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« Honte. | Page d'accueil | De Moïse à Moïse, il ne s'en leva aucun comme Moïse »

22/06/2006

Honte bis

medium_hippo02.jpgJe me suis permis de moderniser notre serment, aux lumières des  pratiques médicales de certains; au moins ça a le mérite d'être clair: 

 

 

   

« Je jure par Pluton, le divin, par Midas, aux oreilles d’Âne, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivant : Je mettrai mon expert comptable au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon un pourcentage raisonnable de mon avoir et, seulement en cas d’absolue nécessité, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s'ils désirent partager leur héritage avec moi, je ne m’y opposerai point. Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, afin d’accroitre les revenus de la maison à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi du gain, mais à nul autre, pour ne pas former de concurrents. »

  

 « Je dirigerai le régime des malades n'ayant pas la CMU à mon avantage et à celui de mes correspondants, qui ainsi m'en enverrons d'autres pour mon plus grand profit, suivant mes forces, mon jugement et leurs possibilités financières, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice, si cela est contraire à mon bien. Je ne me remettrai à personne du poison gratuitement, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l’opulence et la volupté. Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille. Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades n'ayant pas la CMU, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction désintéressée des femmes et des garçons, libres ou esclaves. Quoi que je voie ou entende dans la société pendant l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas, sauf si un éditeur est prêt à y mettre le prix »

  

 « Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de mes gains et de ma profession, honoré à jamais des banquiers et concessionnaires Porsche ; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire. »

19:25 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Médecine

Commentaires

La faute est partagée à mon avis. Les patients CMU sont les plus indisciplinés et font sauter énormément de RDV sans prévenir bien sûr. Pour les dentistes, il y avait des témoignages de leur part qui faisait relativiser l'image de gros méchant médecin qui pense qu'au fric.

Écrit par : JP | 22/06/2006

Les auteurs évoquent le problème.
A priori, les gens couverts par la CMU ne viennent pas aux rendez-vous de ceux qui les refusent a priori...
D'un autre côté, je n'avais pas du tout pensé aux dentistes. Je n'ai raisonné que pour les médecins...

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Page 64:
"Les praticiens qui refusent la CMU justifient cette pratique essentiellement autour de la question des comportements des usagers. Ils reconnaissent donc une spécificité de comportements à ce groupe de patients. Celle-ci est fondée sur l’exigence supposée, les retards, les rendez-vous manqués et non annulés.
« Ils manquent les rendez-vous, ils arrivent en retard, quand ils ne viennent pas ils ne préviennent pas. »
Ce sont des propos tenus par plusieurs praticiens (dentistes, gynécologues). Pour certains dentistes, cela peut même aller jusqu’à la rupture de la continuité des soins déjà initiés, sachant notamment que le dentiste engage de l’argent quand il commande une prothèse, ne demande pas d’acompte et qu’il peut en être de ses frais. La question est donc : est-ce une pratique marginale (puisque tous les dentistes ne font pas état de tels problèmes) ?
Les comportements de ces personnes sont rapportés par les professionnels qui en font état (jamais les médecins généralistes) à la gratuité des soins, qui amènerait à des formes d’irresponsabilité.

Je pense que s’ils ne payent pas, ils deviennent « je m’en foutiste ». Du moment qu’on est assisté, on devient plus fainéant, plus relax. (Dentiste 3)
Ce sont des cas sociaux, c’est le manque de culture, le manque d’éducation… (dentiste 2)

En miroir, les médecins généralistes favorables à la CMU, considèrent que de nombreux patients bénéficient de cette gratuité (mutuelle en complément de l’assurance maladie obligatoire) et que ces dérives de surconsommation ou de détournements concernent potentiellement l’ensemble de la population. "

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Pages 78 et 79:
"Ainsi, nous avons pu démontrer que :
- le refus est corrélé au mode d’exercice du médecin ; le refus est plus courant parmi les médecins exerçant en secteur 2 et appliquant un dépassement d’honoraires ;
- s’adresser à un médecin spécialiste s’accompagne d’une plus grande probabilité de s’exposer à un refus (41 % de refus) ;
- enfin, résultat à notre connaissance non connu à ce jour, les refus de la part des dentistes dans le cadre d’une demande de soins et non de prothèse dentaire, sont de 39,1 %. On n’ose pas imaginer les taux quand il s’agit d’une demande de prothèses !

Il faut aussi insister sur le fait que :
- les médecins généralistes en secteur 1 acceptent la CMU ; les refus constituent des exceptions : 99,4 % de rendez-vous sont accordés ;
- le taux de refus est plus fort chez les médecins généralistes de secteur 2 mais cela donne un taux de rendez-vous accordés de 83,3 %, ce qui veut dire qu’une très large majorité accepte."

Écrit par : Lawrence | 22/06/2006

Et donc Lawrence, qu'en pensez-vous? Que 41% des spécialistes sont des praticiens vénaux? Ca fait beaucoup je trouve... La large acceptation des généralistes est à mon avis dûe au fait qu'ils ne perdent pas d'argent comme les dentistes.

Un cabinet est une affaire à faire tourner, même en médecine. Je trouve fantastique de retrouver les origines du serment d'Hippocrate et les fondements des valeurs d'un médecin digne de ce nom, mais je trouve aussi qu'à s'y perdre, on sera les dindons de la farce, dans une société qui n'a pas ces beaux principes. La CMU n'existait pas chez les Grecs et chacun faisait ce qu'il voulait :D

Écrit par : JP | 23/06/2006

J’aime bien taquiner en forçant le trait, mais je ne suis quand même pas caricatural.

Je sais bien qu’un cabinet est une petite entreprise car j’en ai un, un tout petit, certes, mais un quand même.
Mais disons qu’il existe dans notre métier un « fondamental », comme on dit en foot, qui est d’aider son prochain.
Je n’arrive pas à imaginer mon métier sans ce présupposé.
D’ailleurs, je ne suis pas le seul, car les médecins interrogés dans le rapport sont particulièrement gênés aux entournures pour expliquer leurs refus : patients indisciplinés, mauvais remboursement…. Leur refus n'est pas de leur faute, au contraire, on pourrait croire que ce sont eux, les victimes.
Globalement, les médecins, notamment les spécialistes vivent bien. Comment alors comprendre un refus de CMU, qui sera payé au tarif secu de toute façon ?
Pas assez rentable pour le temps passé ?
C’est la recherche systématique de la rentabilité qui m’écoeure.
J’aime bien l’argent ; j’en ai, je ne m’en cache pas, mais pas au prix de sacrifier ce qui me semble important dans notre métier.
Quand à déterrer les vieux serments…
Pour une grande part, l’évolution de la technologie et des mœurs les a rendu caducs, fort heureusement.
Mais ils contiennent une parcelle de sagesse que j’ai parfois du mal à trouver de nos jours.

Et puis, encore une fois, je ne prends pas en compte les dentistes, car je ne connais que très peu le problème.

« Ce n’est pas parce qu’une idée est ancienne que c’est une bonne chose, mais c’est parce que c’est une bonne chose qu’elle est ancienne »

Écrit par : lawrence | 24/06/2006

Je trouve cette vision très équilibrée. Je pense que dans l'exercice libéral, on doit facilement avoir tendance à se perdre dans la spirale à la rentabilité, pour couvrir toutes les charges, qui augmentent comme on gagne plus, etc...

Écrit par : JP | 24/06/2006

Oui, je ressens clairement cette spirale.
Ce n'est pas facile de lutter contre...

Écrit par : Lawrence | 24/06/2006

Ca fait froid dans le dos de vous lire... Quelle époque !

Écrit par : gazelle | 26/06/2006

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