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16/01/2008

La nuit morbide.

« Arrête de masser ».

J’intube cette petite dame de 84 ans qui a déjà une coloration grisâtre. Un quart d’heure avant, je ne la connaissais pas, je dormais profondément.

Cette patiente est hospitalisée aux soins intensifs cardiologiques qui jouxtent la réanimation de chirurgie cardiaque où je suis de garde.

Il est d’usage d’appeler tous les médecins et infirmières disponibles quand survient un arrêt, et quand j’arrive encore pataud de sommeil, le médecin responsable du SIC, ses infirmières et les miennes s’affairent autour de la patiente.

Tout se passe comme d’habitude, stress et bordel, jusqu’au moment ou arrive le tour d’une fille pour masser. Je ne la connais pas. Elle a une quarantaine d’années et appartient à l’équipe du SIC.

C’est la première fois qu’elle masse.

Ses copines, debout au pied du lit, décident d’immortaliser le moment en la prenant en photo avec leur téléphone portable tenu au bout de leur bras levé.

 

Dans deux téléphones portables appartenant à deux infirmières, se trouvent actuellement des photos d’une pauvre dame toute nue, maintenant morte, en train d’être massée par une soignante souriante et prenant la pose pour le cliché.

 

En retournant me coucher, j’étais honteux.

Honteux pour elles et honteux pour moi, pour ne pas les avoir réduites en poussière.