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19/08/2005

Je t'aime, moi aussi.

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Deux bonnes notes de Fuligineuse et Philippe m’ont rappelé une petite anecdote personnelle sans aucune prétention.

Sally est originaire de la région d’Aix en Provence, moi de Lyon. Nos accents respectifs nous ont posé beaucoup de problèmes les premiers mois de notre relation. Nous nous faisions tout répéter deux fois, voire plus.

Un soir, nous bouquinions dans le lit.

Elle me dit « Je t’aime »

Le regard humide de tendresse, je lui répond « moi aussi ».

Elle me regarde surprise : « Mais qu’est ce que tu me racontes ? Tu n’a pas de lampe de chevet de ton coté ! »

Le « Je t’aime » était en fait un « J’éteinggg », en français neutre « J’éteins ».

 

Bonne nuit à tous.

La chambre de bonne.

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J’ai écouté, un peu par hasard « Hands Clean » de Alanis Morissette ce dimanche. Elle doit être à court d’inspiration, car son dernier album est une réédition acoustique de «Jagged little pill». Bref, j’ai eu envie d’entendre à nouveau ce morceau (tiré de « Under rug swept »).
Je ne vous referais pas le coup de la « Madeleine » de Proust, que je n’ai jamais lu, mais tout m’est revenu instantanément.
Eté 2002, la chambre de bonne, juste à l’extérieur de Paris intra muros.
Même l’odeur du parquet m’est revenue !
J’ai mis presque 2 semaines pour trouver quelque chose, pas un logement décent, mais un logement tout court.
Pendant ce temps, je prenais des gardes à l’Hôpital (une nuit, payée de surcroît est toujours bonne  à prendre) et des nuits au Kyriad local.
Heureusement pour moi, le service de cardiologie étant ce qu’il est, c'est-à-dire consciencieusement barré des listes du SAMU (pas de coronarographie, quasiment pas d’électrophysiologie, en un mot la zone), je dormais quasiment toute la nuit de garde.
J’avais trouvé cette petite chambre au septième étage sans ascenseur pour mon stage de 5 mois à Paris.
Bien évidemment, la première difficulté est de se loger pour une durée assez courte.
Nous étions trois à attendre l’homme de l’agence de location.
Il y avait un homme d’origine antillaise, et une étudiante a priori non française de souche.
J’ai immédiatement été intimement persuadé que, quelques soient les références et garanties présentées par ces deux, je serais choisi à cause de mon aspect bien « de chez nous ».
Ca n’a pas manqué.
Chronique écoeurante et sans fin de la ségrégation quotidienne.
 
Comment définir ma vie dans ce service ?
« Sieste » serait peut-être le premier mot qui me vient à l’esprit.
Tout le monde faisait la sieste ici, les patients n’étaient sortants que si des entrants programmés prenaient leur place.
Comme ça, pas de place pour les urgences.
Il ne faudrait tout de même pas trop travailler, on ne sait jamais…
Bref, j’ai un peu glandouillé pendant 5 mois tandis que mon fils, né peu avant grandissait sans que je le vois à plusieurs centaines de kilomètres. La période a été difficile pour Sally et moi, mais nous avons courbé l’échine et avons traversé ces 5 mois sans trop de difficultés.
J’ai finalement peu profité de la vie parisienne, quelques musées et restaurants, tant je restais émerveillé de me retrouver au pied de la Tour Eiffel en quelques minutes de métro.
Je garde de cette période une solide amitié, la connaissance de l’étendue du  pouvoir que possèdent les agrégés parisiens, même si la cardiologie n’y est plus à la pointe, et une connaissance très parcellaire de cette ville et de ses habitants.
Certains d’entre eux (n’est-ce pas Steph ?), pensant que le périphérique représente le « Finis Terrae », et que la station Balard est dans le Sud-Ouest profond ;-).

20:45 Publié dans Mon passé | Lien permanent | Commentaires (0)

Mon ami le facho.

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Ce matin, j’ai fait un doppler à un patient d’un de mes associés.

77 ans, une présentation un peu militaire, un accent allemand, tout signait un ancien de la Wehrmacht, devenu légionnaire après guerre.

Nous discutions durant l’examen, nous parlions de la fin de la guerre quand Hitler a envoyé enfants et vieillards combattre les T-34 russes (le « Volksturm »).

Il m’a alors sorti :

« La seule erreur de Hitler a été de s’attaquer aux juifs, ce sont eux qui commandent le Monde, ils possèdent le capitaux ».

J’en suis resté bouche bée.

Je n’ai rien dit, un patient c’est sacré. Point.

 

Cette triste anecdote m’a rappelé un garçon de ma promo de médecine.

Il s’appelait Yvan.

Tout un programme, déjà.

 

Sa silhouette générale évoquait un « 8 », tête ronde et rosée, cheveux ras sur un corps rond. Il était d’origine alsacienne, et entretenait sa petite pointe d’accent comme un étendard.

 

Hiver comme été, blazer bleu marine, pantalon gris, chaussures noires vernies, attaché case noir.

Une petite fleur de Lys au revers, il posait toujours des questions un peu délirantes aux profs. Si la réponse ne lui convenait pas, il adoptait un ton cassant, parfois limite.

 

Il était isolé dans l’amphi, et parlait seulement un peu aux militaires, et à un copain, les extrêmes s’attirent, plutôt anarchiste.

Un quadrimestre, je me retrouve avec lui aux urgences médicales de « Edouard Herriot » (le Grange Blanche du blog).

Je n’étais pas particulièrement ravi de côtoyer un tel personnage, mais un copain m’avait dit qu’il était un peu étrange, mais très sympa (a l'époque, l'immense majorité de mes amis étaient de gauche, voire au delà, maintenant, je me suis un peu embourgeoisé...).

J’ai en effet découvert un garçon plutôt sympathique qui sur-jouait constamment son rôle de facho, mais sans jamais en avoir les actes.

Il se comportait avec tous les patients avec le même respect et la même gentillesse.

A deux, nous abattions un travail bien supérieur à celui des autres groupes de 3 externes (qui ne foutaient strictement rien, il faut bien le dire).

 

Je me souviens de quelques scènes presque « monthypitonesques ».

 

Un midi, au self de l’Hôpital, nous faisons la queue devant les légumes. Une jeune femme devant nous, probablement externe elle aussi, hésite longtemps devant un plat de carottes.

Il passe la tête au dessus de son épaule, et avec un grand sourire, et les yeux écarquillés, lui dit : « Mange ça, c’est bon, ce sont des carottes Vichy ! »

Un soir d’été calme aux urgences, nous avons fait le tour des pavillons de l’Hôpital en voiture, toutes fenêtres ouvertes, avec de la musique militaire à fond.

Son grand plaisir était enfin de chanter à tue-tête des chansons à boire allemandes ou alsaciennes (et parfois aussi des chants encore moins « politiquement corrects ») lorsque nous faisions des grands lavages gastriques aux TS médicamenteuses, en pleine nuit bien évidemment.
« Shuut Yvan, on va t’entendre !! »

Enfin, il m’avait dit un jour, au milieu de ses mirifiques et innombrables récits de conquêtes féminines, que son arrière-grand père était à Reichshoffen, mais probablement pas du même côté que le mien !

C'était dans le début des années 90, et l'extrême droite française jouait encore ponctuellement un rôle d'épouvantail bien supérieur à son poids politique réel. C'était aussi l'époque ou le "politiquement correct" n'avait pas encore étouffé toute expression de pensée.


Pour en revenir à Yvan, un comédien en pleine représentation, mais aussi un bourreau de travail, qui a contribué à rendre ce stage d’été aux urgences médicales tout, sauf ennuyeux.

12:54 Publié dans Mon passé | Lien permanent | Commentaires (0)