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31/03/2007

La garde.

Nuit bien agitée ce vendredi, après une nuit déjà blanche lundi. Et ce matin, astreinte à la clinique.

 

Cette nuit c’est un jeune homme de 28 ans qui a été réopéré pour une endocardite aortique récidivante.

Entrée au bloc à 8h00, sortie à 00h30.

Le chirurgien m’a tiré du lit pour faire une ETO (échographie trans oesophagienne)au bloc, parce que le patient qui s'y trouvait encore, se dégradait. En fait, sa réparation n’a pas tenu et une nouvelle fuite mitrale est apparue.

Vous allez me dire : fuite mitrale pour une endocardite aortique ?

Et oui, les appareils valvulaires, notamment leur squelette fibreux sont confluents. Les grosses endocardites bactériennes transforment les tissus de cette zone en carton humide sur lequel le chirurgien ne peut pas faire de points solides.

J’ai remis une voie centrale en réa et un cathéter veino-veineux pour une probable dialyse.

Cette nuit, j’étais plutôt content de faire ces gestes techniques sans anicroche. La suite a été un peu plus houleuse, et j’ai du augmenter toutes les amines pour lui maintenir une tension artérielle acceptable.

Ce n’est que ce matin, en discutant avec l’anesthésiste qui m’a relevé, que je me suis rendu compte que ce pauvre type n’avait que 28 ans.

 

Encore une fois, L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde.

En réa, je déshumanise complètement, car c’est la nuit, et mon contact humain se limite au personnel et à des patients intubés ou non, mais qui ont rarement envie de faire la conversation. Dans ce cas, le côté technique m’attire. Pas forcément monter (ou descendre) des tuyaux, mais optimiser un respirateur, un pacemaker externe ou changer les vitesses des pousses-seringues (en prévenant les infirmières, sinon ça les énerve).

Le jour, c’est l’inverse : assez peu de technique hormis les explorations complémentaires (échographies, döpplers, épreuves d’effort) pendant lesquelles on parle toujours. La plus grande part du métier reste relationnelle et clinique. J’aime beaucoup ce côté, même si il m’est probablement moins naturel que le premier.

Ce matin, je suis fatigué et j’ai envie de ne voir personne. Par contre, j’aurais volontiers curarisé certains patients pénibles (quelle belle invention, ce curare…).

 

Les deux côtés ne se portent pas ombrage, hormis qu’il m’est parfois difficile de compatir à ce que je considère être des petits bobos après avoir vu sortir dans les nuits précédentes des chirurgies cardiaque houleuses.

Et ce d’autant plus, qu’en cardiologie aussi, il existe de grandes tragédies.

 

 

 

°O°O°O°O°O°O°

 

  

Aucun lien avec ce qui précède, mais j’ai découvert depuis peu ce site.

Plein de livres en texte intégral : de Sun Tzu à Alain-Fournier.

 

 

 

 

Edition 19h02 à la suite du commentaire de Hellcat 

Commentaires

la cardio c'est super !!! mais fatigant ! deuxième problème la double face intéresse d'abord les patients: qui va bien le lundi peut ètre opéré le jeudi ! (surtout dans l'endocardite) et tout le monde l'oublie à l'heure de la médecine triomphante

Écrit par : doudou | 31/03/2007

Arff!
Non, je me suis mal exprimé.
L'anesthésiste essayait de stabiliser le patient au bloc.

Le chir m'a tiré du lit pour faire une ETO (petit détail que j'ai oublié ce matin, quand j'étais dans un demi coma). L'avantage d'avoir un cardio qui fait la garde est d'avoir un accès rapide à l'échographie.

Bon, c'est vrai, la voie centrale était dans la jugulaire, mais ça arrive à tout le monde!
Les anesthésistes-réa de chirurgie cardiaque du CHU sont tous fabuleux (les chirurgiens aussi).

Un Sudoku!
Arff arff arfff, ça sent le vécu.
;-)

Écrit par : lawrence | 31/03/2007

"Le chirurgien m’a tiré du lit parce que le patient, encore au bloc, se dégradait"
"J’ai remis une voie centrale en réa et un cathéter veino-veineux pour une probable dialyse."

Et l'anesthésiste qui s'est occupé de lui pendant le bloc il faisait quoi ? Un sudoku ? Si on a besoin d'appeler un cardio quand ça va mal, et qu'on laisse sortir le patient du bloc sans qu'il soit techniqué, je me fais du soucis pour ma spé...

Écrit par : Hell Cat | 31/03/2007

Enfin bon... Ca me parait tout de même bizarre ton histoire. Les anesthésistes en chirurgie cardiaque savent quand même faire des ETO pour la plupart (sinon il est quand même sacrément temps qu'ils s'y forment !). D'autant plus que beaucoup d'anesthésistes (et en particuliers ceux qui se destinent à la chirurgie cardiaque) possèdent le DIU d'échographie cardiaque (le même que celui des cardiologues).
Par ailleurs, une voie centrale dans la jugulaire... quel est le problème ?

Écrit par : Glurps | 31/03/2007

Dans mon CHU, aucun anesthésiste ne sait faire une ETO (contrairement à d'autres endroits). Quelques-uns ont passé le DIU d'écho, mais ils n'en font jamais.

Je pense que c'est surtout parce qu'il y a une grande symbiose avec le service de cardiologie (notamment avec souvent un interne de cardio en choix en réa) et qu'ils ont deux cardiologues dans le service (1 MCU et 1 CCA), et que le patron des échographies cardiaques a toujours refusé de perdre son monopole (je crois que c'est surtout pour cette raison ;-))

Pour ce qui est de la voie, elle était posée en sous clavier gauche (encore une omission dans mon récit...) et elle remontait très haut en jugulaire.

Bon, plus jamais je n'écrirai de note dans le coma, le résultat est vraiment calamiteux!!

Le lien vers les bouquins gratuits en ligne vous a intéressé, au moins?

Écrit par : lawrence | 01/04/2007

non non le résultat n'est pas calamiteux,après toujours les situations locales par chez moi aussi les anesthèsistes de chir cardio sont au bloc, la réa est faite par les cardios aussi bien en public qu' en privé, après l'echo comme le reste c'est l'intensité de la pratique qui compte

Écrit par : doudou | 01/04/2007

"Un Sudoku!
Arff arff arfff, ça sent le vécu."

Je tiens à dire que je n'ai jamais de ma vie joué à ce jeu, et que je tiens à garder cette originalité !

Écrit par : Hell Cat | 01/04/2007

Arf, visiblement les anesthésistes (ceux d'un certain âge) sont partout les mêmes, c'est à dire d'excellent marchand de sables (je leur retire le titre de réanimateur en chir thoracique tant que pour eux oligurie sera synonyme de lasilix) et chez nous également le suivi se fait par les cardiologues qui mangent de l'ETT et de l'ETO toute la journée... Quand ça dérape en réa de chir thoracique ça finit en réanimation médicale (d'ailleurs souvent pour traitement d'une insuffisance rénale fonctionnelle suite à des diurétiques... ou nécrose tubulaire...). En revanch, en réanimation, les quelques anesthésistes de l'équipe (pluri-disciplinaire) font de l'écho mais je pense que c'est illusoire de demander à quelqu'un qui n'en fait pas très régulièrement d'être aussi performant qu'un cardiologue ou anesthésiste (mais c'est plus rare voire inexistant :) pour évaluer des dommages valvulaires avec précision. Ca a d'ailleurs valu quelques engueulades entre Réanimateurs tout puissants pensant faire de l'échographie comme des dieux et vieils internes de cardio destinés à en faire beaucoup et très bien formé...

Bref, à chacun son boulot, je trouve ça tellement rassurant de pouvoir appeler un collègue qui s'y connaît mieux sur un domaine plutôt qu'avoir à faire du bidouillage dans mon coin... L'amour-propre peut tuer un patient dans certaines conditions...

Écrit par : Jean Balaya | 02/04/2007

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