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20/08/2007

Cadeau.

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Que font les cardiologues la majorité de leur temps de consultation ?

 

Et bien, nous pratiquons le difficile art de rassurer l’anesthésiste au cours de nos « avis cardiologiques pré opératoires ».

Les anesthésistes déclinent sans fin leurs angoisses existentielles à tous les temps :

  • L’ai-je bien fait ?
  • Le fais–je bien ?
  • Le ferai-je ?

 

Ils ont souvent besoin d’un doudou qui les rassure, d’un parapluie qui leur évite d’être mouillés et d’une bassine en argent pour se laver les mains.

 

Si le cardio a dit qu’on pouvait l’endormir, ça me rassure (doudou).

De toute façon, si ça se passe mal, il a dit qu’on pouvait y aller (parapluie).

Ca c’est mal passé, mais le cardio avait donné son aval (bassine en argent).

 

Nous sommes tout cela à la fois.

Nous évaluons le patient et de notre pouce, indiquons si il pourra supporter une anesthésie en l’état, ou si nous demandons des examens complémentaires, voire le traitons de manière préventive.

Assez souvent, cette décision difficile nous est demandée la veille ou l'avant-veille de l’intervention, surtout si c’est un grand professeur qui officie et/ou si l’intervention est vitale (mais pas trop, sinon on se passe de notre avis).

Difficile de programmer une échographie dobutamine dans la nuit qui précède l’intervention, ou d’administrer 10 jours de bêta-bloquants sur 12 heures…

 

Par ailleurs, plus le temps passe, plus les indications de l’avis cardio s’élargissent.

Durant mon assistanat (2002-2004), c’était typiquement l’anévrysme de l’aorte abdominale chez un patient coronarien âgé et polyvasculaire.

Maintenant, je vois assez souvent des jeunes hommes ou femmes de 20-35 ans, sans antécédent, facteur de risque ou traitement particulier référés avant une anesthésie générale pour avulsion dentaire. D’ailleurs, curieusement, le courrier de l’anesthésiste se résume alors souvent à un formulaire pré rempli signé et complété par une infirmière (quand elle y pense).


Mais attention, pas de sarcasme facile, il ne faut pas sous estimer les risques cardiaques d’une telle intervention !

Ce sont tout de même des dents de sagesse ! De grosses quenottes, avec de très très grosses racines !

Le cœur pourra-t-il supporter l’induction puis l’effort de traction effectué par le stomatologue ?

Le plus simple est donc bien de demander au cardiologue.

 

Est-ce dû à un micro-climat spécifique aux anesthésistes de stomatologie dans mon CHU ?

J'espère que oui, sinon l’évolution de l’anesthésiologie risque d'être la suivante:

 

  • D’abord l’avis cardio pré anesthésique à tout patient porteur d’un cœur. On ne sait jamais, tout patient à endormir est un cardiaque avéré ou potentiel.
  • Puis dans quelques années, on nous demandera carrément de les endormir.

 
Ca me plairait pourtant bien d’endormir un anesthésiste du bloc de stomatologie pour une avulsion de 4 dents de sagesse.

J’utiliserai des doses homéopathiques de morphiniques/BZD.

On ne sait jamais, vous savez, les risques cardiaques…

 

Vous devez vous demander ou se trouve le cadeau dans cette note douce-amère ?

 

Il est .

C’est tout ce qu’il faut savoir pour donner un avis cardiologique pré-opératoire.

22:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Tiens, je suis déçue, je n'avais pas eu droit à une consult cardio avant mon opération des dents de sagesse ;-)

Écrit par : Sevi | 20/08/2007

Je vous prescris (sans t) Irving et L'oeuvre de Dieu, la part du Diable en lecture, ça devrait vous plaire (avec un maigre rapport à cette note). Tout le monde ne lit que le monde selon garp, ce qui est dommage. (L'épopée du buveur d'eau vaut le détour également)
J'ai aimé les deux murakami aussi.

Écrit par : Brg | 20/08/2007

ça doit être spécifique aux anesthésistes de stomato de ton chu.

Si ça peut te rassurer, on répète très très souvent aux jeunes internes d'anesthésie, que l'avis cardio, ce n'est surtout pas pour demander si on peut endormir le patient, ça c'est notre boulot de le décider.
Ne désespère pas, bientôt tous les vieux anesthésistes CES planqués seront partis à la retraite, et il n'y aura plus que des jeunes loups ayant masterisé l'internat ;)
(blague à part je pense vraiment qu'il va y avoir une bonne mutation dans l'anesthésie française dans les dix ans qui viennent, actuellement les postes d'anesthésie partent bien avant les postes de chir au concours, les chir vont donc moins la ramener, l'ambiance au bloc va changer et les anesthésistes seront moins aigris, plus épanouis et donc meilleurs)

Écrit par : Hell Cat | 21/08/2007

"Est-ce dû à un micro-climat spécifique aux anesthésistes de stomatologie dans mon CHU ?"

Je dirais aussi que c'est assez spécifique.
L'ECG fait partie des examens pré op, le compte rendu cardio également, mais ce n'est pas lui qui indique ou non l'anesthésie. Cela fait partie des données que le MAR peut avoir en main pour décider de la conduite à tenir (AG, ALR, récusé, reporté...). En particulier en stomato. Lorsqu'il y a pathologies cardiaques préexistantes, ce sont d'autres examens complémentaires qui sont joints au dossier (FeVG...) qui là encore permettent au MAR de décider. Evidement si c'est en service de chir cardio, la collaboration est différente, mais c'est plus pour discuter des indications opératoires que des techniques anesthésiques (ils en ont encore plus l'habitude pour les cardiopathes).

En plus, je ne vois pas comment ce serait défendable :
"Le cardio a dit qu'on pouvait l'endormir"
"Oui, mais le cardio vous renseigne sur la pathologie de sa spécialité, la vôtre, c'est de savoir si c'est compatible avec l'anesthésie"
Je vois plus trop à quoi il sert le MAR sinon, parce que pour pousser sur les seringues et mettre le tuyau il y en a aussi d'autres.

Écrit par : Trublion | 23/08/2007

Les commentaires sont fermés.