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04/03/2008

Le cannabis, sans risque ?

"I spent my time [in the Tokyo jail] making a mental list of all those drugs which are legal but dangerous. We're all on drugs --cigarettes, whiskey and wild, wild women. Society thinks alcohol is terrific, yet it kills. Cigarettes can kill. They are worse than marijuana. It's just not true that marijuana can kill. What about the little old ladies on Valium? Think of aspirin's danger to the stomach."

Paul McCartney.

 

 
Uhmm, pas sûr Paulo.

En tout cas selon cette étude préliminaire publiée ce mois ci dans « The American Heart Journal ».

 

La consommation régulière de cannabis détériore de façon considérable le pronostic après un infarctus du myocarde en phase aiguë.

L’étude est rétrospective, et porte sur 1913 patients hospitalisés entre 1989 et 1994 pour un infarctus du myocarde (suivi moyen de 3.8 ans).

Cinquante deux patients ont déclaré prendre du cannabis.

Le risque relatif  de mortalité globale dans ce groupe oscille entre 2.5 et 4.2.

Si l’on ajuste les deux groupes en fonction du sexe et de l’âge, le risque relatif de mortalité cardiovasculaire est de 1.9, le risque relatif de mortalité non cardiovasculaire de 4.9.

 

Alors que tirer de cette étude ?

A mon avis, rien de tangible car les biais et les limites de l’étude sont nombreux.

L’auteur principal cite notamment la faible taille de l’échantillon de consommateurs de cannabis. Il cite aussi un exemple qui pourrait justifier l’accroissement impressionnante de la mortalité globale : un malade en stade terminal qui prendrait du cannabis pour soulager ses souffrances. Que penser par ailleurs des facteurs confondants : par exemple la prise concomitante d’autres drogues ?

 

Morale de l’histoire ?

Le risque cardiovasculaire du cannabis, si il n’est pas élucidé par ce papier mérite au moins que l’on s’y intéresse car l’explosion de son utilisation dans les années 70 concerne une génération qui atteint maintenant les 50-55 ans, années charnières du point de vue cardio-vasculaire.

Je ne veux pas dire que tous les quinquagénaires sont de vieux soixantuitards cannabiques, mais peut-être qu’il faudra commencer à poser la question d’une consommation active lorsque l’on cherchera à estimer le risque cardiovasculaire d’un patient.

 

 

Photobucket

 

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Michael O'Riordan. Marijuana use associated with increased risk of mortality among acute MI patients. theheart.org. [HeartWire > Acute coronary syndromes]; March 03, 2008. Accessed at http://www.theheart.org/article/846203.do on Mar 04, 2008.

 

Mukamal KJ, Maclure M, Muller JE, Mittleman MA. An exploratory prospective study of marijuana use and mortality following acute myocardial infarction. Am Heart J 2008; 155:465-470.

 

Et l’éditorial qui va avec :

Gaziano JM. Marijuana use among those at risk for cardiovascular events. Am Heart J 2008; 155:395-396.

 

 

09:39 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)

Commentaires

Je crois surtout que les fumeurs de cannabis sont aussi des fumeurs de tabac. J'ai d'ailleurs arrêté de fumer du cannabis parce que j'avais arrêté de fumer le tabac qui allait avec.
A mon échelon (la base), j'aimerais que l'on me dise où sont passés toutes ses "complications" dues au cannabis. En 17 ans, j'ai eu un phénomène de dépendance et cette jeune femme travaillait normalement. Rien à voir avec l'alcool ou le tabac. Ce week-end : un infarctus à 47 ans (tabac), un décès à 60 ans (alcool). Y pas photo.

Écrit par : Docteur V. | 04/03/2008

C'est clair pour l'association cannabis/tabac. D'un autre côté, on ne trouve peut-être pas beaucoup de "cas cliniques" parce que l'on ne fait pas souvent la recherche (moi, je le demande exceptionnellement...).

Écrit par : lawrence | 04/03/2008

il est exceptionnel de trouver quelqu'un vous affirmant fumer plus de cannabis que de tabac ! (pour la curiosité lui faire préciser la technique), de fait pour les cardiologues le problème est clairement la diffusion rapide de la cocaine ,pour moi le premier cas récent d'idm typique du jeune autochtone

Écrit par : doudou | 04/03/2008

Il me semblait que les arguments comparant la nocivité du cannabis et de l'alcool regardaient non l'usage chronique (difficile d'obtenir des statistiques suffisamment fiables, s'agissant d'un produit illicite, qui plus est souvent couplé avec du tabac...) mais la toxicité aigüe.

L'alcool est dangereux notamment parce que les doses dangereuses, voire léthales, ne sont guère plus grandes que les doses "normales" d'usage. Il y a quelques années encore le seuil légal de l'éthylisme routier était de 0,8 g/l de sang. Or, il me semble qu'à partir de 2,5 g/l on risque l'endormissement avec possibilité d'inhalation de vomi, et 5 g/l c'est la mort. Un rapport de 1 à 4 entre une dose "normale" et la dose dangereuse, voilà qui est fort faible.

En comparaison, il me semble que la toxicité aigüe du cannabis est faible.

Écrit par : Scientifique borné | 04/03/2008

>scientifique borné: vaste débat...
>doudou: je n'en ai pas encore vu, mais tu as raison, les dégâts cardio-vasculaires risquent de devenir considérables avec la diffusion de cette drogue.

Écrit par : lawrence | 04/03/2008

Attention, hein, je ne dis pas que je considère le cannabis comme moins nocif que l'alcool. Je constate simplement que l'alcool est rapidement léthale par rapport aux doses normales de consommation. Il me semble que ce rapport entre les doses dangereuses (toxicité aigüe) et les doses d'utilisation est un critère important dans l'évaluation des traitements médicamenteux...

Vous me confirmerez ou m'infirmerez, mais j'ai entendu qu'avec les critères actuels pour les AMM, l'aspirine ne serait certainement pas vendue sans ordonnance, notamment parce qu'il suffit de prendre quelques fois la dose maximale indiquée pour avoir des problèmes graves. Cependant, comme c'est un produit que le grand public considère comme quasi-inoffensif vu qu'on lui en a donné dès l'enfance pour tout mal de tête ou fièvre, on maintient ces conditions de vente.

On peut faire un parallèle avec l'alcool : c'est certes un toxique, entraînant à la fois des pathologies graves par son excès chronique et un danger de mort en cas de grand excès aigu, sans parler des accidents, mais c'est un toxique socialement accepté et intégré dans notre société. De fait, il jouit d'un traitement de faveur par rapport à d'autres produits considérés différemment et associés à certaines couches de la société.

(Je ne porte pas de jugement sur la politique à adopter, je constate juste un phénomène social provenant de la conception de la « normalité ».)

Écrit par : Scientifique borné | 05/03/2008

>scientifique borné: vaste débat, là aussi...

Écrit par : lawrence | 05/03/2008

Les commentaires sont fermés.