Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/02/2007

The man who never was

Photobucket - Video and Image Hosting

 

(à suivre…)

22:22 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2)

25/01/2007

Le désastre de Cannes (3/3)

Les deux épisodes précédents sont ici (1) et ici (2).

Photobucket - Video and Image Hosting

Laissons Tite-Live donner la mesure du désastre :

 

« Le lendemain, dès qu'il fait jour, les Carthaginois se mettent à ramasser les dépouilles, et à contempler le carnage, affreux même pour des ennemis. Là gisaient des milliers de Romains, fantassins et cavaliers, pêle-mêle, comme le hasard pendant le combat les avait réunis, ou pendant la fuite. Certains, se levant du milieu des cadavres, sanglants, réveillés par le froid du matin qui pinçait leurs plaies, furent tués par les ennemis; certains, même parmi les gisants, furent trouvés vivants, les cuisses ou les jarrets coupés, et ils mettaient à nu leur cou et leur gorge, en demandant qu'on répandît ce qui leur restait de sang; on en trouva certains la tête enfouie dans la terre creusée, et l'on voyait bien qu'ils s'étaient fait eux-mêmes ces trous, et qu'en se couvrant le visage de terre amoncelée, ils s'étaient étouffés. Ce qui attira le plus tous les regards, ce fut un Numide que, de dessous un Romain mort, on retira vivant, mais le nez et les oreilles déchirés, le Romain, dont les mains ne pouvaient plus tenir une arme, mais dont la colère tournait à la rage, ayant lacéré de ses dents son adversaire en expirant. »

 

Le nombre des survivants romains varie selon les sources de 14.000 à 35.000 hommes (sur 80-90.000). Par ailleurs 3000 à 4500 furent faits prisonniers (notamment parmi l’armée de réserve de 10.000 hommes).

Un consul en exercice (Aemilius Paulus), 2 anciens consuls (ceux de l’année précédente), 2 questeurs, 29 des 48 tribuns militaires et 80 sénateurs furent tués (sur 300). On estime que 25-30% des membres du gouvernement de la République furent tués ce jour là. Hannibal va faire récupérer sur les cadavres romains un peu plus de deux cents anneaux en or (l’anneau d’or est alors le signe distinctif et exclusif de l’appartenance à une famille patricienne), qu’il enverra au Sénat carthaginois en signe de victoire totale.

Les survivants ne sont pas accueillis en héros, loin de là. On exile en Sicile certaines unités taxées de couardise et les commentateurs ultérieurs (Polybe et Tite-Live) vont s’ingénier à faire porter l’ensemble de la responsabilité de ce désastre au consul survivant, Terentius Varro.

Toutefois, un jeune officier survivant, un certain Publius Cornelius Scipio, va en réchapper et apprendre la leçon. C’est lui qui écrasera définitivement le même Hannibal 14 ans plus tard à Zama (actuelle Tunisie), ce qui lui vaudra le surnom bien plus connu de « Scipion l’Africain ».

Pour donner une idée de la situation dramatique de Rome au lendemain de cette journée, il faut savoir qu’en trois batailles (La Trébie, Lac Trasimène et bien sûr Cannes), Hannibal a décimé près de un cinquième des citoyens romains de plus de 17 ans.

 

Les carthaginois perdirent 17.000 hommes, principalement des ibères et des gaulois. Mais comme on l’a vu, Hannibal les avait en quelque sorte « prédestinés » à ce sort. Ce cynisme lui sera toujours reproché par la suite.

 

Rome est donc à genoux, et Hannibal n’a qu’à porter le coup de grâce. Pourtant il ne le fera jamais.

Personne ne sait vraiment pourquoi il n’a pas poussé son avantage.

Tite-Live n’imagine pas une raison autre que divine :

 

« Alors que tous les chefs carthaginois, entourant Hannibal victorieux, le félicitaient, et lui conseillaient, après avoir terminé une guerre si importante, de prendre, pendant le reste du jour et la nuit suivante, du repos pour lui-même et d'en donner à ses soldats fatigués, Maharbal, commandant de la cavalerie, pensant qu'il ne fallait pas tarder un instant, lui dit: "Ah! sache plutôt ce que te vaut cette bataille! Dans quatre jours, vainqueur, tu dîneras au Capitole. Suis-moi; avec les cavaliers, de façon qu'on apprenne mon arrivée avant de la savoir prochaine, je te précéderai.". Hannibal trouva ce dessein trop beau et trop grand pour pouvoir l'adopter aussitôt. Aussi dit-il à Maharbal qu'il louait son intention, mais qu'il fallait du temps pour peser son conseil. Alors Maharbal: "Les dieux - ce n'est pas étonnant - n'ont pas tout donné au même homme; tu sais vaincre, Hannibal; tu ne sais pas profiter de la victoire." On croit bien que ce retard d'un jour sauva Rome et l'empire. »

 

Soixante-dix ans plus tard, à l’issue de la troisième et dernière guerre punique (Cannes et Zama sont des batailles de la seconde guerre punique), les romains se souviennent encore probablement (notamment grâce à Caton, ses figues et son "Delenda est Carthago!") de l’humiliation de Cannes. Ils rasent alors Carthage qui n'est alors plus que l'ombre d'elle-même, asservissent ou massacrent sa population dans ce qui est pour certains le premier génocide de l’histoire.

 


 

 

Sources et crédits :

 

  1. Wikipedia.
  2. Tite-Live.
  3. Alain Alexandra du SHAA (je vous disais bien que cette bataille était « actuelle »: l'Armée de l'Air l'étudie toujours!).
  4. Polybe.
  5. przemek_z (je ne le connais pas, mais c’est lui qui a eu l’idée géniale de superposer une vieille carte de la bataille avec une carte « Google Earth »).
  6. Ma vieille prof de Latin (pas de connection!).
  7. Histoire Romaine (Tome 1 Des origines à Auguste) de François Hinard. Editions Fayard (un chef d'oeuvre, pour l'instant sans suite...).
  8. Ben Kierman

 

22:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (3)

24/01/2007

Le désastre de Cannes (2/3)

Episode précédent ici, le suivant ici.

 

 

 

 

Erratum :

Je me suis un peu emmêlé les pinceaux quand j’ai décrit l’ordre de bataille des romains. J’ai en fait inversé les deux ailes formées par la cavalerie.

L’ordre de bataille romain est donc le suivant :

  • Aile droite (CDt) : Cavalerie des citoyens romains (1600 cavaliers), commandée par Aemilius Paulus.
  • Centre : 4 lignes ou plus d’infanterie (devant l’infanterie légère, derrière l’infanterie lourde, puis enfin les vétérans), soient environ 60.000 hommes. Je les ai figurées par des lignes rouges épaisses.
  • Aile gauche (CG) : Cavalerie alliée (4800 cavaliers) commandée par Terentius Varro.
  • Tenus en réserve à l’arrière dans le camp : 10.000 hommes d’infanterie.

Je vous rappelle l’ordre de bataille des carthaginois :

  • Aile gauche (CG): 6.000 cavaliers “lourds” (2000 ibères et 4000 gaulois)
  • Infanterie lourde (IA) : 4.000-5.000 hommes (qui forment la fameuse « phalange africaine »)
  • Centre : 30.000 gaulois et ibères réparties sur des lignes très étroites
  • Deuxième partie de son infanterie lourde (toujours la phalange africaine, donc IA) : 4.000-5.000 hommes
  • Aile droite (CDt) : 4.000 cavaliers numides


°0°0°0°0°0°

 

Les deux armées sont face à face, dans la petite plaine (pas beaucoup plus que 3 Kms de large) qui se situe entre les rives de la rivière Aufidus et les premières pentes du Monte Altino.

A un de ses officiers qui remarquait avec effroi l’immensité des armées romaines, Hannibal répondit : « Autre chose a échappé à ton regard, Gisgon, d’encore bien plus incroyable, c’est que malgré toute cette multitude, il n’y en ait aucun qui s’appelle Gisgon ! ».

Les deux premières lignes du centre, composées d’archers et de frondeurs engagent les hostilités. Puis les deux infanteries ennemies se rapprochent. En début de bataille, la première ligne carthaginoise, bien plus faible que la romaine s’avance en arc de cercle vers cette dernière, comme pour mieux la défier. Puis les formidables légions romaines avancent et repoussent les carthaginois dont les lignes ploient, dans un arc de cercle inverse cette fois.

Toutefois, comme vous avez pu le remarquer, l’ensemble du centre romain, près de 60.000 hommes est déployé très profondément, ce qui ne leur permet finalement pas d’écraser par leur nombre les 30.000 gaulois et ibères. Par ailleurs, il semble aussi que les consuls n’aient pas respecté un espace minimal entre chaque homme de ligne (réglementairement de 90 cm) afin qu’ils ne se gênent pas mutuellement.

Hannibal est derrière son centre pour l’encourager et contenir son recul devant la formidable poussée romaine.

A cause de tout cela, la ligne centrale carthaginoise ploie comme le roseau de la fable mais ne se rompt pas.

Les romains sont aussi gênés par le soleil et la poussière selon certains commentateurs (mais j’ai un peu avancé dans mes lectures depuis la première note, et ce point est en fait assez discuté).

Les légions africaines, un peu plus latérales ne bougent quasiment pas.

Photobucket - Video and Image Hosting

 

L’aile gauche de la cavalerie carthaginoise (ibères et gaulois) fonce sur la cavalerie romaine alliée commandée par le Consul Aemilius Paulus située en face en se faufilant entre le centre romain et la rivière Aufidus.

Ils annihilent la cavalerie romaine et tuent le Consul.

Ils passent alors derrière le centre et prennent à revers la cavalerie commandée par le second Consul, Terrentius Varro qui avait déjà été fixée et décimée par la cavalerie numide de l’aile droite carthaginoise.

C’est une nouvelle fois la débandade, et Terrentius Varro s’échappe du massacre avec quelques cavaliers seulement.

Troisième et dernier mouvement de la fantastique cavalerie carthaginoise réunifiée: ils prennent à revers l’infanterie romaine située au centre du dispositif romain.

Mais même au centre, pourtant le point fort des romains, la catastrophe s’annonce inéluctable. En effet, le centre carthaginois a cessé de reculer en bon ordre (en « échelons »), et les fameuses phalanges africaines, un peu plus latérales ont pris en tenaille les flancs romains, après avoir effectué une impeccable conversion de 90 degrés.

C’est à ce moment que la cavalerie carthaginoise déboule sur les arrières des romains. La nasse est fermée.

Photobucket - Video and Image Hosting

 

Imaginez des légionnaires romains carapaçonnés et se gênant mutuellement, assaillis de toute part. La panique les frappe et les auteurs anciens décrivent des scènes terribles. La boucherie va durer des heures. Les officiers carthaginois vont même faire passer la consigne à leurs troupes de se contenter de sectionner les jarrets des légionnaires romains pour pouvoir passer au suivant plus rapidement, puis de revenir les achever secondairement.

21:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)