28/02/2005
Tsavo
Il est en colère, très en colère. Nous avons violé son territoire, sans nous en rendre compte, en déboulant d’un petit chemin de terre, bordé de hautes broussailles. Il agite sa tête de gauche à droite, toutes oreilles déployées, en barrissant profondément, signes de fureur tellurique.
Tellurique, comme sa couleur ocre, son grondement et la puissance de sa rage.
Le temps de voler une photo, et nous nous enfuyons dans un nuage noir de pot d’échappement.
Nous avons eu honte d’avoir dérangé le vrai roi des animaux.
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27/02/2005
Pour Marilou
Spécialement pour elle, et pour la remercier d’avoir écrit que « Elsamere » lui rappelait « Out of Africa » :
La ferme de Karen Blixen
Ne cherchez pas à vous rappeler celle du film, qui a été tourné dans une propriété voisine, mais nettement plus vaste.
La ferme de Karen, maintenant située dans un quartier de Nairobi, nommé…Karen, est en effet assez petite, mais coquette.
Quelles pièces, que nous fait découvrir une guide locale, qui récite sa leçon comme j’ai jadis récité mes déclinaisons latines, c'est-à-dire avec l’air de s’emmerder ferme.
Qu’importe.
Sally et moi nous promenons dans la petite propriété, et ce qui reste de la petite usine de torréfaction, en pensant à Denys, Karen, et ses amis Masaïs.
La vie de Karen n’a été qu’une succession de malheurs, montrés que très succinctement par le film : Syphilis, stérilité, mari volage, divorce, destruction des caféiers par la sécheresse, ou les maladies (en fait, dès le départ l’altitude de la plantation, trop élevée, vouait son entreprise à l’échec), et enfin la mort de Denys.
Nous marchions donc, à travers les pages de « La ferme africaine », et contemplions les 4 collines de la chaîne des Ngongs, dans le lointain, dressées vers le ciel comme le dos d’une main à demi fermée.
« I had a farm in Africa, at the foot of the Ngong Hills. »
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Les pêcheurs Njemps
Nous égrainons les lacs le long de la fracture du Rift comme le pouce du vieillard kenyan et son rosaire lustré ; avec le recueillement de celui qui ne sait pas vers quels paradis il s’avance.
Après Naivasha et Bogoria, nous approchons de Baringo, avant de terminer par Nakuru.
Ce lac Baringo est le territoire des Njems, cousins pêcheurs des éleveurs Samburus.
De dignes hérons Goliath nous ignorent de toute leur hauteur.
Les bords du lac, ourlés de nénuphars, sont infestés de crocodiles, et d’hippopotames.
Les enfants Njemps se baignent toutefois depuis des générations, apparemment en bonne entente avec ses derniers. Curieusement pour nous autres européens, ce sont les hippopotames qui sont les plus craints.
Notre destination est « Island Camp », un hôtel situé sur une île, au beau milieu du lac.
Comme « Elsamere », il n’est composé que d’une dizaine de bungalows, parfaitement intégrés dans la nature verdoyante.
Nous traversons en pirogue, accompagnés de deux Njemps. L’un d’eux avait pris soin de prendre un poisson sur l’étal d’un pêcheur, et de le farcir d’un morceau de bois.
Pour quelle divinité est destinée cette offrande ?
Dans quel but ?
Pour favoriser notre traversée, et détourner les hippos et les crocos ?
Nous nous arrêtons au milieu du trajet.
« Prepare your camera ! »
Sally s’arme.
Le jeune Njemps siffle très fort, et lance de toutes ses forces le sacrifice.
Rien
Toujours rien
Puis un éclair blanc et noir fond du ciel sur le poisson, resté à la surface grace au morceau de bois.
Sally prend le cliché.
Il s’agit d’un magnifique aigle pêcheur, qui niche au sommet des hauts arbres bordant le lac. Au signal, l’animal sait qu’un poisson l’attend.
Il transmettra à sa descendance que des pêcheurs, dévoués à son culte, sifflent pour prévenir qu’une nouvelle offrande est offerte sur l’autel des eaux du lac Baringo.
Nous traversons son sanctuaire sans encombres, après avoir obtenu sa bienveillance.
Nous sommes accueillis par notre hôte, qui est en tout point semblable à celui d’ « Elsamere », c'est-à-dire très britannique.
Les bungalows sont disséminés dans une forêt surpeuplée d’une multitude d’oiseaux de toutes tailles, et de toutes couleurs (starlings, hornbill de Hemprich et une partie des 456 autres espèces d’oiseaux recensés dans ce paradis ornithologique).
Les chants sont presque assourdissants.
Les chambres sont vastes, pas une seule araignée (vu le nombre d’oiseaux, nous ne sommes pas étonnés).
Après le velouté de cresson rituel , nous passons une soirée délicieuse, bercée par les chants venus des arbres.
Le lendemain, nous nous levons de bonne heure, pour assister au lever du soleil sur le lac, et au départ des Njemps pour la pêche.
(…)
Pas de mots pour le décrire.
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