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20/02/2005

Le Roi des Aulnes.

medium_2070393887.08.lzzzzzzz.jpgCe poème de Goethe, que j’avais étudié au cours de mes calamiteuses études années d’allemand ne m’avait laissé aucun souvenir (je devais encore parler de la minijupe de la prof d’anglais avec mon voisin). Un petit mot sur lui, Lionel, je l’appréciais beaucoup, car lui seul évitait que je sois dernier dans cette matière, car il tenait fermement à cette place.
J’ai donc redécouvert ce poème, ainsi que son probable sens profond, en lisant le roman de Michel Tournier.
J’adore cet auteur, sa langue française impeccable, sa recherche constante du sens caché de la vie, et sa hauteur d’esprit.
Il met fréquemment en avant, dans ses écrits, sa préférence pour les relations homosexuelles, et « l’inversion », en général. Cela ne me pose pas de problème, chaque individu est différent, et je n’ai jamais fait de classement en fonction de l’orientation sexuelle.
Par contre, à plusieurs reprises dans ses romans (notamment dans une de ses nouvelles du « Medianoche amoureux»), il évoque, sans la condamner, bien au contraire, la pédophilie.
Est-il pédophile, ou pas, difficile de trancher…
Mais il en fait l’apologie dans ses romans, et cela me révulse.
Mais, comme je l’ai déjà dit, j’adore cet auteur, et « Le Roi des Aulnes », ou le personnage principal est pédophile dans ses pensées, si ce n’est dans ses actes (il est à un moment condamné pour tentative de viol d’une fillette, mais, in fine, il semble que la fillette ai tout inventé), est mon ouvrage favori.
La lecture de cette œuvre est assez éprouvante, mais envoûtante.
C’est là qu’est le problème, car il arriverait presque à rendre cette pratique acceptable. Il y parvient en intellectualisant totalement un acte horrible, en le rendant presque séduisant par des références littéraires (les ogres des contes pour enfants), artistiques (un Christophe en marbre au musée du Louvre) et étymologiques (le « phorisme »)
Toute aussi fascinante est sa description du nazisme (le roman se déroule avant et pendant la deuxième guerre mondiale, en France et en Allemagne). Il plonge dans les entrailles de ce mouvement pour y retrouver des éléments de mythologie germanique, et montrer pourquoi ce courant d’idées était/est si dangereux.
Tournier est un très fin germaniste, il présente le nazisme, non comme un mouvement politique, mais comme un Culte à part entière. Un Culte avec sa divinité (la « Race » germanique) , son prophète (A. Hitler), ses mythes, ses héros, et ses reliques (les congrès du NSDAP à Nuremberg en 1927 et 1929, un jeune nazi tué au cours d’une bagarre au début du mouvement dont le nom m’échappe, et le « blutfahne »). Les dirigeants nazis avaient donc eu le génie de créer ex nihilo un mouvement religieux avec tous ses attributs, afin de fanatiser, et d’instrumentaliser une vaste frange de la population allemande, déboussolée après la défaite de 1918 et la crise économique. Ce qui n’était qu’un groupuscule au début (les premières cartes du NSDAP portaient des numéros d’adhérents augmentés de 500, pour faire « plus nombreux »), est devenu une religion avec des milliers, voire des millions de croyants.
C’est bien le drame.
On déracine beaucoup plus difficilement une religion, qu’un parti, et une religion a tendance à repousser, plus loin, sous une autre forme.
Tournier m’a permis de comprendre que la lutte contre le totalitarisme, et la haine qu’il engendre, est une lutte de tous les instants ; et qu’il ne faudrait pas beaucoup d’ingrédients pour tout recommence à nouveau.
Ce roman est équivoque, mais permet de se rendre compte que l’homme peut être fondamentalement mauvais, et qu’il faut savoir éviter ses pièges et tentations.



Erlkönig
Johann Wolfgang Goethe

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?
Es ist der Vater mit seinem Kind;
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.
Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht ? -
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht ?
Den Erlenkönig mit Kron und Schweif ? -
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. -
»Du liebes Kind, komm, geh mit mir!
Gar schöne Spiele spiel ich mit dir;
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand.«
Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
Was Erlenkönig mir leise verspricht? -
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind;
In dürren Blättern säuselt der Wind. -
»Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn?
Meine Töchter sollen dich warten schon;
Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn
Und wiegen und tanzen und singen dich ein.«
Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düstern Ort? -
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau:
Es scheinen die alten Weiden so grau. -
»Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt;
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt.«
Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an!
Erlkönig hat mir ein Leids getan! -
Dem Vater grauset's, er reitet geschwind,
Er hält in den Armen das ächzende Kind,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not;
In seinen Armen das Kind war tot.
Le Roi des Aulnes
Johann Wolfgang Goethe

Qui chevauche si tard dans la nuit dans le vent ?
C'est le père avec son enfant,
Il serre le garçon dans ses bras,
Il le tient fermement, il le garde au chaud
Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage d'effroi ?
Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le roi des Aulnes avec couronne et traîne ?
Mon fils, c'est une traînée de brouillard.
Toi cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai à de bien jolis jeux avec toi,
Il y a tant de fleurs multicolores sur le rivage
Et ma mère possède tant d'habits d'or
Mon père, mon père, n'entends-tu pas
Ce que le Roi des Aulnes me promet doucement ?
Calme-toi, reste calme, mon enfant,
Le vent murmure dans les feuilles mortes
Veux-tu, petit garçon, venir avec moi ?
Mes filles doivent déjà d'attendre
Mes filles conduisent le Rhin nocturne,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses
Mon père, mon père, ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes cachées dans l'ombre ?
Mon fils, mon fils, je le vois bien,
Les saules de la forêt semblent si gris.
Je t'aime, ton joli visage me touche,
Et si tu n'es pas obéissant, alors j'utiliserai la force !
Mon père, mon père, maintenant il me saisit
Le Roi des Aulnes me fait mal.
Le père frissonne d'horreur, il chevauche promptement,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant
Il parvient au village à grand effort
Dans ses bras l'enfant était mort.

16:25 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Vendredi ou les limbes du Pacifique est très bien aussi. Faudra que je lise le Roi des Aulnes...

Écrit par : david | 20/02/2005

j'ai beaucoup aime ce livre, meme si comme toi j'ai ete trouble (j'ai cherche le mot adequat, je ne l'ai pas trouve, ni fascine ni degoute) par sa description des penchants pedophiles du personnage.
j'ignorais qu'il avait ete ecrit avant la guerre, cela n'en est que plus remarquable

Écrit par : seb | 20/02/2005

Et Les Rois Mages ?

Par ailleurs, si vous appréciez Schubert, je vous recommande le lied "Erlkönig" D.328, interprété par Dietrich Fischer-Dieskau, avec Gerald Moore au piano.
Je n'avais aucune connaissance et aucun attrait pour la langue allemande, mais cet interprète à la diction parfaite me l'a fait aimer passionnément.
La référence de l'album est EMI Classics 7243 5 74638 2 9. Il s'intitule tout simplement "Schubert : lieder"

Écrit par : gazelle | 20/02/2005

J'ai lu dernièrement "les Rois Mages", et j'ai beaucoup aimé l'histoire du quatrième et méconnu Roi Mage, qui est toujours arrivé en retard. J'aime aussi beaucoup ses receuils de nouvelles.
En fait, le seul roman qui m'a barbé, et que je n'ai jamais fini est..."Vendredi et les limbes du Pacifique".
Enfin, pour Seb, le "Roi des Aulnes" est paru en 1970, et a obtenu le prix Goncourt.
Et en effet, comme toi, je ne sais pas comment définir l'impression que me laisse ce livre: dégoût ou fascination

Écrit par : Lawrence | 20/02/2005

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