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21/07/2006
De garde ce soir.
De garde, donc, avec deux patients sous ma responsabilité (au lieu des 10 habituels).
A cause des vacances, de la canicule, on n’opère que les cas urgents.
La nuit devrait être tranquille.
Sauf que…
L’un des deux est le « cardiologue cardiaque ».
Tout d’abord, un aspect de la vie des médecins que je n’ai jamais abordé.
Je profite donc de cette note pour, en quelque sorte, rassurer les patients non-médecins.
Médecins et non-médecins sont certes, inégaux devant la maladie, mais pas en faveur de ceux que l’on pourrait croire.
Etre médecin est clairement un facteur de risque de complications à tout acte diagnostic ou thérapeutique.
Peut-être notre envie de trop vouloir bien faire devant un confrère malade, peut-être les interférences que le patient-médecin ne va pas manquer de produire dans le bon déroulement de la prise en charge, ou pour les croyants en un ciel ironique et distant, un pied de nez à l’avantage a priori logique d’être médecin et patient ; font que le patient-médecin est souvent parmi les plus mal géré par ses confrères.
C’est connu, j’ai des dizaines d’exemples en tête.
Je ne parle même pas du patient-médecin qui par sa formation sait tout de sa maladie, même les aspects les plus terribles, que l’on cache habituellement par humanité à nos autres patients.
Reprenons le cours de l’histoire.
Le « cardiologue cardiaque », entouré de toute la sollicitude de ses confrères (copains de promo) et du chirurgien cardiaque (ami et ancien correspondant) passe au bloc hier.
Comme je l’ai déjà dit, l’intervention était à haut risque.
Elle se passe néanmoins bien, la CEC est arrêtée, les canules ôtées et le thorax fermé. L’aide opératoire du chirurgien part (peut-être pour enfin pouvoir regarder l’enregistrement du dernier « l’île de la tentation »). Les cardiologues décident de faire une ETO pour vérifier la valve. C’est tout à fait inhabituel, on le fait en général à j7. Mais bon, c’est un copain de 30 ans.
A l’ETO, stupeur et tremblements, une des deux ailettes de la valve est bloquée en position fermée. Après un bref conciliabule, le chirurgien ré-ouvre avec son instrumentiste comme aide-opératoire. Cette dernière fait un geste un peu brusque, et arrache le pontage aorto coronarien qui datait de 2001. Hémorragie, ischémie, le chirurgien refait un petit pont et restaure la situation.
Bilan des courses : 2 CEC, re-pont, patient-médecin pas flambant.
Bref, encore un beau cas de l’adage « un médecin est un mauvais patient ».
20:20 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Mon Dieu quelle histoire !
Et le pont est fait avec quel vaisseau car y doit plus lui en rester beaucoup.
Écrit par : Esculape | 21/07/2006
En fait, anastomose entre un pont et celui qui a été arraché.
Mais techniquement, j'en sais pas plus...
Écrit par : lawrence | 22/07/2006
"Tu vois, le monde se divise en deux catégories ! Ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent.... Toi tu creuses !"
Écrit par : lawrence | 17/04/2007
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