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23/01/2007

Le désastre de Cannes (1/3)

Comme j’ai du temps (ni femme ni enfants), et que je nai pas envie de parler cardio, je vais essayer de vous raconter sans trop vous barber le déroulement d’une bataille de titans qui a opposée le 2 août -216 Rome et ses alliés contre le carthaginois Hannibal et les siens.

Comme ça, cette bataille parait bien obscure et empoussiérée car circonstances aggravantes, contrairement à ce que l’on peut croire, elle se déroule dans le sud-est de l’Italie et il y a donc près de 2223 ans, et non sur la croisette devant le Martinez et les caméras de Canal+.

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A l’époque il n’y avait donc pas de TV (j’en vois déjà parmi vous qui cherchent un autre blog à lire…) mais on connaît exactement son déroulement, car ce combat homérique a été relaté par de nombreux chroniqueurs, dont notamment le grec Polybe et l’historien romain Tite-Live.

Pourquoi cette bataille a donc « tant » d’importance ?

Tout d’abord car elle a bien failli conduire à la destruction pure et simple de la République Romaine, bien avant que cette dernière ait eu le temps de conquérir nos ancêtres les gaulois, puis d’évoluer en Empire sous Auguste et ses successeurs. Sans « Gallo-romains », nous ne serions probablement pas tels quels et notre langue aurait très bien pu dériver de celle du vainqueur carthaginois, qui est un idiome sémitique canéen. Le Christ ne serait pas né sous juridiction romaine, ce qui, vous l’imaginez bien aurait chamboulé toute la civilisation « judéo-chrétienne ». Ces deux exemples m’ont sauté à l’esprit, mais il y en a des milliers d’autres.

Car il est clair que la guerre menée était « totale », et que l’adversaire anéanti a bien failli ne pas être Carthage.

Ensuite, car cette bataille a été un combat d’anéantissement tactiquement parfait. L’armée entière de l’adversaire a été mise échec et mat en un jour. Malgré les immenses progrès techniques, elle reste un modèle du genre. Vous vous souvenez de la première guerre du Golf et du fameux Général Schwartzkopf ? Et bien, sa tactique d’encerclement des armées irakiennes a été calquée sur celle de la bataille de Cannes. Il a appliqué un schéma tactique datant du troisième siècle avant J-C pour conduire une guerre du XXème.

Faisons un tour rapide des combattants.

Dans le coin bleu, le légendaire Hannibal, ses carthaginois et leurs alliés ibères, gaulois et numides. Entré depuis deux ans dans la péninsule italique (après l’épisode fameux du passage des Alpes), ils la dévastent en toute impunité après avoir déjà étrillé les romains à deux reprises (à la Trébie et non loin du lac Trasimène). Il faut bien dire ce qui est, ils tournent un peu en rond en cassant tout sur leur passage, mais il leur manque une victoire décisive pour s’ouvrir les portes de Rome. Hannibal hait les romains de toute son âme pour l’humiliation qu’ils ont infligé à sa patrie à l’issue de la première guerre punique en -241.

Sous ses ordres, on retrouve environ 50.000-55.000 hommes.

Son ordre de bataille au matin du 2 août était de son aile gauche à son aile droite :

Aile gauche (CG): 6.000 cavaliers “lourds” (2000 ibères et 4000 gaulois)

Infanterie lourde (IA) : 4.000-5.000 hommes (qui forment la fameuse « phalange africaine »)

Centre : 30.000 gaulois et ibères réparties sur des lignes très étroites (je les aies figurées ainsi, même si je pense qu'il y en avait plus de deux!)

Deuxième partie de son infanterie lourde (toujours la phalange africaine, donc IA) : 4.000-5.000 hommes

Aile droite (CDt) : 4.000 cavaliers numides

Les Gaulois et les Ibères du centre sont destinés à être de la chair à canon (bel anachronisme !). Ce sont des troupes inexpérimentées et sous équipées, pourtant Hannibal va prendre leur commandement. Leur rôle va être en effet fondamental.

Sa cavalerie surpasse largement celle des romains. Enfin, la « phalange africaine » regroupe des vétérans aguerris, les véritables troupes d’élite carthaginoises.

Hannibal s’est installé en premier sur le champ de bataille, il a choisi de combattre le soleil et le vent dans le dos. Ce petit détail n’est pas anodin, vous verrez.

Dans le coin rouge, près de 8 légions romaines nouvellement créées associées à des troupes un peu plus anciennes, sous les ordres alternés un jour sur deux des deux consuls de l’année: Aemilius Paulus et Terentius Varro (la démocratie absolue est bien la pire des choses, parfois).

Ces légions regroupent près de 80 à 90.000 hommes.

Ce rassemblement de troupes est le plus important depuis l’Urbe Condita. Le Sénat romain a décidé de frapper un grand coup en écrasant Hannibal sur une campagne. En effet, depuis deux ans, la stratégie romaine avait évolué de l’affrontement direct (mais qui avait conduit aux deux déculottées que j’ai déjà citées) à la stratégie de « l’évitement » sous l’impulsion du dictateur (ce terme désignait un office militaire sous la République romaine) Fabius Maximus. Les méchantes langues le surnommaient le « Cunctator », c'est-à-dire le « temporisateur ».

Au bout de deux ans, les blessures d’orgueil cicatrisées, le Sénat romain décide de passer à l’offensive. Il écarte donc le prudent F. Maximus pour les deux nouveaux et inexpérimentés consuls. Ces derniers ont bien évidemment le couteau entre les dents et ils sont morts de faim de gloire.

Leur ordre de bataille est moins évolué que celui d’Hannibal.

Aile droite (CDt) : Cavalerie des citoyens romains (1600 cavaliers), commandée par Aemilius Paulus.

Centre : 4 lignes ou plus d’infanterie (devant l’infanterie légère, derrière l’infanterie lourde, puis enfin les vétérans), soient environ 60.000 hommes. Je les ai figurées par des lignes rouges épaisses.

Aile gauche (CG) : Cavalerie alliée (4800 cavaliers) commandée par Terentius Varro.

Tenus en réserve à l’arrière dans le camp : 10.000 hommes d’infanterie.

La cavalerie est donc moins bonne que celle de l’adversaire, mais l’infanterie est de premier plan. Par ailleurs, le nombre (ratio de ½ environ) joue pour les romains.

Par contre, erreur technique importante, les 60.000 hommes du centre sont massés sur une faible longueur de front, mais sur une grande profondeur.

Cette particularité aura aussi de l’importance pour plus tard.

Situation le matin du 2 août -216. Vous pouvez oublier les camps respectifs et le village de Cannes (Cannae), ils n'ont aucune importance dans le déroulement de la bataille. Enfin, le cours d'eau a pour joli nom "rivière Aufidus" :

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(Le nord est vers le haut)

 

C’est tout pour ce soir !

On verra la suite plus tard (ici)

21:20 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (5)

12/01/2007

Evolution (fin de semaine aussi).

! ?

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(ici)

15:55 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2)

26/11/2006

AK-47.

medium_ak47.jpgJe suis tombé sur un article de Larry Kahaner publié dans le « Washington Post » de ce dimanche.

« Weapon Of Mass Destruction » est un article comme je les aime bien. Ce genre de texte qui donne un résumé satisfaisant d’une réalité très complexe par le biais de la description d’un élément infime de cette réalité. Pour faire simple, un article qui regarde par le petit bout de la lorgnette.

En l’occurrence, il s’agit de regarder par le canon d’une AK-47.

Cette arme, dessinée par le tankiste Mikhail Kalashnikov convalescent après une blessure de guerre sur son lit d’hôpital était destinée à repousser les nazis de la « Mère Patrie».

Malheureusement, sortie en 1947 (d’ou le nom complet : Avtomat Kalashnikova 1947), elle ne tua aucun nazi.

Ma sa carrière a été fulgurante : copiée, recopiée dans tous les pays du bloc communiste, elle a été l’arme emblématique des guérilleros en mal de Liberté (elle fait partie intégrante du drapeau du Mozambique).

Rustique, jamais en manque de munitions, elle a surclassé le trop sophistiqué M-16 américain dans les rizières moites et humides du Viêt-Nam. A tel point que certains soldats américains délaissaient leurs armes pour leur préférer celle de leurs adversaires. Tout est dit, l’hypertechnologie se heurte à des fantassins déterminés et leurs armes rustiques. Ce ne sera pas la première fois.

Autre champ de bataille : Afghanistan 1979.

Cette fois, l’AK-47 va passer du côté des moudjahiddines. Elle est d’origine chinoise, et c’est la CIA qui finance.

Des décennies plus tard, ces millions d’armes seront transmises aux talibans, pour une autre lutte. Quelle ironie, les armes qui tirent actuellement sur les forces de l’OTAN ont été achetées par les Etats-Unis !

2001 : Après l’effondrement des tours, Ben Laden s’exhibe avec son AK-47, qui prend alors un autre symbolisme, celui du terrorisme international.

Encore un saut, le dernier, en Irak.

Au cours des deux guerres, les arsenaux irakiens, renfermant pourtant des millions d’AK-47 ont été négligés par les frappes aériennes. Grossière erreur, ces armes ont rapidement disparu après la chute de Saddam Hussein, et sont maintenant aux mains des insurgés irakiens.

 

Finalement, l’arme de destruction massive par excellence ne sont ni la bombe atomique, ni les armes biologiques, mais un simple fusil d’assaut aux mains d’hommes déterminés à s’en servir.

 

 

 

 

 

 

13:35 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (3)