Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Aider (5). | Page d'accueil | Six mots. »

12/04/2008

Petit dictionnaire médico-technocratique (8)

Une seule entrée aujourd’hui pour ce dictionnaire, mais quelle expression !

 

On va gérer le problème en interne.

Je défie quiconque de parvenir à appréhender l’ensemble du champ sémantique qui se cache derrière cette expression.

 

Se dit d’une situation trop gênante, trop délicate à faire connaître au « siège », ou trop coûteuse à « externaliser ».

Un synonyme pourrait être « laver son linge sale en famille », mais il me semble encore bien trop restrictif.

 

Trois exemples :

 

Un patient violent et alcoolique se bat avec un autre (pas de chance, l’autre est un ancien taulard et il l’a mis minable), et insulte tout le monde.

Le médecin décide de le faire sortir sur le champ, mais le patient refuse catégoriquement. Et nous ne voulons pas avertir la police.

Devant cette situation inextricable, on contacte la direction qui décide de « gérer le problème en interne », c'est-à-dire de transférer l’importun dans un autre établissement du groupe.

« Gérer le problème en interne » signifie ici « déplacer le problème ».

 

J’ai aussi entendu cette expression dans une histoire de plateaux repas kaschers que nous n’avons pas pu fournir à un patient israélite durant les premiers jours de son séjour.

Gêné par cette situation, je vais voir la direction qui me répond « qu’on gère le problème en interne ».

Ah bon ? On a engagé une escouade de rabbins du Consistoire pour faire la cuisine et vérifier que tout était correct ? En cuisine, je n’ai pourtant vu aucun gros barbu jovial virevoltant au milieu du fumet capiteux d'une carpe farcie, tout en sifflotant gaiement un air de « Un violon sur le toit ».

Le patient, de bonne volonté, a finalement accepté de manger non kasher durant ces quelques jours.

« Gérer le problème en interne » signifie ici « ne pas s’occuper du problème, mais on fait comme si ».

 

Enfin, on « gère le problème en interne » assez souvent lorsque l’on veut faire des travaux de moyenne importance, sans faire appel à une entreprise extérieure.

On confie alors la tâche à l’équipe technique, deux sympathiques bricolos du dimanche.

« Gérer le problème en interne » signifie ici « faire le travail en sagouin ».

Commentaires

Plus la situation est minable, plus on "l'habille" d'un langage ronflant . Il n'empèche que, dans la majorité des cas, bricoler une solution reste bien plus efficace que de faire appel aux autorités . La plupart du temps l'alternative ne se pose même pas, leur vitesse de réaction les mettant, de toute façon, hors jeu .

Écrit par : rodrigue | 12/04/2008

Bonjour à vous,

Il me plaît de penser que cela puisse prendre cet autre sens :
"Gérer le problème en interne" pourrait vouloir dire... à la manière d'un Interne !
Ce qui, notons-le, ouvrirait évidemment la porte à moults autres interprétations allant de la plus franchement admirative à la plus ouvertement vacharde, non ?

Écrit par : ELKABOS | 12/04/2008

autres variantes,gérer le problème en interne c'est interlocuteur au choix directeur,directrice des soins infirmiers voire directeur des services techniques
-je vous dis non et allez voir plus haut si celà se passe mieux !
-je vous dit oui et celà n'aura strictement aucun effet !
-je vais trouver un nouveau bouc émissaire
-je vais trouver un nouveau problème très important qui effacera celui en cours (exemple une question sur la sécurité des urgences entraine une note de service sur la fin de la délivrance des tickets repas à l'unité, tache dépassant les capacités de l'accueil et donc expliquant les récentes bagarres )
on pourrait ouvrir un chapitre catégoriel ,j'aime beaucoup le commentaire d'Elkabos :à la manière d'un interne,avant mes cheveux blancs j 'aurais dit avec la bande sur place et pas obligatoirement de garde résoudre les problèmes des malades difficiles le plus complètement possible tous seuls sans appeler papa maman en se contrefoutant totalement des administratifs et des susceptibilités des patrons voire parfois en hurlant un peu mais juste pour la bonne cause....

Écrit par : doudou | 12/04/2008

Thésaurisant avec assiduité et bonheur les concepts pertinents du dictionnaire médico-technocratique et suivant le sage enseignement de maître Lawrence qui nous apprenait voilà quelques lunes cet aphorisme confucéen: "J’écoute et j’oublie. Je regarde et je me souviens. Je fais et je comprends", j'ai l'honneur d'apporter ici un bel exemple "d'internalisation de problème" par un personnel médical hautement qualifié, maître de ses réflexes. En effet, en radiologie centrale et par une nuit de printemps, un interne de 4e année expliquait gentiment à un "patient" que l'examen demandé n'était pas une urgence et qu'il gagnerait donc du temps (si j'ose dire) à prendre un rendez-vous. Sur ce s'installèrent de manière aiguë dyskinésies, agitation verbale, chorée menacente, hémiballisme injurieux, mouvements saltatoires.... bref, le patient s'étant impatienter jusqu'à évoquer la maman de notre ami radiologue, ce dernier décida d'offrir au malade un forfait "PU/clichés standards" et donc "de régler le problème en Interne" par un coup de boule bien placé. Moralité: L'éthique et la déontologie c'est bien, le coup de boule face au con, c'est mieux !

P.S:Pourriez-vous m'apporter des précision quant à l'épaisseur de ce docte dictionnaire. Peut-il par exemple être utilisé tel un annuaire de commissariat contre ses rédacteurs ?

Écrit par : kropotkine | 13/04/2008

Salut,
Constatant ton niveau academique (oui, j'ai bien ri!) sur les termes technico technochratico-medico-para-doxaux, j'aurai aimé une analyse de ta part,
pourrais-tu expliquer cette phrase?

"Les urgences, c'est pour ceux qui ont mal"

Contexte:
c'est ce que m'a dit la receptionniste des urgences en place ce jour à H Herriot,
J'avais une lombalgie aigue particulierement douloureuse et j'ai du ramper(litteralement) à certains moment pour aller à l'hopital.
Quand elle m'a dit ça, dans un geste de desespoir, j'ai levé les yeux vers le ciel, et là, j'ai vu le poster en vogue depuis un moment dans les hopitaux, celui qui dit que les medecins ne sont pas la pour subir des agressions et qu'il m'en couterai tres cher si je reagissais impunement.
Le ciel avait donc parlé, et au bout de 6h00, une piqure et 15 min plus tard, j'etais dehors.
Toutefois, cette phrase m'est resté sans reponse contrairement à une celebre enigme oedipienne.

Écrit par : Rvb | 11/12/2008

Aaaah, les urgences d'E. Herriot, mes plus belles années d'externe!
Mais tu auras pu le constater, c'est partout pareil!

Écrit par : lawrence | 11/12/2008

Les commentaires sont fermés.