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02/10/2007

Friends with benefits.

J’ai trouvé un article dans le NYT, qui traite de la notion de « friends with benefits » en faisant référence à un papier publié le 13 septembre dans Archives of Sexual Behavior.

Je connaissais cette expression, comme tout amateur d’Alanis Morissette, mais je ne voyais pas trop les tenants et les aboutissants.

 

 

 

Comme j’ai accès au « Full Text » de Archives of Sexual Behavior  (merci XW), je me suis lancé dans la lecture d’un article d’une revue fort éloignée de Circulation, du JACC, du NEJM, et de l’EHJ.

 

Pour donner une définition simple, avoir un/une « friend with benefits », c’est avoir des relations sexuelles avec un/une amie, ce qui, par définition exclut a priori une relation amoureuse. Ce n’est donc pas une relation amicale qui va évoluer en relation amoureuse. D’ailleurs vous allez voir que cette évolution est assez rare.

 

Ce travail se compose de deux sous études (la première regroupant 125 personnes, la seconde 90) faisant partie d’une grande université américaine.

 

Le phénomène des friends with benefits (FWB pour faire pro) est assez fréquent, puisque 60% des étudiants américains en faculté ont/ont eu une telle relation.

 

Dans l’immense majorité des cas, la relation sexuelle est menée à son terme, il ne s’agit donc pas d’en rester aux préliminaires.

Enfin, cette relation est quasi exclusivement hétérosexuelle (1.3% de relations homosexuelles et 0% de bisexualité). Je trouve ça un peu curieux (si quelqu’un a des hypothèses, je suis preneur).

 

Comme pour l’amitié, et contrairement à la relation amoureuse, l’exclusivité n’est pas la norme. On peut parfaitement avoir plusieurs friends with benefits. 

 

Quels sont les avantages ?

·        l’absence d’engagement (largement en premier),

·        la relation sexuelle en elle-même

·        le fait de savoir que l’on peut faire confiance en l’autre

·        le fait de rester célibataire (et donc de pouvoir aller voir ailleurs)

·        en bon dernier : rapprocher les amis

 

Quels sont les inconvénients ?

·        développer les sentiments amoureux asymétriques

·        dégrader la relation amicale

·        provoquer des réactions négatives (souffrance, jalousie…)

·        absence d’engagement

·        conséquences négatives de la relation sexuelle (IST, grossesse non désirée)

 

Que deviennent à la longue ces relations amicales un peu particulières ?

·        Dans 28.3% des cas, elles restent stables,

·        dans 35.8%, les amis le restent mais arrêtent leurs relations sexuelles,

·        dans 25.9%, ils cessent toute relation

·        dans 9.8%, cette relation évolue vers un sentiment amoureux.

 

Les auteurs se sont ensuite intéressés à la façon dont les couples d’amis franchissaient le Rubicon, comment ils se sont mis à en parler. En fait, dans la plupart des cas (84.4%), ils n’ont trouvé aucune origine particulière.

En interprétant beaucoup, je dirais que ça c’est fait de manière « naturelle ».

Parlent-ils de leur relation ensemble ? Dans l’immense majorité des cas, non.

Là aussi, en interprétant, je pense qu’ils ont peur de briser un équilibre qui leur semble à la fois rare et précaire. Etant donné les 35.8+25.9 % de fois ou cette relation se brise, ils n’ont pas forcément tort.

 

Cet article m’a beaucoup intéressé. Pour deux raisons.

La première est personnelle, avant de connaître Sally, j’étais un grand spécialiste pour réussir à transformer des filles qui me plaisaient en amies qui me racontaient leurs déboires sentimentaux. Sans fausse modestie, j’avais élevé le « râteau » au niveau d'une œuvre d'art. Délicate comme un Watteau et coupante comme une lame de rasoir. Je me souviens ainsi d’avoir couché dans le lit d’une brillantissime et désirable fille aux jambes interminables. On parlait durant des soirées entières de Baudelaire, de l’internat (on venait juste d’avoir nos résultats) et du type dont elle était amoureuse.

Quand j’y pense maintenant…

 

La seconde raison est que je pense que ce phénomène ne va pas rester cantonné aux campus américains, et qu’il va probablement se développer chez nous (si ce n’est pas déjà fait). Il reflète en effet les craintes et aspirations profondes de la société, et des jeunes gens en général : peur de l’autre/de l’inconnu (les années SIDA), volonté de ne pas s’engager (vous avez probablement remarqué qu’on nous le serine presque à chaque spot publicitaire : « contrat sans engagement… »…), et malgré cela, l’envie de vivre une sexualité épanouie.

Avoir le beurre et l’argent du beurre, en somme.

 

C’est louable, et à première vue, je trouve cette formule assez sympa. Mais en y réfléchissant un peu, cette évolution qui est le reflet d’un malaise profond aura par soi même des conséquences qui ne feront d’augmenter ce même malaise.

En caricaturant, on ne « couchera » plus qu’entre soi, et l’amour sera considéré comme un sentiment un peu superflu, voire nuisible. Et les enfants dans tout cela ?

 

Des relations sexuelles stériles endogames et surtout totalement dissociées d’un quelconque sentiment amoureux, est-ce donc l’avenir ?

Commentaires

Et si le mot procastination
était la solution.
Et si FWB et procrastiner étaient similaire.
Acting out et procrastination, l'excès en tout est un défaut.

Mais je peux me tromper.

Écrit par : Dr Ventouse | 02/10/2007

Lu la note de Delphine... ouch. Qu'est ce qu'on peut dire dans ces cas là ?

Heureusement pour ma santé qu'il y a des gens qui préfèrent lire des livres, /même dans ces cas là/

Écrit par : Brg | 02/10/2007

A chaque fois que je relie la note sur Delphine je me pisse dessus (MDR comme on dit sur le web)... mais c'est pas le sujet.

Je savais pas du tout que ce phénomène était aussi généralisé (aux USA du moins semble-t-il), je pensais que c'était exceptionel. J'vais p't être repenser certaines de mes relations alors ^_^.

Soit dit en passant je pense pas que ce soit nouveau, y a-t-il des traces dans l'histoire ?

Écrit par : Niluje | 03/10/2007

Je dirais plutôt que c'est comme aller voir une prostituée de temps en temps, ça permet de se vider les c..... Mais avec de gros avantages:
- C'est moins cher
- C'est moins glauque et moins risqué
- C'est plus agréable avec quelqu'un qu'on connaît et apprécie.
Pour les femmes, le besoin de sexe se fait sentir un peu différemment de chez les hommes mais elles ne vont pas voir de prostitués en général. On pourrait se dire qu'elles peuvent plus facilement se trouver un "coup d'un soir" mais il ne faut pas être difficile (cfr glauque).

Bref, ce n'est pas satisfaisant mais ça permet d'adoucir le célibat je suppose.

Il y a un bel exemple de ce type de relation dans "Dr House" mais je crois que c'est dans les dernières saisons. Attention donc, si vous ne voyez pas de quoi je parle, la suite sera un spoiler.
Cameron et Chase ont déjà couché une fois alors que Cameron était droguée. Ensuite, elle propose à Chase d'avoir une relation FWB. Chase développe une relation amoureuse et demande "plus" à Cameron qui l'éconduit et met fin à la relation. A mon avis, ça va finir par une vraie relation dans les prochains épisodes...

Écrit par : Merlin | 03/10/2007

Dans mon groupe d'amis on traduit "friend with beneficits" (expression que je ne connaissais pas d'ailleur) par "copain calin".
Et je confirme que ça existe en france.


[J'adore le côté "sous entendu" de mon commentaire !]

Écrit par : Hell Cat | 03/10/2007

>Hell Cat: et alors, tes impressions? (ou celles de tes copains...).
La traduction "copain calin" me semble parfaite!

Écrit par : lawrence | 03/10/2007

En d'autres mots: fuck friend.
Celà existe en dehors des campus je te rassure.
Et à mon avis: celà à toujours existé.

Écrit par : Catherine_6248 | 04/10/2007

>catherine_6248: je veux bien le croire, mais ce qui est nouveau, c'est sa diffusion.

Écrit par : lawrence | 04/10/2007

ou sex/fuck buddy
pourquoi serait-ce le reflet d'un malaise qui va s'aggraver ? pourquoi toujours lier le rapport sexuel a l'amour, au couple et a la fidelite ?
ca peut etre un moment agreable, plein de bonnes sensations a partager avec quelqu'un de confiance et sur la meme longueur d'ondes
quant a la perennite de l'espece, on est deja sur la mauvaise pente de toute facon, non ?

Écrit par : nine | 04/10/2007

>nine: ce n'est pas le rapport sexuel qui m'inquiète. De ce point de vue là, chacun fait ce qu'il veut. Mais c'est la fuite des responsabilités et le repli sur la tribu/le groupe qui m'inquiètent un peu.
Individuellement, je ne nie pas que ça puisse être sympa...

Écrit par : lawrence | 04/10/2007

Je vois plus ca comme un etat passager, une facon d'adoucir le celibat comme dit Merlin.
Et ca ne concerne que les occidentaux, la grande majorite de la population humaine n'en est pas la, non ?
PS: je vois qu'il y a autre chose que Placebo dans ta culture musicale !

Écrit par : nine | 04/10/2007

>nine: oui, heureusement, ce sont des monomanies temporaires...
Mais il faut bien dire que la musique est quand même le parent pauvre chez moi...

Écrit par : lawrence | 05/10/2007

les valeureux explorateurs que j'ai interrogé avaient trouvé la vie de campus surtout sexuelle très exotique pour des francais(ie les nuances de la débauche puritaine),plus que l'article c'est la questionnement qui apparait délirant de loin :mon cher collègue croyez vous possible que nos étudiants aient des relations sexuelles sans sentiment amoureux ? je ne sais pas faisons une étude...

Écrit par : doudou | 06/10/2007

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