comme métier ?

- Je suis cadre, informaticien dans l’Administration, et avant d’être rapatrié ici, j’étais en mission de deux ans en Guyane.

(Cela confirme ma première impression, mais me rend encore plus dubitatif sur le pourquoi d’une telle pathologie chez ce pauvre homme)

- Vous êtes sportif ?

- Tennis, volley, un peu de golf.

- La lésion est profonde ? (question purement professionnelle, le risque opératoire global dépendant de l’importance de l’exérèse).

- Regardez:

Il me montre alors une grosse lésion de 15-20mm de long, ayant déjà rongé un bon bout de langue sur 6-8 mm d’épaisseur.

- Pourquoi vous avez laissé évoluer un truc pareil ? (question venue du fond du cœur, que je n’ai pas pu censurer avant de l’avoir posée).

- Au début, ce n’était qu’une sorte de petit aphte, puis quand il a grossi, je l’ai fait voir à trois médecins, dont un ORL. Tous m’ont dit que ce n’était rien. Ils n’ont même pas proposé de faire une biopsie.

(….) J’étais abasourdi.

- Votre histoire est horrible, personne n’y a pensé car vous n’avez aucun facteur de risque. Vous avez une idée de ce qui a pu provoquer cela ?

- Il y a trois mois, ma dentiste a changé l’aggloméré de la dent juste en face. Je pense que c’est ça. Elle m’a dit que c’était un nouveau matériau. Les médecins d’ici l’ont prévenue dès que la biopsie est revenue positive.

- Je comprends. C’est terrible à dire, mais vous auriez été poivrot et tabagique, tout médecin y aurait pensé dès le début. Vous faites partie des bordures de la courbe de Gauss.

- J’en ai bien conscience. Enfin, on m’a dit que ça se soignait bien ?

- Oui...

(Mon regard plonge vers un point ou il n’y a strictement rien à regarder.)