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06/10/2006

La buée dans les yeux.

medium_buee.jpgHier soir, j’ai accueilli un homme d’une cinquantaine d’année après un infarctus du myocarde assez important.

Je rentre dans sa chambre ; il est assis, entouré de sa femme et de sa fille.

Il est cadre supérieur dans une grande banque.

On discute de la rééducation et plus généralement de son séjour dans l’établissement.

Je lui fais remarquer que ce n’est pas le premier banquier que je vois avec un infarctus.

Malgré la totale absence de pertinence de cette remarque, l’atmosphère change brutalement dans la chambre. Ils se regardent, se figent imperceptiblement en baissant la tête.

« Peut-être vous souvenez vous de mon fils ? », les yeux embués et la voix cassée.

« Comme ça non, il travaillait avec vous ? »

« Oui, il n’est resté que deux jours ici, avant de retourner à l’Hôpital et … »

« Je comprends, je ne me souviens pas de lui, avez-vous une photo ? »

En disant ça, je me suis demandé pourquoi je l’avais fait. On agit parfois sur des impulsions mystérieuses.

La maman me tend un cliché : « C’est notre petit râleur ».

En le découvrant, je me suis remémoré : « Nous avons partagé un malheur commun. J’espère ne pas l’avoir fait resurgir  ».

« Vous savez, nous le ressassons tous les jours depuis 1 an et demi ».

Je suis sorti de la chambre avec le fantôme de ce qui s’était passé devant les yeux, je suis allé voir l’infirmière qui était aussi présente ce soir là.

Atteint d’une péricardite radique en stade terminal et inopérable, il n’avait pu quitter l’hôpital que deux jours pour venir s’échouer chez nous. Au bout de 48 heures, étouffant comme un poison hors de l’eau, il était reparti par le SAMU. Ils y étaient, moi aussi, il avait 20-25 ans. Tout m’est revenu progressivement, la tristesse au premier plan.

Ses proches en sont sortis brisés.

Ce matin, en faisant l’épreuve d’effort au papa, j’ai remarqué qu’il portait au cou le portrait de son fils gravé sur une médaille en or.

15:43 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Triste histoire.
J'aurais du rattraper mon retard en lisant les deux derniers billets dans l'ordre, ton commencement avec Sally est meilleur pour le moral....

Écrit par : Jacques | 08/10/2006

Les commentaires sont fermés.