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25/04/2008
Ad augusta per angusta.
La FDA a proposé à la réflexion de tous, une proposition de texte qui permettrait à l’industrie pharmaceutique de diffuser aux médecins, sous certaines conditions, des informations médicales sur des indications thérapeutiques hors AMM.
Un paragraphe (le FDAMA sec. 401) permettait déjà de le faire dans des conditions bien moins définies jusqu’au 30 septembre 2006. Le texte proposé par la FDA est plus restrictif. Il exige notamment que les revues d’ou sont issus les tirés-à-part comportent un comité de relecture, que les conflits d’intérêts entre auteurs, journaux et firmes pharmaceutiques soient scrupuleusement notés, et enfin que la publication des articles suive une procédure spécifique.
Quels sont les arguments en faveur de ce texte ?
D’abord, l’accès plus rapide des médecins à certaines informations scientifiques, qui pourraient être bloquées par l’embargo de la FDA sur les informations concernant les indications thérapeutiques hors AMM. Ensuite, certaines firmes avaient déjà largement écorné le fameux paragraphe 401, sans pour autant en subir la moindre conséquence judiciaire. Un nouveau texte, un peu moins flou et directif permettrait ainsi de recadrer un peu ces pratiques.
Quels sont les arguments contre ce texte ?L’argument principal est que les deux conditions principales exigées par le projet de texte de la FDA, c’est à dire le comité de lecture et la déclaration des conflits d’intérêts sont parées de « pouvoirs spéciaux » qu’elles n’ont pas. Autrement dit, que ces deux conditions sont dérisoires contre la tentation que pourraient avoir les firmes de désinformer les médecins.
Je vous laisse lire les deux textes (un pour et un contre) ainsi que la proposition de la FDA, afin de vous faire votre opinion.
La question centrale que pose ce débat est finalement l’inféodation de notre droit de prescription à la tutelle. Faut-il accepter de prescrire systématiquement « dans les clous », et suivre à la lettre les recommandations de l’HAS dont nous sommes inondés ?D’un point de vue médico-légal, certainement, mais d’un point de vue purement médical ? Vous savez tout aussi bien que moi qu’un patient ne se laisse pas facilement classer, ordonner.
Le débat est vaste et ouvert, mais il me semble que ce serait aller de Charybde en Scylla que de passer de la tutelle étatique, au tutorat « bienveillant et convivial » des firmes pharmaceutiques.
Par ailleurs, derrière cette histoire de tirés-à-part, se profile une bien triste réalité : très peu de médecins lisent des articles scientifiques. Je ne parle pas bien sûr des articles de Cardiologie Pratique supplément TV, mais d’articles publiés dans des revues ayant une indépendance minimum, et un comité de lecture digne de ce nom.Tout est bon pour justifier cet analphabétisme médical : manque de temps, articles le plus souvent en anglais, le coût de l'abonnement, le ras le bol d’apprendre encore après 10-15 ans d’études…
Mais malheureusement, s’abreuver à la source me semble encore le meilleur moyen d’éliminer tout dévoiement, et de pondérer la tutelle par définition aveugle, afin de prescrire le meilleur traitement pour le patient assis en face de soi, à un instant t.
20:13 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
premier débat :indication validée et AMM sont deux choses totalement différentes la première de l'ordre scientifique la deuxième purement administrative , le cardiologue a une vision biaiséee car le marché pousse les labos à demander des AMM systématiquement après une publication positive,c'est loin d'etre le cas les autres spés, l' éthique professionnelle de base doit donc nous conduire à prescrire dès l'obtention du résultat scientifique,que les labos concernés nous fassent part de celui ci en disant qu'ils demanderont une AMM n'est pas choquant mais un médecin à jour de sa littérature est au courant avant le visiteur ...
la lecture de l'HAS est souvent un parfait exemple de l'ambiguité entre les deux propos avec des morales du genre : n'appliquez que les AMM sous entendu dans les rares cas où elles permettent une prise en charge exhaustive( je me souviens d'un édito coup de gueule d' un interniste de la Salpet sur le thème : je n' ai aucune AMM utilisable dans l'ensemble de ma pratique ! )
deuxième propos : le médicolégal est très clair sur ce point notre obligation est scientifique sur les soins conformes aux données de la science , la question posée à l'expert ne fera pas référence à l' Amm pour la simple raison que le principe de séparation des pouvoirs fait que le juge s'en fout sur le fond,donc le contentieux ne peut nous intéresser que par rapport à la sécu: j'ai gardé très précieusement le lettre du médecin conseil MSA d 'un autre département me disant que j'avais médicalement raison et administrativement tort sur une prescrption de Plavix
enfin la lecture indépendante est une évidence, une revue majeure en spé suivie régulièrement suffit à la pratique quotidienne pour moi le JACC,les autres gratuites pour les entre deux de consultations quand les patients sont en retard, en médecine générale déjà maitriser Prescrire est un bon début
Écrit par : doudou | 25/04/2008
Deux exemples, les Laboratoires Servier présentent par le biais de leurs Visiteuse Médicales le PROTELOS* (Ralénate de Stontium) dans l'ostéoporose disant que cela soulage aussi l'arthrose. La dérive est légère certe dans ce cas.
Le LAMICTAL* (Lamotrigine) anticonvulsivant, qui d'ailleurs est génériqué, a l'AMM,aux Etats Unis, dans les Trouble Bipolaires, mais pas en France. Il est donc utilisé hors AMM par les Psychiatres Français.
Ce deuxième cas est plutôt gênant.
Écrit par : Dr Sangsue | 25/04/2008
nous devons soigner en fonction des données actuelles de la science (Cassation, Mercier, 1936)
l'AMM est de l'administrativo-remboursable
ça ne se recouvre pas
et dans les deux sens
les anti- Aloïs ont des AMM : la science nous dit que leur intérêt est nul
les statines ont des AMM fort larges et très floues : les preuves sont plus rares -)
Écrit par : le toubib | 26/04/2008
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