Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« lun. 28 juil. - dim. 03 août | Page d'accueil | lun. 11 août - dim. 17 août »

10/08/2008

Guerre et guerre.

Quelle aberration cette guerre, comme toutes les guerres à vrai dire.

Je ne vois pas qui va pouvoir arrêter l’ours russe alors que les défenses géorgiennes cèdent de toute part. Les efforts de paix de la communauté internationale me semblent bien vains dans cette situation. Cela me rappelle une phrase de Pompée: « Ne cesserez-vous pas de nous alléguer vos lois, à nous qui portons l'épée ? »

Ces deux photos du NYT résument parfaitement l’inhumanité de ce conflit.

Je pense aussi à tous nos confrères et aux infirmières qui doivent en ce moment faire leur travail dans des conditions épouvantables.

 

Photobucket

David Mdzinarishvili/Reuters

 

 

Photobucket

Denis Sinyakov/Reuters

 

 

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

 

International / Europe

Russian Ground Forces Assault Vital Georgian City

By ANNE BARNARD

The New york Times

Published: August 11, 2008

Russian troops advanced on the city of Gori in central Georgia on Sunday night, for the first time directly assaulting a Georgian city with ground forces.

 

Stanley Kubrick for LOOK Magazine

 

Photobucket

Source: Bibliothèque du Congrès

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

 

Photobucket

(Source)

"Look Dave, I can see you're really upset about this.

I honestly think you ought to sit down calmly, take a stress pill, and think things over."

Let’s talk about stats.

 

Je vais essayer de faire une petite synthèse sur le théorème de Bayes, sans rentrer dans une théorie qui m’est largement imperméable, c'est à dire en restant pratique.

 

 

D’abord, les présentations.

Je vais m’intéresser exclusivement à l’étude de la performance d’un test médical de dépistage T d’une maladie M.

 

T peut être positif (T+), ou négatif (T-)

Un sujet peut être atteint par la maladie (M+) ou sain (M-)

 

 

 

 

M(+)

M(-)

T(+)

VP

FP

T(-)

FN

VN

 

 

VP= vrai positif, FP= faux positif, VN= vrai négatif, FN= faux négatif

 

La sensibilité Se est la capacité d’un test à identifier correctement les sujets malades.

Se= VP/ (VP+FN)

 

La spécificité Sp est la capacité d’un test à identifier correctement les sujets sains.

Sp= VN/ (VN+FP)

 

Note : pour déterminer qui est malade et qui ne l’est pas, il a fallu utiliser une méthode indiscutable (on verra que c’est justement un point discutable en pratique) et indépendante du test T. On peut alors disposer de deux populations « indiscutables » : les sujets sains et les sujets malades.

 

Ca va pour l’instant ?

Allez respirez un grand coup, ça se complique un peu.

 

Malheureusement, du moins pour la simplicité, la vie n’est pas blanche ou noire, il y a beaucoup de gris.

C’est pareil pour les tests médicaux.

 

L’ensemble des individus d’une population donnée n’aura pas un même résultat du fait de la variabilité biologique.

Ces résultats vont se distribuer selon la loi normale de Laplace-Gauss, et donner une belle courbe de Gauss (qui aurait pu s’appeler courbe de Laplace, sans ce maudit allemand !).

Quand on compare deux populations, les malades M(+) et les sains M(-), il y a de grandes chances que les deux courbes se croisent.

C'est-à-dire qu’il va falloir déterminer un seuil qui permettra de déterminer des sujets T(-) ou T(+).

 

Photobucket

 

C’est là que ça se complique, car déterminer ce seuil (en rouge sur les courbes) est une délicate question d’équilibre entre la sensibilité et la spécificité. Il va falloir choisir de privilégier l’une ou l’autre.

Plus le seuil est bas, plus on va diminuer le nombre de FN (on va donc augmenter la sensibilité), mais on va aussi augmenter le nombre de FP, et donc diminuer la spécificité.

 

Photobucket

 

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ce choix dépend de ce que l’on veut faire du test, c'est-à-dire si on veut le rendre très spécifique ou au contraire très sensible. On peut aussi déterminer ce seuil à l’aide d’une courbe « ROC » (Receiver Operating Charactéristics).

Mais sachez que le choix d’un seuil de positivité d’un test est délicat, complexe et parfois sujet à caution.

 

Dans la vie réelle, le patient et son médecin se fichent un peu de savoir quelle est la sensibilité, la spécificité d’un test, ou si sa courbe ROC est sexy.

Ce qu’ils veulent savoir c’est

Quelle est la probabilité d’être malade quand le test est positif, c’est à dire la valeur prédictive positive (VPP)?

Quelle est la probabilité d’être sain quand le test est négatif, c’est à dire la valeur prédictive négative (VPN)?

 

C’est là qu’intervient le théorème de Bayes (qui aurait pu s’appeler théorème de Laplace, sans ce maudit anglais !).

 

Pr est la prévalence de la maladie dans la population, c'est-à-dire la proportion de la maladie dans une population définie, à un instant t

Pr = nombre de cas observés à un instant t /population à risque au même instant t

 

 

VPP = (Se*Pr) / (Se*Pr)+(1-Sp)*(1-Pr)

VPN = (Sp*(1-Pr)) / (Sp*(1-Pr) + (1-Se)*Pr)

 

Deux « grosses » formules que seuls les étudiants en médecines qui doivent passer des examens/concours déterminants pour leur vie arrivent à retenir plus de quelques heures.

Mais on peut essayer d’analyser ces formules sans faire de méningite ou déclencher une migraine.

 

On constate que la VPP et la VPN d’un test dépendent de la prévalence de la maladie.

Plus la prévalence est élevée, plus la VPP est élevée, et plus la VPN est faible.

Plus la prévalence est faible, plus la VPP est faible, et plus la VPN est élevée.

 

Ca, c’est fondamental à comprendre pour notre pratique quotidienne, presque aussi important que le « primum non nocere » (j’exagère un peu).

 

Autrement dit, si l’on effectue un test dans une population où la prévalence de la maladie est faible (dans une population à faible risque, pour exprimer les choses autrement) la probabilité qu’un patient avec un test positif soit effectivement malade sera faible, voire très faible. Au contraire, la probabilité qu’un patient soit sain en ayant un test négatif sera très élevée.

Un même test aura donc une performance variable en fonction de la population étudiée.

Si je fais une série d’épreuves d’effort à la recherche d’une coronaropathie aux enfants d’une crèche, un test positif sera peu inquiétant, un test négatif très rassurant.

Si je fais les mêmes épreuves d’effort à la recherche de la même chose dans une population d’hommes dépassant la cinquantaine, hypertendus, tabagiques et diabétiques non traités, un test positif sera très probablement révélateur d’une coronaropathie latente, alors qu’un test négatif sera finalement peu rassurant.

 

Vous comprenez donc que la performance d’un test est très variable selon le patient à qui on le fait passer. Donc, en corollaire, l’interprétation qu’en fait le médecin doit être adaptée à chaque patient.

C’est difficile à imaginer, mais c’est ainsi: la performance d’un test dépend d’un paramètre qui lui est totalement étranger, la prévalence d’une maladie dans une population.

(moi, cette notion m’a toujours fasciné)

 

En général, c’est à ce point précis que j’entrevois qu’une bonne partie des examens que l’on me demande, bien que rémunérateurs, sont peu informatifs d’un point de vue statistique.

Prenons l’épreuve d’effort.

Selon cette source, sa sensibilité est environ de 68%, sa spécificité environ de 77%.

Selon cette autre source, la prévalence d’une coronaropathie diagnostiquée à l’angiographie coronaire dans une population générale de 40 à 70 ans est de 7.4%.

Il faut se méfier de jouer à l’apprenti sorcier avec les chiffres, mais cela donne une VPN à 96.79% et une VPP à 19.11%. Ce cas illustre bien le manque de pertinence d’une épreuve d’effort positive dans une population à relativement faible risque.

 

Dans une population d’insuffisants rénaux à très haut risque, ce papier évalue la prévalence d’une coronaropathie à 53.3%

On obtient alors une VPN à 67.83% et une VPP à 77.14%.

On se rend compte ici que l’épreuve d’effort est ici finalement assez peu pertinente (et encore, je ne tiens pas compte des faibles capacités fonctionnelles musculaires des insuffisants rénaux en stade terminal, diminuant d’autant les performances du test d’effort).

 

Dans un nombre non négligeable de cas, on se trompe par excès ou défaut.

 

Vous comprenez donc aussi le paradoxe (apparent) de l'anesthésiste et du cardiologue qui demandent en pré-opératoire un test d'effort pour se rassurer chez un patient à très haut risque cardio-vasculaire. Plus le risque du patient est élevé, et plus la probabilité d'être faussement rassuré par un test négatif est forte. Le "Je l'endors (ou "tu peux l'endormir") tranquille car l'épreuve d'effort est rassurante" prend alors toute sa saveur...

Bien évidemment, en pratique il faut faire une épreuve d'effort avant une chirurgie lourde pour un patient à haut risque. Mais contrairement à ce que l'on croit, c'est plutôt pour sa capacité à dépister une coronaropathie qu'à être "rassuré" avant l'intervention.


 

 

Deuxième conséquence de la formule, un peu plus intuitive, celle-çi :

 

La valeur prédictive d’un test dépend de sa spécificité et de sa sensibilité.

Plus la Sp est élevée, plus la VPP est élevée.

Plus la Se est élevée, plus la VPN est élevée.

 

Ici, pas trop de soucis, la pertinence d’un test est directement dépendante de ses caractéristiques propres.

 

Tout cela pour ça, me direz vous…

Cette loi a été décrite par le révèrent Bayes à la fin du XVIIIème, mais sa non compréhension induit au quotidien des demandes statistiquement aberrantes d’examens complémentaires et aussi et surtout des interprétations tout aussi aberrantes que dangereuses pour le patient. Ce ne sont pas tellement les tests qui posent problème, mais plutôt la population dans laquelle ils sont effectués et l'interprétation qu'en fait le médecin demandeur.

Quoique…

Cette note de Jean Daniel Flaysakier évoque un commentaire publié dans le prestigieux magazine Nature sur la fiabilité des tests utilisés pour lutter contre le dopage sportif.

Bien que Donald Berry, l’auteur (un statisticien) a été rétribué par la défense d’un athlète suspecté de dopage en 1996 (merci la déclaration de conflits d’intérêts), son texte apporte un point de vue assez différent de « l’idée commune » qui prévaut sur le sujet.

Faites vous votre opinion.

 

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

Une fois n’est pas coutume, une petite modification de dernière minute.

Stéphane a aussi évoqué le dopage, mais cette fois en terme d’efficacité dans cette note. Je l’avais lue, mais sur le coup je n’y avais pas pensé. Merci de l’avoir rappelé dans ton commentaire !

Espoir?

Photobucket

Photo: AP

 

Malgré le caractère martial de l’épreuve (le tir au pistolet à 10 m), deux médaillées, une russe et une géorgienne s’embrassent au pied du podium. (Source, et un article du NYT)

 

 

Source: BBC

09/08/2008

La blogsphère médicale.

 

Le Babouin a écrit une note il y a quelques jours relatant la publication d’un travail scientifique de Tagu et al. sur la blogsphère médicale américaine.

 

J’ai trouvé le sujet intéressant, et j’ai lu l’article, pensant en faire éventuellement une note.

Ce papier n’est malheureusement pas en accès gratuit, du moins à partir du journal où il a été publié, le « Journal of General Internal Medicine », mais j’y reviendrai plus tard.

 

J’avoue que j’ai été déçu. La méthodologie m’a semblé bancale, et je suis toujours dubitatif quand on tente de promouvoir une thèse en citant de courts extraits (ici de blogs), par définition sortis de leur contexte.

 

Puis je suis tombé sur cette note de Pharmacritique qui m’a apporté un éclairage un peu différent et des liens vers d’autres réflexions.

Je me suis alors dit que cela valait peut-être quelques lignes et surtout se poser des questions sur ma propre pratique.

 

 

Le plus gros reproche que j’ai fait à cet article concerne un des points pourtant mis en avant par les auteurs, c'est-à-dire les potentielles violations du secret professionnel que nous commettons en parlant de notre métier.

L’article retrouve 16.6% de blogs ou l’on peut reconnaître le patient ou le médecin.

Quels sont les critères permettant d’établir un tel pourcentage ? L’article ne le précise pas.

Si je dis « j’ai vu hier une patiente de 53 ans avec une hypertension artérielle », il me semble difficile d’identifier cette patiente. Par contre « j’ai vu hier une patiente de 53 ans avec une syndrome de Kartagener » pose plus de problème. Le faible nombre de porteurs de cette maladie, le sexe et la temporalité peuvent potentiellement permettre une identification par la personne elle-même ou des proches.

J’ai choisi précisément l’exemple du Kartagener car j’avais parlé d’une patiente il y a quelques temps, et j’avoue que la lecture de l’article de l’équipe de Tagu m’a fait un peu réfléchir sur le respect de la confidentialité de cette note.

 

La difficulté d’apprécier cette notion de confidentialité, et surtout l’absence de description des critères semble toutefois disqualifier au moins une partie de cet argument.

En plus, ces critères existent, en tout cas pour le législateur américain.

En effet, la loi HIPAA donne une liste de 18 critères à rendre anonymes en cas de publication d’un cas clinique dans un journal.

Toutefois, cet article pose quand même le vrai problème de la confidentialité des patients dont nous parlons, et par là du respect du secret professionnel. Je crois que nous devons rester tous extrêmement vigilants à ce que nous écrivons. Je crois qu’il faut réfléchir en terme de critères HIPAA et faire en sorte de ne pas les dévoiler.

 

Par exemple, pas de

- nom/prénom

- lieu

- date de naissance/date d’admission/date de décès/date d’intervention

- paramètre unique à chaque individu (ou à un groupe restreint d’individus) : numéro de sécu, téléphone, d’hospitalisation, de dossier médical, IP/URL/adresse mail, plaque d’immatriculation, numéro de série d’un dispositif médical.

- photo permettant une identification (visage, silhouette, détail anatomique particulier).

 

Maintenant quid de ceux, qui parmi nous, se sont rendus identifiables en donnant leurs nom ou photos ? Je pense que l’on peut considérer que de dévoiler notre identité est un facteur d’identification potentiel important pour nos patients.

J’ai mis ma photo, et à un moment mon numéro d’ordre, par volonté de transparence. Un des arguments principaux de nos détracteurs étant l’anonymat qui nous permettrait d’agir (mal) en toute tranquillité.

Le problème est que cette recherche de transparence nuit de façon indirecte à notre exigence de secret professionnel.

Le mieux est l’ennemi du bien.

 

Je n’insisterai pas sur l’autre notion apportée par cet article, c'est-à-dire que nos patients sont présentés de façon négative dans 17.7% des blogs. On pourra gloser des années, mais vous connaissez mon opinion : être patient ne rend ni sacré, ni intelligent. Je rajouterais aussi qu’être médecin n’offre pas non plus ces privilèges, et que le politiquement correct me fait horreur.

 

Peut-être un plus intéressant, les blogs qui font la promotion de dispositifs médicaux/techniques chirurgicales/médicaments.

Ils représentent 11.4% des blogs dans l’article. Même si il existe une énorme différence de diffusion des blogs médicaux en France par rapport à ce qui se passe aux Etats-Unis, il me semble important de réfléchir au problème avant qu’il n’arrive.

En effet, il n’est pas dit que notre tout petit monde n’atteigne pas un jour une taille critique qui commence à intéresser les services commerciaux de tel ou tel industriel/prestataire de service dans le domaine de la santé.

Et ce n’est pas une éventualité lointaine. Il y a quelques années, « Axa Santé » m’a proposé, ainsi qu’à quelques autres de migrer sur leur plateforme. Je n’ai absolument aucune opinion sur ceux qui ont franchi le pas. J’ai préféré garder ma plateforme qui me satisfaisait parfaitement et ne pas « courir » sous la bannière d’un acteur du domaine de la santé.

Attention au mélange des genres et aux conflits d’intérêts.

Dans cette optique, j’ai opté pour la transparence en rendant publique ma déclaration d’intérêts.

 

C’est aussi ce qui m’a fait opter pour une certification HON. Ce n’est pas la panacée, mais les critères demandés me semblent aller dans le bon sens.

Voilà, c’est tout ce que je voulais dire sur le sujet, n’hésitez pas à commenter, compléter, argumenter (comme d’habitude, en somme).

 

Une seule petite remarque, un peu à la manière de la flèche du parthe : Pharmalot, qui publie une des réactions les plus emphatiques à cet article sur le web est aussi le seul qui permet d’accéder à l’intégralité de l’article qu’il héberge sur son serveur.

J’aimerais bien savoir si Springer, l’éditeur de « Journal of General Internal Medicine » a donné son accord, et ce qu’il pense de cette initiative.

 

L’éthique et la « bonne conduite », c’est tellement mieux quand on ne les recherche que chez les autres.

 

 

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

Ils en parlent :

 

Le Babouin

Pharmalot

Pharmacritique

Le « Los Angeles Times »

Clinical Cases and Images - Blog

Dr. RW

MediaShift Idea lab

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

Presque aucun rapport avec ce qui précède mais cette note est ma 1300ème!

 

Photobucket

16:29 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (3)

07/08/2008

Michaelski (3)

J’ai découvert récemment cette excellente caricature de Michaelski dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises (ici et ici).

 

Photobucket

Image montrée avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

On y voit des aveugles, habillés en hommes d’affaires qui sont conduits au précipice par le premier d’entre eux, le meneur, celui qui représente l’immobilier.

Il s’agit donc d’une caricature qui résume parfaitement la situation actuelle ou la défaillance du secteur immobilier, notamment le système des prêts à taux variables attribués en dépit du bon sens a conduit à une cascade d’autres. C’est un peu le principe des dominos, mais ici, le fait que chaque représentant soit aveugle insiste bien sur l’incroyable cécité qui a conduit les acteurs financiers à élaborer des montages initialement rentables mais totalement opaques et surtout extrêmement fragiles.

Avant de tomber, le banquier, incrédule, nous « regarde » dans les yeux et nous implique dans la caricature.

 

Ce dessin m’a semblé être une référence directe au tableau de Brueghel l’Ancien qui est à Naples, « La parabole des aveugles » (si tu n’es pas d’accord, Michaelski, n’hésite pas à te manifester, ou à faire des remarques !).

 

Photobucket

 

Le Louvre en possède une copie peinte par le propre fils de l’artiste, Brueghel le jeune.

Contrairement à la caricature, le mouvement général suit une pente descendante jusqu’à la chute dans le fossé. Tous les aveugles semblent décomposer le mouvement de chacun. Le mouvement d’ensemble est rythmé par la position des bâtons de chaque aveugle.

Au loin, une église trône tranquillement au milieu d’un paysage serein. Je ne vais pas vous faire un dessin, je crois que l’on peut appeler cela une allégorie.

L’aveugle qui va chuter nous regarde aussi et nous interpelle.

 

En recherchant des informations sur ce tableau j’ai trouvé des tas d’interprétations artistiques plus ou moins sérieuses, plus ou moins loufoques.

 

The blind leading de Tina Fernandez (sur Art Sentral Asia).

Blind leading the blind (blue) de Joyce Ellen Weinstein.

Blind leading the blind de James C Christensen (sur Greenwichworkshop.com).

Blind leading the blind de Tom Henry (sur Tracey Mcnee fine art).

Un cliché de Lee Mc Laughlin.

Tout un tas d’illustrations ici.

Une caricature de Chuck Assay (trouvée sur The Discerning Texan).

Une gravure de Hieronymus Bosch trouvée sur le site de la New York Public Library.

Un travail photographique lauréat d’un concours de l’IUA.

Et il y en a encore des centaines dans Google Images (BMC, tu n'as rien peint aucune variation sur le thème ?)

 

(J’aime beaucoup celle de James C Christensen).

 

Enfin, peut-être encore une autre référence, celle d’un poème de Baudelaire, souvent soulignée par les sites s’intéressant au tableau de Brueghel (ici et ici) ou au poème (ici), mais loin d’être absolument certaine.

 

Les Aveugles

 

Contemple-les, mon âme; ils sont vraiment affreux !

Pareils aux mannequins; vaguement ridicules;

Terribles, singuliers comme les somnambules;

Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

 

Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,

Comme s'ils regardaient au loin, restent levés

Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés

Pencher rêveusement leur tête appesantie.

 

Ils traversent ainsi le noir illimité,

Ce frère du silence éternel. O cité,

Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,

 

Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,

Vois! Je me traîne aussi ! Mais, plus qu'eux hébété,

Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

 

Les Fleurs du mal.

Tableaux parisiens (XCII)

 

 

Toutes ces images (et peut-être donc le poème) font référence à deux versets bibliques (toujours Louis Segond) :

« Il leur dit aussi cette parabole: Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse ? » (Luc 6 :39)

« Laissez-les: ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse. » (Matthieu 15 :14)

 

Vous voulez que je vous explique la parabole ?

Uhmm, d'abord j'en suis bien incapable, et ensuite Jésus a durement taclé Pierre qui le  lui demandait un peu plus loin:

 

« Pierre, prenant la parole, lui dit: Explique-nous cette parabole

Et Jésus dit: Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence? » (Matthieu 15 :14-16).

 

 

Je présume qu’il existe des mentions encore antérieures à la Bible, mais il se fait tard, la journée a été longue. Si l’un de vous trouve une référence sumérienne ou autre, qu’il n’hésite pas à l’indiquer dans les commentaires.

 

Enfin, bref, tout ça pour dire que j’aimais beaucoup cette caricature de la crise des « subprimes » qui tire ses correspondances du fin fond des siècles.

Vous reprendrez bien un peu de Baudelaire?

 

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

 

 

Les fleurs du mal

Spleen et idéal IV

 

06/08/2008

Spiritualité et contre culture.

 

Le titre est très prétentieux, mais je vais me contenter de donner deux exemples sans développer. Ceux qui veulent approfondir n’ont qu’à aller sur Internet (d’un autre côté, ce n’est pas très compliqué, puisque si vous lisez ces lignes, c’est que vous y êtes déjà).

 

Le logo dont personne n’a trouvé l’origine est celui d’une religion dont la divinité est « La Licorne rose invisible » (Invisible Pink Unicorn en VO).

Photobucket

Source Wikipedia.

 

Une autre de ses représentations, bien plus populaire il est vrai que le logo rose est la suivante :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source Wikipedia.

 

Cette religion repose sur quelques dogmes dont voici quelques exemples :

 

  • La Licorne est à la fois invisible et rose, ce qui est un mystère seulement compréhensible par les vrais fidèles.
  • La religion de la Licorne rose invisible est fondée sur la raison (on constate qu'on ne la voit jamais) et sur la foi (on croit à sa roseur).
  • On parle de « Sa Roseur » (Her Pinkness), et on ajoute souvent « La Paix Soit Avec Elle » (Peace Be Unto Her), « Bénis Soient Ses Sabots Sacrés » (Blessed Be Her Holy Hooves) — « Puissent Ils ne Jamais Être Ferrés » (May They Never Be Shod), en entier ou sous forme d'acronyme.
  • Bien qu'invisible, la Licorne se manifeste physiquement à travers la disparition de chaussettes, qu'elle a l'habitude de « subtiliser ». La disparition d'une chaussette dans le panier à linge peut être considéré comme un « signe » de faveur de la Licorne rose invisible, ou bien de défaveur, ceci dépendant de la personne qui a perdu une chaussette, ou bien du type de chaussette ayant été « subtilisée ». À une personne qui cherche à mieux comprendre ce qui a bien pu advenir à la chaussette disparue, les sceptiques pourront conseiller de regarder sous le tambour de la machine à laver.
  • Un autre signe de Sa présence est l'apparition d'une teinte rose dans la lessive (là où les mécréants ne voient rien d'autre que du linge qui déteint).
  • Un dernier débat consiste à tenter de définir si la Licorne Rose peut devenir visible pour ceux qui croient en elle, ou bien si elle est à jamais complètement invisible (débat totalement hérétique selon les fidèles les plus orthodoxes).

 

 

 

Le Pastafarisme est une autre religion dont la divinité en pleine Création ressemble à ça :

 

Photobucket

Source: Church of the Flying Spaghetti Monster.

L’histoire de cette religion est intéressante.

Tout découle de la décision de juin 2005 du conseil éducatif d’une école au Kansas qui attribuait un temps d’enseignement identique à la théorie du dessein intelligent à la théorie de l’évolution.

Bobby Henderson, envoie une lettre ouverte où il expose les bases du pastafarisme et demande que sa propre théorie de l’évolution soit enseignée à la même enseigne que les deux autres.

Cette lettre ouverte rencontre un vif succès sur le net où le pastafarisme s’y porte actuellement très bien.

 

 

Quelques préceptes essentiels :

  • Un être invisible et omniscient appelé le Monstre en Spaghettis Volant a créé l'univers en incluant une montagne, un arbre et un « midget » (midget signifie nain en anglais, et est défini par le pastafarisme comme un petit humain dont les proportions sont considérées médicalement normales) et ce en un seul jour, ce que les pastafariens considèrent comme un avantage par rapport au christianisme.
  • Tous les signes démontrant la validité de la théorie de l'évolution de Darwin ont été posés par le Monstre en Spaghettis Volant afin de nous faire croire en sa validité.
  • Le réchauffement climatique est une conséquence directe du déclin de la population de pirates comme le « prouve » un graphique montrant la corrélation inverse entre la population de pirates et la température moyenne sur Terre. C'est pour cette raison que le costume officiel du pastafarien est l'habit de pirate.
  • Les prières adressées à Sa Nouilleté se terminent généralement par Ramen (parodie de Amen, sachant que les Rāmen sont des nouilles japonaises) et le souhait à un autre pastafarien peut être adressé comme suit : « Puisse Son appendice nouillesque vous toucher » (May He touch you with His Noodly Appendage) ou « Que la Pasta soit avec vous » (May the Pasta be with you)
  • Lorsque quelqu'un éternue, le pastafarien répond par « Pesto » qui a la même consonance que la version chrétienne « Bless you ».

 

 

Alors, plutôt pastafariste ou licornien ?

Pour ma part, j’ai une faim de loup, je vais donc me faire cuire des spaghettis !

 

 

 

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

Pour en savoir plus :

 

L’article sur La Licorne Rose Invisible, et celui sur le pastafarisme sur Wikipedia.

 

Un article du « News Review Today » sur le pastafarisme.

 

L’article de Wikipedia sur le raisonnement par l’absurde

 

La « Church of the Flying Spaghetti Monster » sur le web.

 

La théière de Russell sur Wikipedia

 

 

05/08/2008

Epicène.

 

Etymologiquement « possédé en commun ».

Un prénom épicène est ainsi bisexué, c'est-à-dire indifféremment féminin ou masculin.

En français, nous avons par exemple Camille, Claude, Dominique, Maxime, Anne.

Anne est, de nos jours, presque exclusivement réservé aux filles.

Ce n’était pas le cas au XVIème.

Ainsi, Anne de Joyeuse, Amiral de France en 1582 avait la particularité d’avoir non seulement un patronyme très féminin, mais aussi un titre ambigu, celui d’ « archimignon » du Roi Henri III.

 

Photobucket

La chambre de Henri III à Blois en mon polo jaune dans le coin inférieur droit

 

Photobucket

Source: Wikipedia.

 

 

Ce sont les réformés qui ont accolé à jamais les notions de mignon et d’homosexualité dans leurs pamphlets contre le roi Henri III.

 

Photobucket

Source: Wikipedia.

 

 

"Le nom de mignons commença en ce temps en ce temps à trotter par la bouche du peuple, auquel ils étaient fort odieux, tant pour leurs façons de faire qui étaient badines et hautaines, que pour leurs fards et accoutrements efféminés et impudiques, mais surtout pour les dons immenses et libéralités que leur faisait le roi, que le peuple avait l'opinion d'être la cause de leur ruine (…) Ces beaux mignons portaient leurs cheveux onguets, frisés et refrisés par artifice, remontant par-dessus leurs petits bonnets de velours, comme font les putains de bordeau. (…) Leurs exercices étaient de jouer, blasphémer, sauter, danser, volter, quereller et paillarder, et suivre le roi partout et en toutes compagnies, ne faire, ne dire rien que pour lui plaire."

Pierre de l’Estoile

 

 

Les mignons, de grandes folles jouant au bilboquet ou des courtisans naviguant dans une cour très raffinée et stigmatisée par des puritains ?

A priori l’Histoire penche plutôt pour la seconde proposition (mais je présume, que comme souvent, la vérité est au milieu...).

 

Anne de Joyeuse se marie fastueusement avec Marguerite de Lorraine.

A partir de 1587, il perd la faveur du roi.

Il se lance alors dans une nouvelle campagne contre les protestants et il est tué à Coutras.

Son jeune frère va périr au cours de la même bataille.

Son prénom ?

Claude !

Engourdi.

Dernière évocation musicale du jour : Numb de U2, avec les paroles.

 

Don't move

Don't talk out of time

Don't think

Don't worry

Everything's just fine

Just fine

 

Don't grab

Don't clutch

Don't hope for too much

Don't breathe

Don't achieve

Or grieve without leave

 

Don't check

Just balance on the fence

Don't answer

Don't ask

Don't try and make sense

 

Don't whisper

Don't talk

Don't run if you can walk

Don't cheat, compete

Don't miss the one beat

 

Don't travel by train

Don't eat

Don't spill

Don't piss in the drain

Don't make a will

 

Don't fill out any forms

Don't compensate

Don't cower

Don't crawl

Don't come around late

Don't hover at the gate

 

Don't take it on board

Don't fall on your sword

Just play another chord

If you feel you're getting bored

I feel numb

I feel numb

Too much is not enough

I feel numb

Don't change your brand Gimme what you got

Don't listen to the band

Don't gape Gimme what I don't get

Don't ape

Don't change your shape Gimme some more

Have another grape

Too much is not enough

I feel numb

I feel numb

Gimme some more

A piece of me, baby

I feel numb

Don't plead

Don't bridle

Don't shackle

Don't grind Gimme some more

Don't curve

Don't swerve I feel numb

Lie, die, serve Gimme some more

Don't theorize, realise, polarise I feel numb

Chance, dance,dismiss, apologise Gimme what you got

Gimme what I don't get

Gimme what you got

Too much is not enough

Don't spy I feel numb

Don't lie

Don't try

Imply

Detain

Explain

Start again I feel numb

I feel numb

Don't triumph

Don't coax

Don't cling

Don't hoax

Don't freak

Peak

Don't leak

Don't speak I feel numb

I feel numb

Don't project

Don't connect

Protect

Don't expect

Suggest

I feel numb

Don't project

Don't connect

Protect

Don't expect

Suggest

I feel numb

Don't struggle

Don't jerk

Don't collar

Don't work

Don't wish

Don't fish

Don't teach

Don't reach

I feel numb

Don't borrow Too much is not enough

Don't break I feel numb

Don't fence

Don't steal

Don't pass

Don't press

Don't try

Don't feel

Gimme some more

Don't touch I feel numb

Don't dive

Don't suffer

Don't rhyme

Don't fantasize

Don't rise

Don't lie

I feel numb

Don't project

Don't connect

Protect I feel numb

Don't expect

Suggest

 

Don't project

Don't connect

Protect I feel numb

Don't expect

Suggest

 

I feel numb

 

 

18:25 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

Un garçon dans une petite ville.

Je suis tombé sur cette bonne vieille antiquité.

Un peu comme pour « Le petit train » des Rita Mitsouko, je découvre aujourd’hui sa signification au-delà d’un titre de grande qualité.

Rejet de la différence, exclusion, le sujet reste actuel.

Je vous propose deux versions : le clip vidéo et une version longue avec les paroles.

 

 

 

18:09 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2)