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05/10/2006
Les bienveillantes : mi parcours.
Je donc suis à la moitié de ce voyage au bout de la nuit, et c’est le moment (étant donné la taille du pavé) d’en tirer quelques conclusions.
Le premier chapitre m’a beaucoup impressionné, tout ce que l’on dit que l’auteur a voulu mettre dans ce bouquin y est. (Périphrase un peu longue pour dire que l’on ne peut jamais savoir ce que l’auteur a voulu dire dans une œuvre, lui y compris).
Le livre aurait pu s’arrêter là, cela aurait fait une nouvelle merveilleuse.
De « Toccata » à « Sarabande » (chapitre en cours), défile une succession d’images tragiques, au mieux tragi-comiques décrites avec froideur.
A certains moments, j’ai cru que je m’étais trompé et que j’avais repris par erreur le « Hitler » de Kershaw. Les faits y sont décrits comme un historien le ferait. Ne vous attendez donc pas à de belles phrases délicieuses et virtuoses.
Ce serait plutôt :
« Le SS-Obersturmbannführer Müller pénétra dans le bâtiment de l’OKH, évacué la veille par le NKVD, et salua le Hauptman Orst détaché par l’Abwher auprès du Einsatzgruppe B en charge du secteur Caucase-Sud. Ses relations avec les autres membres du RSHA étaient déplorables.».
La phrase est de moi, ne la recherchez pas dans le livre, mais par moments, c’est tout à fait ça.
Quand aux horreurs décrites par le menu, elles ne m’ont pas particulièrement troublées ou fascinées (j’ai lu à ce sujet un article édifiant dans « Paris-Match »). « La liste de Schindler » et « Le pianiste » ont déjà tout dit de façon magistrale.
Je ne parle même pas du faux scandale de l’absence de repentance du héros (ancien SS, bien intégré dans la société française de l’après guerre). Je suis persuadé qu’un peu de scandale ne peut qu’être favorable aux ventes, et je suis certain de ne pas être le seul à y avoir pensé.
Le récit est tellement déshumanisé dans sa narration que l’on ne se rend presque plus compte qu’il est écrit à la première personne. Ce point de vue assez artificiel engendre une gêne cent fois moindre à celle que j’ai éprouvée en lisant « le Roi des Aulnes ». Là ou il n’y a pas identification (même minime), il n’y a pas de passion.
Enfin, le héros, membre de la SS, est homosexuel, comme on pourrait presque s’y attendre tant cette image est devenue un cliché depuis « Les Damnés » de Visconti. Pour l’instant, cela n’apporte pas grand-chose au récit.
En fait, je pense que pour être intéressé par ce livre (je ne parle même pas de l'aimer), il ne faut rien avoir lu, ni vu sur les atrocités nazies. Sinon, il n’apporte rien de plus a ce qui a déjà été dit et montré ailleurs.
Tout de même, la seule chose qui me semble notable dans ce livre est l’idée que quiconque peut devenir un monstre si les conditions s’y prêtent.
D’où la nécessité d’être sans cesse vigilant.
Plus jamais ça.
20:35 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
J'aime bien ton compte-rendu, je comprends ce que tu veux dire.
Un de mes collègues qui le lit est fasciné, emporté, au point qu'il m'a dit ce matin: après ce livre, on ne verra plus de la même façon le conflit au Proche-Orient.
(ah ?)
Un livre essentiel à mes yeux reste "Si c'est un homme" de Primo Levi, il a réussi à faire ce qu'il annonçait dans sa préface, présenter un document qui serve à une "étude dépassionnée de l'âme humaine" . Sa formation scientifique l'a conduit à un ton qui emprunte parfois au procès-verbal (et que l'on semble retrouver ici)... mais c'est vrai qu'il n'écrivait pas une oeuvre de fiction.
Écrit par : samantdi | 05/10/2006
Je viens de le recevoir ... un ami me l'avait conseillé, il m'a dit qu'il l'avait dévoré ... Je vais donc pouvoir me faire ma propre opinion :)
Écrit par : Emma la Violette | 05/10/2006
>Emma: Tu me diras ce que tu en penses...
Écrit par : lawrence | 06/10/2006
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