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24/06/2007
Le temps passe.
Le temps passe très vite pour le cardiologue car les techniques dont il dispose ont littéralement explosé depuis quelques années.
Le problème est que ces progrès fulgurants ont en laissé pas mal sur le chemin.
En rangeant mes papiers, j’ai retrouvé un courrier adressé par un confrère à mon ancien patron. J’avais photocopié le courrier et la réponse de mon patron alors que je musardais au secrétariat, tant je trouvais l’une et l’autre assez fabuleuses dans leurs genres.
Malheureusement, je ne peux pas la retranscrire, car même si je la rends anonyme, son style et l’histoire de la patiente pourraient facilement être identifiés par son rédacteur, si hasard improbable, mais non impossible, il me lisait.
Pour résumer, une patiente de 25-30 ans est régulièrement suivie par son cardiologue pour une « légère augmentation du gradient moyen trans-aortique ». Par ailleurs, il suspecte une malformation assez commune de la valve que l’on nomme bicuspidie.
La mesure du gradient était (et reste encore un peu) le moyen de savoir si une valve aortique est rétrécie ou non.
Pour donner une idée, si le gradient moyen était supérieur à 50 mm Hg, on posait une indication opératoire. C’est ce que j’ai appris à la fac, et qui maintenant est devenu partiellement caduc car on privilégie la mesure de la surface fonctionnelle de la valve (et mieux, on l’indexe à la surface corporelle).
Mais ne rentrons pas dans les détails…
Bref, le brave cardiologue est visiblement inquiété par ce gradient car il reconvoque la patiente plusieurs fois et il note dans son courrier que l’on a déjà contre indiqué une tocolyse pour sa première grossesse à cause « de ce problème cardiaque ».
Seconde grossesse en cours, inquiétude de la part de tout le monde : gynéco, anesthésiste… Tout cela « à cause de ce problème cardiaque », encore une fois.
Il demande donc un deuxième avis à mon patron.
Quel est donc la valeur de ce gradient moyen qui fait reculer tout le monde d’effroi ?
Et bien il est compris entre 4 et 6 mm Hg selon les examens, et comble de l’horreur, il est passé de 4 à 6 mm Hg au cours de la surveillance.
Les cardiologues qui me lisent savent que ces valeurs sont parfaitement normales et que, de plus, la grossesse a tendance à faire augmenter le gradient moyen du fait de la majoration du débit cardiaque (2 organismes à nourrir au lieu d’un).
Donc cette patiente n’a strictement rien.
La réponse de mon patron, après avoir échographié la patiente est grandiose, bien à son image : une lettre « diplomatique » mais brève où il précise que l’état de cette jeune fille ne l’inquiète pas et un compte rendu d’examen remarquable de concision :
- Ventricule gauche de taille et de cinétique normales
- Pas de bicuspidie aortique, valves normales
- Pas de fuite ni de sténose significative.
« Mene, Mene, Tekel, Parsin »
18:32 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
J'en apprends toujours avec ce blog. Je ne savais pas ce qu'était une tocolyse et j'ignorais le sens de cette peinture et du Mene,Mene,Tekel,Parsin. Par contre, je me demande pourquoi Mene est répété...
Écrit par : Merlin | 24/06/2007
Petite explication récupérée sur biblegateway.com (qui cite la version "La Bible du semeur"):
"Daniel 5:25 Il a été compté:... sicles. En araméen: Mené, mené, Téqel, et Parsin. Les deux premiers termes sont des homonymes: il vaut mieux considérer le premier mené comme une forme du verbe compter; les trois autres termes sont des noms de monnaies. A partir de ces trois noms de monnaies, Daniel délivre un triple message, en procédant par jeux de mots avec ces noms (v.26-28); ainsi le nom de la mine est homonyme à la formule verbale: il a été compté. Le nom du sicle fait jeu avec le verbe peser. Le nom du demi-sicle fait jeu à la fois avec le verbe diviser et avec le nom des Perses."
Je pense donc que c'est un "simple" jeu de mot
Écrit par : lawrence | 24/06/2007
Beaucoup de mots, beaucoup de comment,
quand la science toute savante,
examine les excréments.
Mais rien de sale en cela,
c'est juste l'art de la vente,
et l'utilisation de la peur de l'au-dela.
Écrit par : temps | 24/06/2007
c'est un des problèmes de la médecine knockienne si reposante par ailleurs pour le corps et l'esprit: on finit par croire aux bétises que l' on profère !
Écrit par : doudou | 26/06/2007
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