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15/05/2008
La vie grande ouverte.
Le NEJM a publié aujourd’hui en ligne une « Perspective » de William E. Boden, et George A. Diamond sur la nouvelle publicité directe pour le consommateur (« Direct to Consummer » ou DTC) sur les endoprothèses coronaires Cypher, commercialisées par Cordis.
Cette campagne passe actuellement sur les écrans de TV américains, et est visible sur le site de Cordis.
Le texte est intéressant car il est équilibré (les auteurs ne semblent pas être des ayatollahs anti DTC) et il pose de bonnes questions.
La première : quel peut-être l’intérêt pour le public d’avoir une information sur un matériel médical aussi sophistiqué qu’une endoprothèse ? Et notamment sur une préférence à apporter pour une marque, vis-à-vis d’une autre ?
Comme le disent les auteurs :
« But in making the leap from pharmaceuticals to medical devices, the ad campaign raises important questions regarding the net societal benefit of medical advertising directed at the lay public. Even if there is an overall benefit from the unfettered transmission of information in a free society, has industry crossed the line this time? In the ad for Cypher, a device is being promoted to millions of people who are ill-equipped to make judgments about the many clinically relevant but subtle and complex therapeutic issues that even specialists continue to debate. »
L’information au public apportée par la DTC, l’argument phare donné par ses défenseurs atteint ici une limite évidente.
Par ailleurs, les auteurs montrent dans un tableau tout à fait parlant la différence entre les informations apportées par la publicité TV, le site web et celles données par les livrets d’informations aux patients qui reprennent l’intégralité des effets secondaires de la fiche produit de la FDA.
Aux Etats-Unis, il existe une tolérance pour les campagnes télévisées qui ne peuvent donner toutes les informations en 30 secondes. Toutefois, elles se doivent d’orienter le téléspectateur vers des sources plus exhaustives.
La publicité du stent Cypher respecte donc parfaitement la loi américaine.
Mais que dire du dévoiement de son esprit ?
Peut-on encore parler d’information « juste et équilibrée » quand il existe une telle distorsion entre les données existantes, réelles, et celles qui sont apportées au public ?
La DTC est une manne pour l’industrie. Le texte du NEJM précise notamment que pour 35% des produits pharmaceutiques vantés, chaque dollar investit dans une campagne publicitaire peut rapporter jusqu’à 2.5 en plus.
Comment donc espérer que l’industrie respecte ses engagements et s’autorégule, vœux pieux avancés par ceux qui tentent de faire avancer ce dossier auprès de la communauté européenne ?
Comme je l’ai déjà dit dans cette note, il ne faut pas compter sur les agences de régulation pour assurer l’ordre.
Imaginer que l’industrie pharmaceutique ne franchisse pas la ligne rouge si la publicité directe était autorisée en Europe, c’est comme imaginer qu’un gamin affamé ne se jette pas toutes mains ouvertes dans les bocaux à bonbons d’une confiserie.
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Campagne publicitaire visible sur le site américain de Cordis/Cypher.
09:48 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (0)
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