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21/01/2007
L’inconnu.
Il m’a raconté une histoire assez étonnante.
Pour des raisons évidentes, je ne dévoilerai aucune identité.
Un immense écrivain de langue française arrive en urgence au CHU, accompagné de sa plantureuse attachée de presse.
Je sais à qui vous pensez, mais ce n’est pas lui.
L’écrivain en question est plus âgé (d’où la fracture du col), il est académicien (non plus: ni de la promo de cette année, ni des précédentes) et a remporté le Goncourt. Des écoles portent son nom.
Il arrive donc précédé par différents coups de fils passés par des amis à d’autres amis importants, afin de lui réserver le meilleur accueil possible.
On envisage de le coucher aux soins intensifs cardiologiques en attendant la prise en charge orthopédique.
Une bonne partie du staff médical de cardiologie le voit donc débarquer.
« Mais-qu’-est-c’est-que-ce-patient-qui-n’est-même-pas-cardiaque-vient-faire-dans nos-lits-et-en-plus-il-n’est-même-pas-célèbre,-dehors ! ».
Et donc, voilà notre pauvre célèbre fracturé qui se retrouve en transit pour un autre lit.
De tous les médecins présents, seul mon ami le connaissait.
Sachant mon admiration pour cet écrivain, il m’a donc appelé.
Avec son humour habituel, il m’a lancé en fin de conversation :
« Si tu es un peu fétichiste, je peux te faire parvenir sa radio du col numérisée ».
J’ai accepté, à condition qu’il me la dédicace.
Une remarque.
La cardiologie et l’orthopédie ne sont finalement pas si éloignées que cela, et coucher ce patient dans « nos » lits n’est pas si aberrant que cela si l’on compare la culture de leurs praticiens à la lumière de cette histoire (je sais, c’est facile et c’est un lieu commun de leur attribuer une certaine "frustritude" (ouarff). Tant pis). Personnellement, je l’aurais accepté, ne serait-ce que pour avoir une minuscule conversation avec lui. Bien sûr, ce n’est pas le médecin qui parle, mais le lecteur. Mon ami aurait fait de même.
J’étais quand même stupéfait devant tant d’ignorance devant un nom qui me semblait si immense.
Je raconte cette histoire autour de moi à la clinique, du genre « Vous vous rendez compte, c’est énorme ! Ils ne le connaissaient même pas ».
Et bien, ils ne le connaissaient pas non plus. Ils ont simplement remarqué que c’était bien fait qu’il se soit fait expulser des soins intensifs « car il y en a marre des passe-droits »
Je suis persuadé, mais je me suis tu, que ceux et celles qui m’ont dit cela seraient les premiers à me demander de passer quelques coups de fils pour faire hospitaliser « au mieux » leurs proches, par exemple Antonin, leur cousin germain "un peu" alcoolique ("comme tout le monde") pour son nième traumatisme crânien.
Edition 20h43: suppression de la majuscule à académicien (Cf. commentaires)
16:15 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
ALALALALALALA, comme il est dur de se conformer au secret médical !! Académicien, Prix Goncourt, Apprécié du Doc, est-ce celui qui fume le cigare à la Montée du soir, l'ami Henri ou l'époux de Madame Bâ ?!!!..... Dieu merci c'est un Immortel, ainsi j'aurais loisir de le découvrir.... un jour !!
P.S: Merci de me mettre sur ton testament pour la radio dédicacée ....
Écrit par : kropotkine | 21/01/2007
LOL!
Aucun des trois.
En fait, il est bien académicien, mais il n'appartient pas l'Académie avec une majuscule.
Ce n'est donc pas un Immortel.
Je n'ai pas essayé de faire le finaud. J'ai cru en écrivant la note qu'il était Immortel. Il ne l'est pas, il fait partie d'une autre académie, bien moins prestigieuse il est vrai.
Honte sur moi.
Je vais me répandre des cendres sur la tête, déchirer ma tenue bigarrée et m’en aller en poussant des cris.
Écrit par : lawrence | 21/01/2007
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