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06/07/2008

Les heures sombres.

Via je ne sais plus quelles pérégrinations sur le net, je suis tombé sur le site « mémoire juive et éducation » tenu par Dominique Natanson.

 

Je connaissais déjà ce site car il est le seul à ma connaissance qui donne une traduction française du procès-verbal de la Conférence de Wannsee qui a réuni le 20 janvier 1942 des hauts dignitaires nazis afin de coordonner "la solution finale du problème juif" (Die Endlösung der Judenfrage).

Ce matin, j’ai eu un peu plus de temps d’explorer cet excellent site qui regorge de témoignages et de documents.

J’ai retenu parmi tant d’autres « L'itinéraire de Jacques Sztykgold, de Varsovie à la clandestinité dans le Lyonnais » évoqué par la reproduction des papiers d’identité (vrais et faux) qui lui ont permis de traverser cette période dramatique. Autres documents terribles, ces « Deux lettres de dénonciation » qui font désespérer du genre humain.

Enfin, vous pourrez y trouver des extraits des lois antisémites édictées en Allemagne et en France.

Parmi celle-ci, j’ai retenu le décret du 11 août 1941 qui réglemente l’accès des études de médecine :

« Réglementation en ce qui concerne les Juifs de la profession de médecin.
Les médecins ne peuvent dépasser 2 % de l'effectif total des médecins inscrits.
 ».

Sur un autre site, j’ai retrouvé cet article du Dr Bruno Halioua qui analyse « La xénophobie et l’antisémitisme dans le milieu médical sous l’Occupation vus au travers du Concours Médical ».

Je suis frappé par l’inhumanité, la  veulerie et l'amnésie subite post libération de confrères, lecteurs du Concours. Comment ces individus ont pu oublier à ce point les fondements éthiques de notre Art ?

Rendez-vous compte aussi que ces témoignages ne datent pas d’une époque si lointaine. Ils n’ont que 67 ans.

10:01 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Ces lettres de dénonciations (surtout la première) me rappellent étrangement la démarche de l'assistante sociale qui a déclaré un clandestin alors qu'elle visitait, pour son métier, une famille, affaire révélée par Maître Eolas. Autres temps, même mœurs.

Écrit par : Dr Sangsue | 06/07/2008

Il s'agit d'un fichier Excel
Si ca ne passe pas en commentaire, prevenez moi et je vous l'adresserai par mail
Juifs.xls

[Note de l'administrateur:
les données sont disponibles sur la page web suivante:
http://www.jewishgen.org/Forgottencamps/General/FaqFr.html
Il s'agit des pourcentages d'extermination pour les communautés de chaque pays par rapport à leur effectif d'avant guerre.
Ce pourcentage culmine à 90.9% pour la Pologne.]

Écrit par : Pierre Gounin | 06/07/2008

Si vous voulez approfondir cette question, je vous conseille la lecture de "destruction des juifs d'europe" de raul Hilberg. La première partie de l'ouvrage est passionnante, elle explore la mécanique de l'antisémitisme et des lois raciales en Europe (si vous voulez goutez à l'anitsémitisme à la française, il y a quelques pages admirables dans le coté de guermantes), la deuxième fait le point sur la mécanique de la shoah. C'est un livre très technique mais d'autant plus bouleversant. C'est un immense livre qui depuis sa première parution a été sans cesse enrichi par son auteur qui est mort l'année dernière.
Si vous allez en allemagne ou en pologne allez voir un camp de concentration. Nous sommes allés en février durant un après midi ensoleillé, heureusement, voir buchenwald, un des premier camps de concentration, ce n'est pas un camp d'extermination. Le camps a été en parti détruit mais il reste l'emplacement des baraquements. Il reste surtout les fours crématoires. Vous rentrer dans une cour ou il y a une terrible photo de la libération du camp avec les corps en attente de crémation. Ensuite vous rentrer dans la pièce où il y a les fours et vous ne pouvez qu'être bouleversé, imaginer le nombre de corps brulés après la souffrance d'années de brimades, de brutalités, de privation. Les larmes me sont montés aux yeux et je crois que personne ne ressort sans écraser des larmes. C'est un moment très fort, et vous ne pouvez pas comprendre le révisionnisme, la négation de la shoah en tant qu'événement majeur de l'histoire du XXé siècle. Il y a ensuite une remarquable exposition de photos et d'objets expliquant la vie dans le camps. Il y a toute la partie sur la vie des nazis. Vous voyez des photos de joie, de fête, il avait même construit un zoo, à seulement 300 mêtres du camps. Normalité, banalité du mal.
En ce lieu, quand vous errez entre les anciens baraquements ou dans la carrière (lieu d'une extermination par balles des soldats soviétiques), vous sentez la souffrance accumulée dans ce lieu, la haine alors qu'il ya une vue magnifique sur la vallée, que la forêt autour est belle et qu'au centre du camps vous avez un arbre ou goethe aimait s'assoir. Un cauchemar... Ce lieu vous fait toucher du doigt l'horreur et vous voudriez réparer, faire que ceci ne se reproduise plus.
Ce qui a de fascinant encore c'est le coté industrielle de la chose. C'est le chef d'oeuvre de l'acte génocidaire, tant la mécanique était huilée.
Sommes nous différents des allemands de cette époque, je ne crois pas, ce doit être une vigilance permanente qui doit nous éviter de déraper.
Désolé pour le long commentaire et merci pour les liens.

Écrit par : stephane | 06/07/2008

Je me souviens d'avoir écouté Raul Hilberg interrogé par Claude Lanzmann dans le film Shoah. Je vais jeter un coup d'œil au bouquin...

"Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde."

Écrit par : lawrence | 06/07/2008

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