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17/02/2005
Dionysos
Evidemment, « La petite maison au milieu des oliviers » a été une douche froide, mais qui finalement (il faut au moins en tirer quelque chose de « positif ») a nettement amélioré ma pratique (humilité, empathie, et toujours examiner un patient, même lorsque c’est le sixième aux urgences, au cours d’une matinée surchargée).
Il y a quand même de bons côtés.
Un, au cours de mon assistanat, me vient à l’esprit.
Un appel sur mon portable à 8h30, en plein staff :
« Viens vite à la réa poly, il y a un problème… »
Je suis très copain avec les réanimateurs, depuis que j’ai fait un choix d’interne en réa chir. Cardiaque en 99.
Je descends 4 à 4, les 10 étages (négligeant les ascenseurs, chroniquement hors service…).
En réa, tout le ban et l’arrière ban (du chef du département, à l’externe, et une partie des infirmières) est massé autour d’un patient, qu’un interne masse, pendant qu’un autre lui monte une sonde d’entraînement par voie veineuse fémorale droite.
En gros depuis ¾ d’heures, le patient est en asystolie (disparition de l’activité électrique du cœur), et comme les cuisses de grenouilles au lycée, le seul traitement vraiment efficace est de placer à la pointe du ventricule droit une sonde d’entraînement (une sorte de fil électrique à l’extrémité bipolaire de 1m-1m20 de long, alimenté par une simple pile 9V).
En théorie, il faut monter cette sonde sous radioscopie, afin de la placer grosso modo dans le ventricule droit. La coincer dans la pointe peut prendre 1 secondes ou 45 minutes (j’avais déjà eu droit à tous les cas de figure).
Mais là le patient est intubé, ventilé, et ne survit que parce qu’un interne suant lui appuie sur le sternum 70-90 fois par minute
On peut le faire aussi à l’aveugle, au lit du patient, dans les cas désespérés, mais c’est assez « sport ».
Booooon…
On garde son calme.
«Gants 7.5 SVP…. »
Je prends la main de l’interne qui tentait de monter la sonde (au figuré, Ron…..)
Je retire la sonde du patient, je la courbe un peu (un peu empirique, mais j’ai appris comme çà..)
« Arrête de masser !»
Je remonte la sonde
Je regarde le scope, et en 2 secondes, j’obtiens un beau rythme cardiaque électro-entraîné….
Frissons dans la foule, et dans mon dos.
« C’est fait ».
Congratulations
« C’est rien, c’est quand même ma spécialité… »
Ces moments devraient durer éternellement.
Mais, je ne me suis pas fait d’illusions, ce magnifique geste technique n’est que le fruit du hasard.
Tous les cardiologues le savent, mais je me suis bien gardé de le dire à mes amis les réanimateurs.
Ils m’ont porté en triomphe, le long du couloir de la réa, jonché de pétales de roses fraîches, entouré d’une part par une haie de jeunes élèves infirmières court vêtues, battant la mesure sur leurs tambourins, pendant d’autre part, des externes prises de folie dionysiaque arrachaient leurs vêtements.
Bon, là, je brode un peu…. ;-)
Je suis encore de garde ce soir…..
11:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)
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