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17/12/2005
La transplantation cardiaque.
Quelques chiffres tirés du site de « l’Agence de biomédecine », qui gère les transplantations d'organes en France.
J'ai pompé de larges extraits, j'en ai rendu accessible d'autres. N'hésitez pas à consulter ce site, qui est une mine d'informations.
En 2004, 735 patients étaient inscrits sur une liste de transplantation en France.
87 sont décédés (11.8%), 54 sont sortis de liste (7.3%), 317 ont été greffés (43.1%).
Au 01/01/2005, 277 patients attendaient donc toujours un cœur.
Globalement, la médiane de la durée d’attente s’allonge : 3.1 mois en 96-98, 5 mois en 99-01, et 4.9 mois en 02-04.
On greffe de moins en moins en France depuis 1988 (chiffre maximum : 639 en 1990, 283 en 2003).
Ces chiffres sont, heureusement, aussi le reflet d’une nette amélioration de la prise en charge des patients insuffisants cardiaques.
Toutefois, la pénurie de greffons augmente avec le temps, puisque l’on est passé de 0.7 donneur en attente par greffon disponible au 01/01 en 1996 à 1 en 2004 (en 2003, « annus horribili », ce chiffre est monté à 1.3)
Cette durée d’attente, capitale pour le pronostic du patient varie selon de nombreux paramètres :
- Année d’inscription
- Groupe sanguin du receveur (médiane de 7 mois pour le groupe AB, contre 3.5 pour les O))
- Les inter-régions de transplantation
En effet, la durée peut varier de manière conséquente : 1.3 mois à Rennes, 14.6 à Bordeaux (chiffres pour la période 1993-2004).
L’appréciation de la gravité d’un patient, et donc de son éventuelle inscription sur liste d’attente n’est en effet pas similaire partout. Par ailleurs, les conditions locales (structures, financements, facilités de transport…) sont assez disparates.
Curieusement, le délai d’attente n’est pas proportionnel à la taille de la liste, au bassin de population drainé, ni à l’ancienneté d’inscription sur liste d’un patient donné.
Le taux d’opposition à un prélèvement est très variable selon les régions (16% en Franche-Comté, 57% à La Réunion en 2004), il est de 31% pour la France entière.
Malgré toutes les campagnes de sensibilisation, il reste désespérément autour de 31% depuis 1999.
Tout aussi inquiétant, est l’accroissement de l’âge des donneurs, qui obère le pronostic à court et moyen terme de la greffe cardiaque.
Les plus de 61 ans sont ainsi passés de 7% en 1999 à 23% en 2004.
Pas mal de greffeurs « accusent » la diminution de la mortalité routière, grande pourvoyeuse de donneurs jeunes (bien évidemment, personne parmi nous désire que ce chiffre ré augmente !).
Le nombre de greffes cardiaques réalisées par an et par million d'habitants (pmh) au niveau national est de 5,2. Pour mémoire, ces chiffres sont de 6,6 pmh en Espagne et 6,8 pmh aux Etats-Unis en 2004).
Et après la greffe ?
Globalement, la survie du receveur après une greffe cardiaque est de 71,7 % à un an, de 60,4 % à 5 ans et de 51,6 % à 8 ans avec une médiane de durée de survie de 8,5 ans sur la cohorte des receveurs greffés entre 1993 et 2003.
Ces chiffres sont en nette amélioration depuis 1985 (survie à 5 ans de 52.6%).
Il existe également une différence de survie selon l'âge du receveur en défaveur des plus de 60 ans. La survie après retransplantation est marquée par une mortalité post-opératoire élevée, avec une survie à un an de 64,3 %.
Donc, encore beaucoup de travail à faire.
Le nombre important de facteurs invoqués pour expliquer la pénurie de greffons (facteurs majorants ou minorants) ne doit pas faire oublier une notion, à mon avis, capitale, et individuelle.
L’ensemble de cette chaîne de vie dépend du nombre de donneurs, et donc aussi du pourcentage de refus de prélèvements.
Je ne vais pas rentrer dans le détail assez sibyllin et hypocrite de la législation actuelle, mais on peut tous faire quelque chose en demandant à ses proches de ne pas s’opposer à un prélèvement.
Sally et moi n’avons jamais fait mystère de notre volonté d’être prélevés après notre décès, si cela est possible.
Ce don est certes anonyme, mais il permet de sauver la vie d’un patient, bien réel à l’autre bout de la chaîne. Une mort pour une vie, cela me semble équitable.
J’ai vu trop de patients mourir pour ne pas faire, pour une fois, du prosélytisme.
13:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Ah bé tu vois, quand j'étais en néphro les patients étaient sur liste d'attente depuis bien plus longtemps pour certains... Peut-être qu'il y a plus de coeurs greffables que de reins ?
Écrit par : Melie | 17/12/2005
En effet, médiane de 16.2 pour le rein, et de 3.9 pour le foie.
Je n'ai pas vraiment d'explication pour le rein.
Peut-être parceque la dialyse permet de vivre longtemps sans trop d'inconvénients.
Alors que pour le coeur et le foie....
Écrit par : Lawrence | 17/12/2005
Les statistiques sont encourageantes, cependant je me pose les questions suivantes :
- quel est l'état de santé des "survivants" ?
- de quel milieu socio-professionnel viennent-ils ?
- quelle est la "cause" majeure de la maladie qui a conduit à la greffe ?
- quelles sont les retombées socio-économiques pour la famille ?
- quel est le pourcentage de greffés célibataires de plus de 50 ans ?
La greffe ça sauve des vies, ça enterre parfois vivant l'entourage familial !!!
Écrit par : parenfant | 14/08/2006
- quel est l'état de santé des "survivants" ?
Très bon, en général
- de quel milieu socio-professionnel viennent-ils ?
Tous milieux
- quelle est la "cause" majeure de la maladie qui a conduit à la greffe ?
Chez l'adulte: coronaropathie et cardiopathie dilatée idiopathique
- quelles sont les retombées socio-économiques pour la famille ?
je ne sais pas trop, c'est très individuel
- quel est le pourcentage de greffés célibataires de plus de 50 ans ?
Aucune idée
Écrit par : lawrence | 16/08/2006
Si on fait abstraction des contraintes très importantes du traitement, des effets secondaires non moins importants du même traitement, des complications post-greffe, et si on considère qu'être simplement en vie, c'est vivre, alors oui on peut dire que l'état de santé des greffés est "très bon".
Je ne suis pas sûre que les greffés cardiaques soient de tous milieux. Lorsque je me trouvais dans la salle d'attente d'une réa de chirurgie cardiaque, j'avais la nette impression, par rapport aux autres personnes qui attendaient, de ne pas être à ma place en tant que simple employée.
J'ai lu que la greffe cardiaque était à 70 % pratiquée sur des anciens fumeurs, que la cirrhose alcoolique était la première cause de la greffe hépatique.
Après la greffe, la reprise du travail n'est pas toujours possible, quand votre salaire d'employé retombe à 50 %, que vous ne pouvez accomplir seul les gestes quotidiens comme se laver ou s'habiller, qu'il faut donc employer quelqu'un pour cela, les retombées sont énormes...
Il n'y a aucun greffé cardiaque de plus de 50 ans qui soit célibataire, avant de greffer, l'équipe s'assure que le candidat à la greffe dispose d'un entourage familial qui pourra apporter l'assistance nécessaire en cas de problème, et des problèmes il y en a, malheureusement... sauf qu'on ne le sait qu'après.
Tout cela pour dire que les statistiques ne sont que ce qu'elles sont, des chiffres qui parlent de durée de vie (de survie comme dit l'agence bio-médecine) mais surtout pas de qualité de vie.
Merci de m'avoir répondu.
Écrit par : Parenfant | 26/08/2006
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