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14/07/2006

Conques.

medium_Conques.jpgJ’avais oublié notre passage à Conques, haut lieu du pèlerinage de Compostelle.

La cité et son abbatiale sont enchâssées sur le versant d’une petite vallée boisée.

Rien  autour, sinon le silence et la spiritualité résiduelle des milliers de pèlerins qui ont cheminé par ce village.

Nous avons parlé longuement avec un hospitalier qui a tout abandonné à l’âge de 62 ans pour dédier sa vie au « Camino ».

Autant d’histoires que de pèlerins : cette suissesse hébergée 3 mois par une famille espagnole, ce restaurateur montpelliérain qui a laissé sa femme il y a 3 mois pour tailler la route avec son âne, notre interlocuteur les pieds en sang, soigné et hébergé gratuitement.

Toutes nos pseudo valeurs contemporaines s’effacent dans ce lieu hors de l’espace et du temps.

J’ai retrouvé un passage dans « Thérapie » qui résume bien ce que l’on peut ressentir à Conques.

 

« J’ai décrit les trois stades du développement personnel selon Kierkegaard - l’esthétique, l’éthique et le religieux - et suggéré qu’il existait parmi les pèlerins les trois catégories correspondantes. (c’était une idée à laquelle j’avais réfléchi en route.) L’esthète se souciait principalement de prendre du bon temps, de goûter les plaisirs pittoresques et culturels du Camino. Pour l’éthicien, le pèlerinage constituait essentiellement un test d résistance morale et d’autodiscipline. Il (ou elle) possédait une notion très stricte du comportement approprié au pèlerinage (ne pas dormir à l’hôtel, par exemple) et il avait sur la route une attitude très compétitive par rapport aux autres. Le vrai pèlerin, c’était le pèlerin religieux, au sens kierkegaardien. Pour Kierkegaard, le christianisme était « absurde » : eût-il été rationnel qu’il n’y aurait pas eu de mérite à y croire. Le principe, c’était donc de choisir de croire sans y être poussé par la raison - de faire un saut dans le vide et, du même coup, de se choisir soi même. Parcourir à pied quinze cents kilomètres jusqu’au sanctuaire de Santiago sans savoir s’il y avait réellement quelqu’un d’enterré là, cela représentait un tel saut. Le pèlerin esthète ne prétendait pas être un vrai pèlerin. Le pèlerin éthicien était sans cesse tourmenté par la question. Le vrai pèlerin se contentait d’accomplir son pèlerinage. »

 Thérapie. david Lodge

 

Je me classe dans les esthètes, à moins que de posséder une Peugeot Partner « bleu EDF-GDF » ne soit un critère d’exclusion (qu’en aurait pensé Soren ?).

 

En quittant Conques, j’ai dit à Sally que nous avions effleuré ce qu’était le Camino.

« A peine fait signe », a-t-elle répondu en souriant.

Elle a parfaitement raison.