« lun. 21 juil. - dim. 27 juil. | Page d'accueil
| lun. 04 août - dim. 10 août »
31/07/2008
Gainsbard revisité.
Souvenez-vous de cette séquence :
En fait, ce n’était pas un geste de provocation.
Ce n’est qu’aujourd’hui que je l’ai découvert.
En fait, il voulait aimablement faire tourner le joint sur le plateau de 7/7.
En tout cas, c’est ce que j’en déduis de cet article de Wikipedia.
Cliché de Michel Giniès
10:23 Publié dans Divers et variés | Lien permanent | Commentaires (1)
Le divin et le médecin.
En général, je n’ai pas trop de problème avec Dieu dans ma pratique courante. Chacun reste sur son quand à soi.
A vrai dire, j’estime qu’Il n’existe pas. C'est dire que Ses pensées et Ses actes me concernant me touchent donc peu.
Par contre, je rencontre des tas de gens qui pensent qu’Il existe.
En général, pas de soucis. Ne pas croire et laisser croire est mon credo.
Sauf pour les témoins de Jéhovah qui me les brisent menu menu menu.
D’abord, je déteste leur attitude, mélange de prosélytisme et de victimisation expiatoire.
Ils ne sont, à ma connaissance, pas pourchassés en France.
N’est pas victime (le nouveau Saint Graal de notre société) qui veut.
Un agrégé de cardiologie nous confie un patient tritronculaire (avec notamment un tronc gauche très serré où les globules rouges doivent jouer des coudes pour passer) avec un mauvais ventricule gauche en préopératoire de pontages aorto-coronariens.
Un rendez-vous est pris avec un agrégé de chirurgie cardiaque qui approuve l’opération. Le patient accompagné de sa femme revient de la consultation et demande à me voir.
Ils veulent voir un second chirurgien cardiaque (du privé) qui « aurait une méthode pour opérer sans transfuser ».
Je subodore le problème religieux et l’adresse au chirurgien cité, et son hypothétique nouvelle méthode. Je téléphone au cardiologue qui nous l’a adressé pour éviter les frictions diplomatiques.
Nouvelle consultation, suivie de peu par un courrier assez grandiose dans son genre.
En substance, le second chirurgien (qui est excellent, soit dit en passant) fait son Ponce Pilate et se lave les mains devant le Jéhovah (belle image, n’est-ce pas) et demande des examens complémentaires pour trouver tous les arguments pour ne pas l’opérer. Donc pas de technique miraculeuse "Deus ex machina".
Il fait rentrer le patient dans sa clinique et le confie à ses cardiologues.
Je téléphone donc encore au premier cardiologue (agrégé au CHU, je le rappelle) pour lui éviter l’implosion si il apprend que son patient a été proprement détourné.
Difficile à dire qui va avoir raison in fine.
Faut-il le ponter ?
A la limite, la question n’est pas là.
Un peu cyniquement, je dirais même que je suis plutôt favorable à ce que certains meurent pour leur religion, à condition qu’ils le fassent tout seuls, proprement et sans embêter personne. Ils sont persuadés de rejoindre leur Créateur qui est tout amour dans un monde meilleur. Pourquoi donc vouloir à tout prix les contrarier ?
Dans cette histoire, des croyances religieuses obscures ont interféré avec un processus de décision médicale très loin d’être infaillible (comme l’Autre…) mais qui est au moins pragmatique et basé sur un minimum de preuves.
Croyance religieuse obscure. Pléonasme ?
Pas forcément.
Je respecte les croyances car elles font partie du fond culturel de tout un chacun. Bien qu'athée, je ne renie pas le moins du monde mes racines "judéo-chrétiennes" (je rajoute le "judéo", car sans lui, il faut bien dire que notre civilisation serait significativement amputée).
A mon sens, elles deviennent obscures quand elles se font au détriment de la santé de l’être humain (du croyant ou d'un tiers).
Chaque fois, que l’on me parle de ces interactions entre Dieu et le médecin, je cite l’exemple frappant des musulmans qui font preuve d'humanisme en prenant en compte l’état de santé du croyant dans la pratique du Ramadan :
« L’obligation de jeûner.
Le jeûne de tout le mois est obligatoire pour le musulman en capacité physique de supporter le jeûne, et ce dès l’âge de la puberté. Il est cependant nécessaire d’habituer l’enfant peu à peu à jeûner, pour qu’il en apprenne la pratique progressivement et en acquière le goût.
Ce qui est permis
…
– La piqûre (si ce n'est pas de la nourriture).
– Les médicament (sauf pour l'école shafi'ite). --> point important, à préciser!
…
Dispenses --> selon le rite malekite mais à préciser.
– Le vieillard trop faible, et le malade incurable qui ne peut jeûner, en sont dispensés. Le jeûne pourrait perturber leur santé et l'on n'est pas sûr qu'ilspourraient le rattrapper car ils sont au terme de leur vie. Ils peuvent (mais ce n'est pas obligatoire) nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné (fidya).
– Le malade n’est pas tenu de jeûner. Le jeûne lui est interdit s’il a de la fièvre ou s’il doit nécessairement absorber des médicaments en cours de journée. Quand une maladie se déclare, il est licite de cesser de jeûner. La compensation (qadâ) est dûe.
…
– Le jeûne est interrompu et compensé (qadâ) plus tard s’il fait courir un danger de mort (ex: déshydratation alarmante dans les pays très chauds).
… »
(source)
09:10 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)
30/07/2008
Les correspondants.
Les correspondants, c’est très bien, mais ça peut vite devenir infernal.
Dépendance, non-dits…
Un peu pareil que la vie de couple, en fait.
Si l'on pousse un peu la métaphore, les enfants entourés ou au contraire entre leurs parents seraient un peu comme nos patients.
A l'hôpital, un chirurgien vasculaire me demande de contrôler un döppler carotidien.
Je trouve une belle sténose, mais inférieure aux fameux 70% qui sont la frontière de l’indication opératoire chez le patient asymptomatique.
Le patient me demande des explications et semble ne rien comprendre au raisonnement médical, alors qu’il est tout, sauf limité.
J’ai l’explication le lendemain en discutant avec le chirurgien qui me l’a adressé.
Il est suivi par un cardiologue de ville qui lui a trouvé au döppler « 80% » et décrète qu’il faut l’opérer. Il demande un angioscanner de confirmation. Le radiologue répond très curieusement « en effet 80%, mais pas d’indication opératoire ».
« Mon » chirurgien analyse cette réponse comme suit : le radiologue n’a pas voulu retoquer son correspondant, et a donc confirmé les « 80% », mais toutefois sans pousser à la chirurgie quand même.
Depuis lors, le cardiologue harcèle le chirurgien hospitalier pour opérer son patient pour le coup un peu perdu. Mais le chirurgien prudent (et imperméable aux correspondants) demande donc un nouveau contrôle döppler et un nouveau scanner.
Ce dernier confirme mon döppler: "moins de 70%, pas d'indication opératoire".
On va donc refaire le point dans quelques mois.
Mais parfois, le médecin/chirurgien receveur n'a pas cet esprit critique. Ainsi, en ce moment, je m'occupe d'une très gentille "presque nonagénaire", après un remplacement aortique qui s'est très bien déroulé. Heureusement, d'autant plus qu'elle n'en avait nul besoin...
21:02 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)