Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« PDB. | Page d'accueil | L’entremetteur. »

29/04/2006

L’espace-temps.

Ce jour, j’ai rencontré mon père deux fois.

Du moins, ses mânes.

La première fois, ma mère et ma grand-mère choisissaient quelles breloques elles allaient pouvoir mettre pour le mariage.

Ma mère me tend une horrible chevalière en or jaune, sortie d’un écrin fatigué, en me disant que c’était celle de mon père. Je la regarde, un peu étonné qu’il ai pu porter un truc pareil. Ce n’est pas le genre de la maison. Je m’en souviens comme d’un homme détestant le clinquant et le superflu (du moins, ce qu’il pensait l’être). Enfin, en général, les chirurgiens ne portent rien d’autre que leur alliance (quand ils la portent), même en dehors du bloc.

La chevalière est immaculée, sans aucune trace d’usure. Je ne suis pas surpris, encore un cadeau inadapté.

Elle me tend alors son alliance.

« Tiens, tu as conservé son alliance ? »

Mes parents ont divorcé quand j’avais 3 ans, et ma mère a mis des années pour s’en remettre. Elle n’a jamais refait sa vie, d’ailleurs.

Et bien, à ma grande surprise, c’est la même que ma propre alliance. Elle est en or blanc, un peu grisonnant, portant des traces d’usures. Elle est plus petite en diamètre (elle ne va même pas à mon auriculaire gauche !) et en épaisseur ; sinon, extérieurement, c’est la même en modèle réduit.

J’aurais parié sur or jaune, demi jonc ou ruban, bien classique, probablement bien plus que l’or blanc dans les années 70.

Mais non, la même.

C’est étonnant, et je suis persuadé de ne l’avoir jamais vue.

La deuxième rencontre : un croquis de la face antérieure du cœur, retrouvé dans un Atlas de géographie. Daté de 1991, signé « nobody », je ne l’avais pas revu depuis. Mais je me souviens bien du pourquoi de cette étrange signature. A cette époque, et jusqu’à sa mort en 1997, mon père ou sa simple évocation étaient « persona non grata » à la maison. Nos rares rencontres se faisaient toujours en pleine clandestinité maternelle et grand paternelle. Il m’avait dit qu’en signant « nobody », on ne le reconnaîtrai pas, et que notre secret serait gardé…

Guillaume m’a demandé qui avait fait le dessin, j’avais sorti l’atlas pour lui faire voir l’Afrique.

« Ton grand-père

-         je connais pas

-         non, mais je t’en parlerai plus tard… »

   

    

   

Image trouvée ici.

Commentaires

Un mariage, une naissance, les questions innocentes d'un enfant sont des sources immuables pour faire ressortir des doutes, des rêves, des souvenirs gentimment enfouis sous une tonne de neurones qui protègent la Boite de Pandore...

Écrit par : Esculape | 30/04/2006

Les commentaires sont fermés.