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22/11/2008
Les journalistes aussi.
Un article du NYT publié aujourd’hui lève un tout petit coin de voile sur un sujet encore plus obscur que l’influence de l’industrie pharmaceutique sur les médecins : les liens liant cette dernière avec certains journalistes dits « médicaux ».
L’article du NYT fait lui-même référence à un texte publié dans le BMJ du jour (merci Yann !).
Ce dernier cite un certain nombre de conflits d’intérêts pour le moins fâcheux.
La principale chaire de journalisme médical aux Etats-Unis est financée notamment par Pfizer et Glaxo Wellcome. A tel point que le titre officiel du titulaire de cette chaire est « Glaxo Wellcome distinguished professor of medical journalism ».
Je rêve de voir en France une chaire de cardiologie avec à sa tête un « Professeur agrégé Sanofi-Aventis en pathologies cardio-vasculaires ».
Comme le dit suavement l’article du BMJ : “Although there is no suggestion that this sponsorship has influenced the university’s curriculum, we think that it could send a symbolic message to students and engender a subtle sense of loyalty to the industry.”
"...a subtle sense of loyalty to the industry.”. J'adore cette expression qui montre toute la difficulté de reconnaître ces liens d'intérêts qui sont en effet insaisissables, intangibles, presque immatériels, sauf bien sûr dans les bénéfices qu'en escomptent les deux parties. Accepter de dîner avec l'industrie est bien sûr festif et convivial. Si vous interrogez les convives en fin de soirée, qu'ils soient médecins et journalistes, aucun ne reconnaitra l'existence de ce "sentiment subtil de loyauté envers l'industrie". Ce n'est même pas qu'ils le nient, ils n'en ont tout simplement pas conscience, contrairement à ceux qui les ont invités, soyez en certains.
Autre lien “curieux”, l’attribution de récompenses financées par l’industrie pharmaceutique.
Ma préférée est l’« Eli Lilly and Boehringer Ingelheim’s Embrace award » qui récompense, je cite en VO : « Global initiative that recognises accurate, responsible and sensitive reporting on urinary incontinence ».
Une sorte de Prix Albert Londres de l’incontinence urinaire, en somme. Je suis curieux de savoir à quoi ressemble le trophée : une couche en cristal ?
La valeur marchande des différentes récompenses données en exemple par le BMJ s’élève jusqu’à 7500€ (en liquide, ou en voyages).
Et en France ?
Rien, bien sûr.
Toutes ces vilaines pratiques se sont fort heureusement arrêtées aux frontières, comme le nuage de Tchernobyl.
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Conflicts of Interest May Ensnare Journalists, Too
By Roni Caryn Rabin
The New Yok Times
Published: November 22, 2008
Schwartz et al. BMJ.2008; 337: a2535
14:39 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
je pense qu'il serait assez facile de reconnaitre quelques agrégés Servier pour commencer !
après la différenciation peut etre saisonnière :tout le monde peut admirer l'hypertensiologue parisien qui adore les IEC au printemps et les ARA2 en automne
le summum étant celui de la commission de transparence ou une autre analogue qui déclarait plus de 100 interventions labo par an et qui donc votait sur le thème :ne vous inquiétez pas de mon objectivité les oppositions s'annulent!
Écrit par : doudou | 22/11/2008
Lawrence, ceci est un hors sujet.
Ce matin ai recu mel d une de mes soeurs qui habite dans une petite ville en Bourgogne, elle me parle d un " defibrillateur" installe dans son village de 2000 habitants...et me precise que " cette petite boite qui peut sauver des vies" est de plus en plus populaire en France....
Vous en avez connaissance ?
Je dois dire qu ici on le trouve dans
Les ecoles
Les aeroports
les usines
quelquefois les restaurants
Le probleme est
" Comment s en servir"...?
Écrit par : therese Priest | 23/11/2008
Oui, depuis les expériences aux EU et dans la Principauté de Monaco, ces petits boitiers ont le vent en poupe.
Ils sont semi-automatiques et sont en théorie utilisables par n'importe qui.
Pour être plus général, il faudrait donner à chacun une formation aux premiers secours au cours du cursus scolaire, cela pourrait changer pas mal de choses...
Écrit par : lawrence | 23/11/2008
Il y a quelques années, je suis invité dans le cadre d'un "club" . le voyage dure 9 jours et doit se dérouler au Vietnam.
Bien évidemment, hormis le fait de me mettre en congés, il était hors de question pour moi de partir ainsi et ma hiérarchie aurait dit non .
De plus, une charte interne à France 2 nous interdit ce genre de voyage, mais, curieusement elle ne les interdit pas quand c'est EDF ou un grand groupe ou un ministère qui invite !
Bref, je n'avais aucune envie de faire ce voyagedit "de presse". Lorsque l'attachée de presse me rappela, je lui dis mon refus mais je ne pus me retenir de lui poser quelques questions !
Ainsi le programme prévoyait au soir de la visite de la baie d'Halong une causerie sur le devenir des petites maternités. En France, je précise, pas au Vietnam.
Puis le lendemain, on entrait dans les conférences dites d'"environnement produit". Je te parle d'une pathologie et je te fais comprendre qu'un des bailleurs de fonds du voyage pfabrique, comme par hasard, un médicament qui tombe pile-poil.
Jouant au con, un rôle dans lequel je suis assez naturel disent mes amis, je dis à cette dame : "Mais un tel voyage avec tous ces journalistes, ça doit vous coûter cher?"
Et elle de me dire 'Mais vous savez Jean-daniel, vous avoir 9 jours sous la main pouir les labos, ça n'a pas de prix".
Et je veux bien le croire quand je vois que certains "journalistes médicaux" passant dans des émissions à l'audience confidentielle sont régulièrement de ce genre de déplacements.
"Vu à la télé" ça ne marche pas seulement pour les réfrigérateurs et les aspirateurs.
Écrit par : JD Flaysakier | 23/11/2008
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