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11/10/2007

Les meilleurs chirurgiens savent ne pas opérer.

Je suis depuis 2004 une patiente diabétique et polyvasculaire de 78 ans.

Quand on s’est connus, j’avais fait dilater son artère iliaque externe droite pour une claudication intermittente.

Depuis lors, elle cavale en ville et mes contrôles döppler sont satisfaisants.

 

Au cours de l’été, elle se plaint soudain d’une claudication intermittente assez serrée (stade de Leriche IIb).

Je fais un döppler : occlusion de la fémorale superficielle droite avec une mauvaise reprise poplitée et sténose serrée de la fémorale superficielle gauche distale. Les IPS sont à 0.6 au repos.

Je documente le tout en vue d’une intervention (examen fonctionnel des coronaires parfait, test de marche confirmant la sévérité des symptômes, döppler TSAO satisfaisant, bilan biologique satisfaisant) et je l’envoie à un PH de chirurgie vasculaire que je connais bien (je fais des döpplers dans le service).

J’avoue que la perspective d’une intervention ne m’enchantait pas, mais son périmètre de marche était vraiment serré.

Puis de façon assez inattendue, elle se remet progressivement à trottiner comme avant.

Je maintiens le rendez-vous pour voir ce que le chirurgien va en penser.

Elle y va, et il opte pour la poursuite du traitement médical, et une réévaluation dans 3 mois.

Son idée est qu’elle ouvre progressivement ses collatérales, et que son artériopathie se compense doucement. Etant donné son âge et ses co-morbidités (qui ne sont pas majeures, toutefois), il préfère surseoir à l’intervention.

J’applaudis des deux mains, mais c’est vrai que c’est difficile de le faire avec une seule…

 

Je l’ai revue en consultation lundi dernier, tout va bien.

 

Je me suis alors demandé combien de chirurgiens auraient opté pour cette prise en charge non invasive.

Probablement assez peu, et encore moins dans le privé.

Je ne diffame pas, je le constate tous les jours à l’hôpital et en clinique. Je n’ai aucun parti pris, je travaille dans les deux secteurs, bien que par mon éducation, je sois très attaché au service public. J’envoie donc mes patients indifféremment en clinique ou à l’hôpital en fonction de leurs désirs et de ce que je sais de leur prise en charge future.

A l’hôpital, je suis certain que le côté financier ne rentrera pas en compte, et que le patient sera « cadré » (parfois un peu trop, pour faire de la « science »…) mais par contre le service public n’arrive pas à la plante des pieds du privé pour son efficacité et l’hôtellerie. C’est un peu caricatural, il y a pas mal d’exceptions mais c’est quand même un peu ça.

 

Combien de fois j’ai vu/je vois des chirurgiens ou des cardiologues interventionnels (privés et publics) faire un acte, au « mieux » pour faire plaisir au correspondant ou faire de la science, au pire pour leur enrichissement personnel ?

 

Le choix d’un cardiologue traitant doit aussi se faire en fonction des gens avec qui il travaille.

C’est même presque le critère plus important.

10:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

ok sur la fin le choix minutieux de nos correspondants est un élément important de notre travail, la qualité de nos relations au quotidien aussi,pour l'artériopathie c'est simple le coeur parfois plus dur un vieux cardiologue pose les indications et se fait rarement contrarier par ses chirs mais c' est parce qu'il a raison !!!!!mais l'information éclairée due aux patients qui implique un nouvel exposé de leur évolution sans op peut les faire changer d'avis ....
j'ai une vision moins angélique du public ,l'argent intervient autant ou presque par le biais du privé consult ou op et les enjeux de pouvoir peuvent aussi peser dans les indications :je fais plus d'aorte que celui d' en face donc vous rénovez mon service d' abord,j'attirerai plus les internes ..;

Écrit par : doudou | 13/10/2007

Les commentaires sont fermés.