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25/02/2005

Kelly

medium_u1213f01.gifEncore de garde ce soir…
La réa paraît calme, mais, comme je l’ai déjà dit, les grands calmes précèdent souvent les grandes tempêtes.
D’ailleurs…
Hier, je travaillais à la clinique, on y rééduque des patients cardiaques, ou en post-opératoire de chirurgie cardiaque, ou vasculaire :
.
.
Rien.
Grand calme.
Puis un coup de fil.
Tu viendra voir Monsieur X, il est un peu cyanosé.
"Je termine un courrier, j’en ai pour 2 minutes, j’arrive."
Deuxième coup de fil, 1 minute plus tard, une autre personne : viens vite.
Je monte les marches 4 à 4, il est en effet d’un magnifique bleu roi, tout à fait impressionnant.
Il faut aller vite, voie veineuse centrale et dobutamine; heureusement, il respire encore un peu.
La chambre bourdonne, la voie est vite montée, le médicament passe rapidement dans ses veines.
Puis après, « la note bleue » (de circonstance !), ou le silence se fait dans la chambre.
Il n'y a alors plus rien d'autre à faire, que d'attendre le dénouement.
Le patient, ne va pas mieux, mais il reste stable.
C'est déjà ça.
Puis, la couleur bleue se retire, des genoux, puis des jambes et de l'abdomen, il respire mieux, il recommence à parler.
Le SAMU arrive alors, et après avoir tout vérifié, l’emmène dans un soin intensif cardiologique.
On revit alors l'évènement, on critique ou, au contraire, on loue la rapidité de tel ou tel geste.
Ce revécu est très important, il permet de souder une équipe, et éventuellement de corriger ce qui est à améliorer.
Puis aprés, à nouveau le train train, avec son lot de constipations, ou de diarrhées venues de nulle part.
Des petites douleurs, des petits maux.
Des petits mots pour réconforter à chaque fois.
Grand calme.
Rien.
.
.
Ce matin, il allait mieux, mais l’état de son cœur laisse peu d’espoir sur son devenir : il mourra tôt ou….moins tôt.

J’aime bien ces moments de stress.
Ce que je préfère, c’est quand toute une équipe (en général 2 médecins, 2 infirmières, et 1 aide-soignante) œuvre de concert dans un seul but : sauver une vie humaine.
Bon ça paraît beau comme ça, mais tout ne se passe pas tout le temps pour le mieux ; la pression fait trembler les mains, tomber les ampoules, et parfois se tromper de produit (pour les connaisseurs, en 1997, 1 mg d’adrénaline IVD à la place de 1 mg d’atropine ; le pauvre patient a failli exploser). Pour ma part, j’aime bien travailler sous pression ; en temps normal, je suis un « piqueur » de voie centrale assez moyen. En situation de combat, j’approche les 100%.

Je garde une image ancrée dans ma mémoire, ce n’était pas vraiment une réanimation, mais presque.
Une patiente âgée fait un arrêt cardiaque en chambre. La fille était présente, et en voyant sa mère aller plus mal, elle appelle les infirmières. Elles étaient en pleine relève, et répondent assez mollement. La patiente s’arrête de respirer, et l’équipe déboule enfin dans la chambre. Elles m’appellent.
Arrivé aux pieds de la malade, je vois qu’elle est déjà pas mal morte.
La fille écume.
Je décide alors de faire un peu de cinéma à son intention, pour ne pas enfoncer les filles de l’unité. J’appelle l’infirmière des soins, Kelly, en la prévenant de notre arrivée.
Je pousse le lit en courant dans le couloir, avec dedans la pauvre dame, inerte, qui avait viré au violet.
On arrive aux soins, et la brave Kelly se met à la masser comme une perdue.
C’est une ex-très belle femme de 40-45 ans, un peu rondelette, et un peu « chi-chi », mais excellente dans son boulot. Elle a une poitrine opulente qui danse de droite à gauche, débordant de sa chemisette d’Hôpital, pendant qu’elle masse, penchée sur la patiente, et face à moi.
Je la regarde faire, fasciné par le mouvement pendulaire de ses seins, d’autant plus, qu’haletante, elle commence à avoir la peau humide de transpiration.
Une superbe scène érotique.
J’ai mis bien 3 minutes pour lui dire d’arrêter, que c’était trop tard.
Je n’ai jamais osé lui dire qu ‘elle avait fait tout ces efforts pour rien, hormis peut-être pour faire un écran de fumée pour la famille, et aussi pour mon plaisir un peu lubrique de voyeur.
Elle ne m’aurait jamais pardonné.

22:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

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