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02/06/2006

Un problème de poids (2).

Je résume le billet précédent.

 

Un laboratoire sort un médicament qui améliore des critères intermédiaires (ou « mous »). Aucune étude n’est disponible sur les paramètres « durs » que sont la morbi-mortalité.

Qu’à cela ne tienne, rendons incontournable un critère mou, tel que le syndrome métabolique, pour faire prescrire des pilules. D’où de multiples publications, soudainement dans les journaux médicaux pseudo scientifiques.

 

Deuxième acte : le grand public.

 

Je ne citerai en exemple que cet article, publié dans « Le Monde » du 27/07/05, titré : « La pilule miracle de Sanofi Aventis contre le tabagisme et l'obésité ».

Article pour le moins favorable, vous imaginez....

 

Bien entendu, tout patient plus ou moins obèse va parler à son médecin de cette « pilule miracle ». Ce dernier sera d’autant plus enclin à la prescrire qu’il en aura entendu parler de manière dithyrambique ces 6 ou 7 derniers mois.

D’une certaine manière, c’est un bon moyen de faire de la publicité directe aux patients, sans contrevenir à la loi (contrairement aux EU, la publicité directe en temps que telle est interdite en France).

Donc, un plan marketing à mon avis parfait, étalé dans le temps, avec un lancement précédé d’une préparation psychologique intense en direction des médecins, et c’est plus nouveau, des patients.

 

Dernier succès en date ( le 27/04/2006), l'avis favorable de la comission d'AMM de l'Agence européenne du médicament:

 

«  Traitement des patients obèses (IMC supérieur ou égal a 30 kg/m2 ), ou en surpoids (IMC > 27 kg/m2) avec facteurs de risque associés, tels que diabète de type 2 ou dyslipidémie en association au régime et à l'exercice physique »

 

L'AMM européenne ne devrait pas tarder.

 

Que vaut la molécule par elle-même ?

A l’heure actuelle, les données disponibles sont les suivantes :

Quatre études, portant sur près de 6500 patients ont été publiées dans de grandes revues scientifiques (la série des « RIO »).

 

Les résultats sont :

Perte de 4 à 5 kg en 1 an, en complément d’une alimentation hypocalorique (-2 kg dans le groupe placebo), sans gain supplémentaire si le rimonabant est poursuivi 1 an de plus. En cas d’arrêt, le poids initial est repris en 9 mois.

Le médicament augmente le HDL (le « bon cholestérol »), diminue les triglycérides, améliore l’équilibre glycémique (amélioration absolue de 0.7% du Hb A1c) et diminue la tension artérielle (-2.1 mm Hg pour la systolique, et -1.7 mm Hg pour la diastolique).

40% des patients ont abandonné le traitement au cours du suivi (même proportion dans le groupe placebo).

Un des quatre essais a inclus spécifiquement des diabétiques de type 2 (RIO diabète).

Les effets secondaires les plus fréquents sont : syndromes anxio-dépressifs, nausées et diarrhées. Aucune donnée de pharmacovigilance n’est disponible au-delà de 2 ans.

On peut interpréter ces chiffres en bien ou en mal, mais je trouve que par rapport aux incertitudes dues au manque de données de pharmacovigilance, le bénéfice attendu n’en vaut pas la chandelle.

 

Je ne prescrirai cette molécule que lorsqu’une amélioration indéniable de la morbi-mortalité aura été démontrée (étude CRESCENDO en cours, avec près de 17000 patients prévus).

Par contre, je suis certain qu’elle va faire un tabac.

Tout a été fait pour cela...

Commentaires

Un "tabac" ?
Tu veux qu'en plus d'un IMC pathologique, ils deviennent fumeurs ?
Sadique !

Écrit par : Jacques | 07/06/2006

En tant qu'obèse (123kg pour 1m90), 4 ou 5 kg par an ce n'est rien ou pas grand chose. J'ai perdu 45 kg en 1 an par des moyens "naturels" (rééquilibrage de l'alimentation + marche). En tant que "grand public", et n'ayant pas la compétence pour cela, cela me parait étrange de demander un nouveau médicament à mon médecin. C'est peut-être qu'à part de l'hypertension pour laquelle je suis traitée et au pire une bronchite par an, je n'ai pas de maladie particulière.

Ce billet corrobore des informations que j'avais vues à la télé (90 minutes, Arret sur Images, Journal de la Santé etc) sur les pratiques des laboratoires. N'oublions jamais que la pharmacie est une industrie, et comme toutes les industries, a besoin de gagner de l'argent, avec des dérives qui, si elles n'avaient pas de conséquences sur la vie, seraient banales.

Merci pour votre vigilance !

Écrit par : Farfalino | 08/06/2006

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