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29/10/2007

Abe no nakamaro.

Abe no nakamaro était un fin lettré, diplomate et poète japonais qui a vécu de 698 à environ 770.

Il fut ambassadeur en Chine à la cour des Tang.

A un moment de tension entre les deux pays (ça ne date donc pas d’hier…), il a même été retenu prisonnier. A l'issue de cet épisode pénible, il a composé ce tanka qui fait partie de la célèbre compilation « Ogura Hyakunin Isshu » ou « 100 poèmes par 100 poètes » qui est aussi célèbre au Japon que le sont les Fables de Jean de la Fontaine chez nous.

Je n’aurais jamais entendu parler de cette compilation si Hokusai, dont vous connaissez l’intérêt que je lui porte, ne l’avait magnifiquement illustrée( "Hokusai cent poètes" de Peter Morse, éditions Anthèse).

J'ai trouvé assez récemment ce site qui propose une très belle traduction en français de ce poème composé en 726 et aussi des autres, petit à petit.

Jusqu’à présent, je n’en avais trouvé qu’en anglais (si j'excepte la traduction française très lourde proposée dans le livre de Peter Morse).

 

 

L’original :

 

 

 

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La traduction :

 

Lorsque je contemple

la large étendue du ciel,

Lune, es-tu celle

 

Qui se levait sur le Mont

Mikasa à Kasuga ?

 

(P.S. pour la traductrice , si vous passez par là : d’abord merci beaucoup pour votre travail de traduction, et ensuite si vous ne désirez pas que je le reprenne ici, n’hésitez pas à me le faire savoir !).
 

Le temple de Kasuga se situe au pied du Mont Mikasa, à Nara, ville chère au coeur d'Abe no nakamaro.

Passons maintenant à l’interprétation faite par Hokusai :

 

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On y voit Abe no nakamaro perdu dans la contemplation de la lune alors qu’il est bloqué au sommet d’une colline et que des soldats chinois (on devine les chapeaux et l’étendard derrière le paravent au premier plan) attendent respectueusement de se saisir de lui.

Les paravents qui l’encerclent au premier et au troisième plans rendent bien l’idée d’étreinte, d’enfermement. L’estampe, comme le tanka expriment l’immense mal du pays qui vous étreint lorsque vous êtes loin de chez vous.

C’est cela qui me touche le plus dans ces deux œuvres.

Petite remarque : Hokusai a voulu s’affranchir des conventions en ne représentant que le reflet de la lune sur la mer, et non la lune elle-même. Il s'agit d'un "second jet" bien réfléchi (sans jeu de mots) car j’ai pu voir dans l'ouvrage de Peter Morse une esquisse préparatoire où Hokusai avait initialement placé la lune dans le ciel.

Ce poème rédigé dans une langue archaïque d'une civilisation radicalement différente de la notre a donc 1281 ans cette année. Pourtant sa signification reste intemporelle et universelle. Le lecteur contemporain peut remplacer "Mont Mikasa" et "Kasuga" par n'importe quel lieu de son choix, voire même par une personne.

Nous avons tous regardé ou nous regarderons tous un jour la lune en nous disant qu'elle veille au loin sur un lieu ou un être cher qui nous manque.

11:25 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)