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02/11/2007

Aider (2).

Le hasard m’a toujours impressionné, surtout quand il semble indiquer une direction, ou la confirmer.

 

Dans « Aider », je vous avais raconté que j’avais découvert très récemment l’existence de « Kiva » qui est une organisation dont le but est de promouvoir le micro crédit dans les pays en voie de développement.

 

Comme j’aime bien fouiller les sujets, la majorité de mes recherches ces trois derniers jours sur Goggle se fait sur ce sujet (Kiva, et le micro crédit en général).

 

De façon tout à fait indépendante, j’ai déjeuné hier avec un de mes patients, lecteur de ce blog et de plus cadre dans une très grande banque française.

 

Et on s’est mis à parler de…micro crédit.

On lui a proposé récemment une mission en Afrique afin de créer des liens entre sa banque et des « Field Partners », comme l’appelle Kiva. En fait, ce sont les structures qui choisissent les bénéficiaires des prêts sur place, qui prêtent et qui accompagnent les entrepreneurs dans le développement de leur activité (ce dernier point que j’avais occulté est pourtant fondamental).

Il m’a aussi dit que sa banque avait une ligne de crédit assez impressionnante (en tout cas par rapport aux chiffres de Kiva : en 9-10 mois, 13 fois ce que Kiva a prêté depuis sa création) afin de prêter de l’argent à faible taux à ces « Field Partners ».

 

L’intérêt pour la banque est double.

Primo, une image de marque philanthropique qui est parfaitement dans le courant ascendant actuel (je pressens un développement exponentiel du micro crédit dans les prochains mois/prochaines années) et de façon un peu plus étonnante une source de revenus « fiable » qui permet d'autofinancer le projet.

En effet, du fait d’un artifice technique que je ne vais pas détailler, la banque peut prêter aux « Field Partners » de l’argent très peu cher. Elle demande donc un taux d’intérêt faible.

Le « Field Partners » prête à un taux d’intérêt bien plus élevé.

Attention de ne pas tomber de votre chaise, mais Kiva précise que ce taux est en moyenne de 20%.

Cela parait énorme (voire indécent) de prêter de l’argent à 20% à des très pauvres, mais les taux d’intérêts dans les pays en voie de développement n’ont aucune mesure avec les nôtres (Selon la Banque Mondiale, les taux usuels pratiqués en Inde, au Kenya et aux Philippines seraient compris entre 117 et 847% si l’ont s’intéresse au micro crédit).

Deuxièmement, toujours selon Kiva, les frais des « Field Partners » sont très élevé car ils doivent sélectionner avec soin puis aider les emprunteurs. Tout cela a un coût.

 

La banque qui prête à un « Field Partner » va donc couvrir ses frais (voire un peu plus) et être quasiment certaine de récupérer sa créance, car comme je l’avais remarqué (ce que mon patient m’a confirmé) c’est que les emprunteurs pauvres des pays en voie de développement remboursent quasiment toujours leurs prêts (3.1% des prêts Kiva sont non remboursés).

 

Vous pouvez le constater, nous avons déjà évolué dans le concept.

Premier stade, des personnes de bonne volonté qui prêtent de l’argent sans intérêt via Kiva (qui ne récupère rien dans l’histoire) à des  « Field Partners » qui prêtent eux-mêmes à des entrepreneurs pauvres mais avec un taux d’intérêt « raisonnable ».

 

Deuxième stade: une grande banque décide de s’associer à ce principe en prêtant à de faibles taux à des « Field Partners ». Je présume que ces derniers vont devoir répercuter ce taux sur les emprunteurs. Cela ne me choque pas outre mesure.

Pour deux raisons : les taux de la banque sont minimes par rapport aux taux pratiqués sur place (environ le dixième, ce qui fait peu sur des durées comprises entre 6 et 18 mois), et les montants prêtés permettent de changer radicalement  d’échelle et d'ouvrir cette aide au plus grand nombre).

L’investissement pour la banque est comme on l’a vu assez sûr, d’autant plus que cette dernière ne vise pas la rentabilité à tout prix (l’idée est de rentrer dans ses frais) et qu'une image de banque philanthropique donnée au public et aux salariés est sans prix.

 
A la limite, on pourrait imaginer un système mixte, une sorte de Kiva à la mode française (ou à la mode européenne) où des particuliers pourraient prêter à 0% via la structure et les réseaux locaux de la banque (le point crucial de toute cette histoire, étant, vous l’avez bien compris, de disposer de « Field partners » fiables et efficaces) en parallèle aux prêts à taux réduits de la banque elle-même.

Double intérêt :

Pour les particuliers, « couvrir » des pays où Kiva n’est pas implantée (l’Afrique francophone par exemple), simplifier le don (un clic= un prêt, via le système financier de la banque) et surtout profiter d’un réseau robuste.

Et pour la banque, l'image, toujours l'image.

 

Maintenant attention, attachez vos ceintures, nous allons rentrer dans un autre monde.

 

La plate forme de vente « eBay » a racheté récemment racheté et développé « MicroPlace », un organisme qui va financer des « Field Partners ».

Le service n’est pour l’instant disponible que pour les résidents vivant aux Etats-Unis.

Tout est dans la devise : « Invest wisely. End poverty. ».

Vous avez remarqué ce qui vient en premier : « Invest wisely », puis vient ensuite « End poverty ».

J’ai parcouru le site, et en effet les choses sont claires.

Vous prêtez de l’argent pour une durée déterminée, puis Microplace vous le rembourse avec un rendement.

Ce n’est ni plus ni moins un placement comme un autre.

Je n’ai pas tout lu, mais en gros Microplace propose un rendement de 2-3% par an.

Pas si mal, en cette conjoncture boursière houleuse, d’autant plus que comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, le prêt aux plus pauvres est paradoxalement le plus sûr.

Quels sont les répercutions in fine sur l’entrepreneur qui emprunte, si chaque intermédiaire se « sucre » au passage ? Quand je dis « se sucrer », je parle des frais de fonctionnement, des éventuels petits bénéfices et du rendement que l’on nous propose.

 

C’est aussi pour cela que le micro crédit va exploser, c’est que c’est rentable.

 

Pour ma part, je m’arrêterai aux deux premiers stades : philanthropie individuelle totalement désintéressée, et philanthropie d’une grosse structure bancaire qui l’est un peu moins, mais dans des limites acceptables.

Par contre, je me refuse absolument à tondre les pauvres d'entre les pauvres.

 

 

                           °0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

Voici deux associations qui correspondent à mes critères de choix dans le domaine du micro crédit (en terme d’éthique et de fiabilité) , et que l’on peut aider financièrement :

 

«PlaNet Finance, organisation de solidarité internationale spécialisée en microfinance, soutient les institutions et accélère leur croissance en les fédérant et en leur fournissant des services leur permettant de renforcer leurs capacités techniques et leurs ressources financières », comme l’annonce leur site web. Le président de cette structure est Jacques Attali himself.

 

L’ADIE qui est une association qui œuvre pour la diffusion du micro crédit chez nous, en France. Cette association est reconnue d’utilité publique.

08:20 Publié dans Kiva | Lien permanent | Commentaires (4)

01/11/2007

C'est un Monde!

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Cet article du Monde paru ce jour sur leur site web comporte une énormité.

Laquelle ? Au départ, je l'ai lu car il décrivait une sombre histoire se déroulant dans l'univers feutré des marchands d'Art de très haut niveau.

Deux indices: l'erreur n'a aucun rapport avec l'Art et se trouve sur ma copie d'écran.

 

 

 

La solution est après le décompte, ne descendez donc pas trop vite.

10

9

8

7

6

5

4

3

2

1

 
Harry Bellet, notre sympathique journaliste semble trouver drôle qu’un juge se prénomme « Justice ». Ca pourrait l'être, en effet.

Mais aux EU, il s’agit d’un titre honorifique que portent tous les juges appartenant à une Cour Suprême, en l’occurrence celle de NY.

Le bon juge Lowe se nomme en fait Richard (par ailleurs, il est démocrate).

 

Comme vous pouvez le constater sur le document ci-dessous (qui est un document judiciaire pris au hasard à cette adresse), le « prénom » Justice serait donc extrêmement usuel dans les tribunaux américains :

 

“ Hey, Justice !

- yes !?

- yes !

- sorry ?

- I beg your pardon!

- ...”


Pas très pratique tout cela...

 

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Le miroir des pages.

En ce moment, j’ai un peu de mal à finir mes bouquins.

 

J’ai totalement laissé en plan « Pour le meilleur et pour l’Empire » de James Hawes,  « Une exécution ordinaire » de Marc Dugain et même « Les chroniques martiennes » de Bradbury.

 

Autant j’avais trouvé le début de «Pour le meilleur et pour l’Empire » brillantissime de drôlerie, notamment sur le plan de la satire de notre société actuelle, autant, là je suis coincé dans le ventre mou du livre, à la fin du second tiers.

C’est le même auteur, la même histoire, mais je trouve caricatural ce qui était fin et surtout ce récit très anglais, l’est devenu trop.

Je suis très anglophile, mais là, trop c’est trop.

L’auteur fait sans cesse référence à des produits de consommation, des revues des faits politiques des années 50-60 qui ne peuvent pas parler à un non britannique.

Je présume qu’un anglais de 50-70 ans doit trouver ce livre irrésistible, mais moi, j’ai un peu de mal.

C’est dommage, mais le début était vraiment prometteur.

 

Le Marc Dugain m’a un peu déçu, mais dans ce cas, dès le début.

Autant j’ai été fasciné par « la malédiction d’Edgar » (que je relis parfois par petits bouts), autant là, je ne suis jamais rentré dans le récit.

 

Le Bradbury, je pense que c’est plutôt mon état d’esprit actuel qui m’a fait arrêter. Je le garde sous le coude.

 

En ce moment, je me suis plongé dans « Kafka sur le rivage » de Murakami, qui m’a été conseillé par une patiente.

C’est du Murakami pur jus : doux, poétique, surréaliste et parfois cruel.

 

Je ne l’avais pas trop remarqué  jusqu’à présent, mais pour lire, il faut être deux, le livre et soi.

Comme avec les êtres vivants, le premier contact peut déboucher sur un coup de foudre ou une aversion irréversible.

On peut aussi apprendre à aimer un livre qui ne vous avait pas particulièrement imprégné au début, ou au contraire se lasser au fil des pages d’un livre coup de cœur.

 

Là, en ce début d’hiver, je suis d’humeur littéraire volage (je dis bien littéraire…).

 

Je me tâte un peu pour l’ultime Harry Potter, je vais peut-être attendre que Sally l’achète pour le lire.

Un autre patient m'a aussi parlé du dernier Attali ("Gandhi ou la puissance de la vérité")...

 

08:05 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (3)

31/10/2007

3000.

Johann, l’interne d’anesthésie, bravo, tu as écrit le 3000ème commentaire de ce blog !

Bon, ne te réjouis pas trop vite, a priori (et même a posteriori) tu n’as rien gagné (je me suis rendu compte après coup que ce chiffre assez impressionnant avait été atteint).

Pour te répondre, en effet, l’humanitaire est pas mal sur la sellette en ce moment.

Mais en dehors de ces quelques cas particuliers, le mouvement en lui-même est totalement indiscutable dans mon esprit.

Ensuite, on peut débattre sans fin sur les modalités et les lieux.

Moi je suis très casanier, j’aide donc en envoyant un peu d’argent. Ma femme serait prête à partir sur l’heure en Afrique avec un gamin sous chaque bras et moi derrière, si je ne la modérais pas un petit peu.

 

Mon ancienne co-interne de réa est toujours entre 2 missions humanitaires pour MSF.

Une fois elle s’est retrouvée seule anesthésiste pour une ville de 200000 habitants en Afrique centrale. Une autre fois, elle s’est retrouvée coincée entre l’armée sri lankaise et les Tigres Tamoul.

Là, je ne sais même pas où elle est (peut-être dans son service, pour une fois !).

A mon avis, chacun doit pouvoir trouver « sa » voie qui lui permette d’aider les autres.

 

°0°0°0°0°0°0°0°

3001.

 

Dommage JPF, tu as loupé de peu le chiffre magique, et pourtant ce n’était pas faute d’essayer.

Mais comme cette note est un peu la fête des commentaires, j’ai copié ton commentaire, le 3001ème, juste avant de l’effacer, et je vais le reproduire çi dessous :

 

"quoi de neuf Doc to day: méfie toi conconbre masqué le LE devant ton nom reste de mauvaises augures. lhistorydujour: Dublé Mr Dublé Antoine Gaston pour la Plebre:gros LE pour son frére, Tonio pour son Ex?est en vacance et la il rumine:Jeysus comment lui dire,comment faire: il demande conseil alors à son ami françois de votre ville Lyon: Vas y j'ai pas le temps la: tu veux 1 biére et.. Garçon! oui: 5 biéres à la suite, suivi de la bouteille LA à mettre de coté:(bon choix). alors il raconte: une augmentation blas blas blas mais ect/ stratégiquement François réfléchi::::: à la 3 eme aprés le paiement de il se décide: Les problémes que tu as sonsimple Tonio hééé?? COMMENT TU SAIS QUE? Quel pugilat ce soir la -----------/"

 

C’est mon très modeste cadeau pour toi (pas trop jaloux, Johann, j'espère), mon seul commentateur muet, car je te censure quasiment sytématiquement. Mais pourtant sans toi ce blog ne serait pas tout à fait le même.

Chaque blog digne de ce nom a son troll. Et toi, tu es le mien.

Tu fais ton travail avec beaucoup de conscience, et surtout sans aucune haine ni vulgarité, choses que je déteste par dessus tout.

Un jour tu m'as demandé si ça ne me prenais pas beaucoup de temps d'effacer tous tes messages. Et bien non. Une fois dans la zone d'administration du site, je clique sur la petite case en face de ton commentaire, et je descends en bas de page pour cliquer sur "supprimer".

 

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Trois clics, 5 secondes, je n'ai même plus besoin de lire ton commentaire pour savoir que c'est toi. Le pseudo et les premiers mots me suffisent.

J'ai parfois hésité à cliquer sur "Bannir et supprimer". Pour tout te dire, je l'ai même fait plusieurs fois avant de me raviser. Mais outre que l'IP blocage est relativement inefficace, cela me priverait de mon petit plaisir quotidien.

Tu es un troll de grande classe; et à ce titre je tiens beaucoup à toi.


 

°0°0°0°0°0°0°0°

 

Pour tous les autres :

Merci beaucoup pour vos commentaires.

C’est un truisme, mais un blog ne peut pas vivre sans commentaires.

 

Et celui çi se serait arrêté depuis bien longtemps si je ne savais pas que Doudou, Melie, Shayalone, Zeclarr, Mdkart, Matthieu M., LL, kropotkine, Katleen, Jacques, Hérisson, hoplàlavoilà, Hell Cat, Gazelle, Esculape, Dr. Ventouse, Docteur Mailler, David vincent, Cilou, Anita, Brg, Merlin, Otir, Yann, Urgences matin, Trublyonne, Thomas, Sevi, Serillo, Seb, Samantdi, Rosa, Ron, Rightwolf, Piranah chocolivore, Peache, Nine, Niluje, Mllegazou, Isabelle, Merlin, et d’autres que j’ai oubliés (je vais me faire des ennemis) me lisaient régulièrement et surtout n’hésitaient pas à mettre leur grain de sel au milieu de mes notes.

 

Pour tous les autres qui lisent mais ne commentent pas, ne soyez pas timides, lâchez vous !

Bon, d’un autre côté, ce serait indécent de ma part de trop râler, car je ne suis pas non plus un grand commentateur quand je lis sur mon agrégateur toutes les notes écrites par mes distingués collègues blogueurs…

 

Encore une fois, merci à tous +++.

23:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (8)

17 ans et des idées bien arrêtées.

La dernière patiente, accompagnée de sa maman vient pour une consultation cardiologique avant une chirurgie du maxillaire inférieur.

Elle a 17 ans, aucun traitement, aucun symptôme et aucun antécédent.

La consultation à proprement parler passe donc vite.

Je lui demande ce qu’elle projette de faire comme métier.

Elle veut faire « trader ».

Elle sourit, mais cache immédiatement ses dents qui supportent un appareil dentaire derrière une chemise cartonnée.

Elle fait ce geste que je trouve touchant à plusieurs reprises.

Vendre des actions et gagner des millions ?

Oui, c’est bien ça.

Comme elle me voit surpris et qu’elle est diplomate, elle rajoute que la médecine lui plairait, mais qu’elle ne supporte pas les plaies et « de voir l’intérieur ».

 

Je lui dit que je trouve ce métier fabuleux car il permet de rencontrer des gens très différent, de s’ouvrir au monde et aux autres, et in fine car il participe pour beaucoup à ma philosophie de vie.

Mais bon, bien évidemment, si elle ne supporte pas la vue du sang…

La consultation s’achève, nous prenons l’ascenseur tous les trois en silence.

D’un coup, elle me dit « j’aimerais bien être urgentiste ! ».

Super choix, mais je trouve dommage de ne plus revoir la grande majorité des patients ensuite. Je trouverais cela un peu frustrant de les avoir aidé à un moment crucial (je ne parle que des vraies urgences) puis plus rien.

L’ascenseur s’arrête au rez de chaussée, elles sortent.

Je l’ai trouvé bien sympathique et rafraîchissante.

Elle doit connaître le métier d’urgentiste via « Urgences » et c’est sûr que c’est difficile de lutter contre leur immense pouvoir d’attraction.

D’autant plus que dans mon souvenir le cardiologue de service n’était pas particulièrement sympathique.

 

Je n’ai pas osé lui dire que les urgentistes voient quand même pas mal de plaies, voire « d’intérieurs ».

Je n’ai pas voulu décourager une vocation naissante.

22:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (8)

Vasculaire champagne (2)

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 Dessin emprunté ici.

 

Encore une vacation intéressante de döppler ce matin.

Une femme de 45-50 ans vient adressée par un chirurgien vasculaire afin de rechercher un syndrome du défilé thoraco-brachial.

 

Ce syndrome est provoqué par la compression parfois intermittente du paquet vasculo nerveux du bras à sa racine.

Les symptômes sont assez variables, puisque chacun des éléments du paquet vasculo-nerveux (artère, nerf ou veine) peut être comprimé seul ou séparément.

Par ailleurs, comme je l’ai précisé plus haut, la compression ne peut-être qu’intermittente.

Autrement dit, le diagnostic clinique n’est pas évident du tout.

Cette patiente se plaignait de fourmillements des trois derniers doigts de la main droite, d’une sensation de « main morte », et d’une douleur de la région scapulaire droite. Tous ces symptômes prédominent la nuit, ce qui bien évidemment la gène pour dormir.

 

Je commence l’examen : l’artère sous clavière droite est normale, je ne retrouve pas d’anévrysme (parfois un anévrysme se forme au niveau du point de compression, il peut alors se thromboser partiellement, et même envoyer des emboles en périphérie. On se retrouve avec une ischémie aiguë de la main dont la cause est en fait très haute).

Le flux est normal, et les vitesses basses (#70 cm.s-1).

Je lui fais prendre à peu près cette position :

 

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Les fourmillements arrivent rapidement , et je mesure des vitesses à 300 cm.s-1, exactement au même endroit que précédemment.

 

Cette augmentation de vitesse est imputable à une sténose serrée dynamique.

Malheureusement, je n’ai pas réussi à obtenir des clichés satisfaisants à vous faire voir. J’ai fait un petit courrier au chirurgien pour qu’il me tienne au courant de la suite de l’histoire.

 

Pour en savoir plus :

-l’examen clinique en espagnol et en arabe (heureusement, les photos sont explicites !).

- un petit diaporama lyonnais (Lyon rules!)

 

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

La semaine dernière, je vais chercher une dame en salle d’attente pour un döppler.

En marchant, je déchiffre le mot de l’interne.

En lisant un peu vite, tout en marchant, je lis « Merci de rechercher une phlébite de Mordor ».

 

Je me dis, diable, Tolkien a vraiment influencé  profondément notre époque.

Une phlébite de Mordor, qu’est-ce que ça peut être ?

Une phlébite de l’annulaire ?

Une phlébite de l'oeil?

 

Finalement, en discutant avec la patiente, je retrouve le nom exact de ce pourquoi on me l’a envoyée : phlébite de Mondor.

Je n’avais jamais entendu parler de ce syndrome.

Heureusement que j’ai internet dans ma salle d’examen…

 

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12:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)

29/10/2007

Abe no nakamaro.

Abe no nakamaro était un fin lettré, diplomate et poète japonais qui a vécu de 698 à environ 770.

Il fut ambassadeur en Chine à la cour des Tang.

A un moment de tension entre les deux pays (ça ne date donc pas d’hier…), il a même été retenu prisonnier. A l'issue de cet épisode pénible, il a composé ce tanka qui fait partie de la célèbre compilation « Ogura Hyakunin Isshu » ou « 100 poèmes par 100 poètes » qui est aussi célèbre au Japon que le sont les Fables de Jean de la Fontaine chez nous.

Je n’aurais jamais entendu parler de cette compilation si Hokusai, dont vous connaissez l’intérêt que je lui porte, ne l’avait magnifiquement illustrée( "Hokusai cent poètes" de Peter Morse, éditions Anthèse).

J'ai trouvé assez récemment ce site qui propose une très belle traduction en français de ce poème composé en 726 et aussi des autres, petit à petit.

Jusqu’à présent, je n’en avais trouvé qu’en anglais (si j'excepte la traduction française très lourde proposée dans le livre de Peter Morse).

 

 

L’original :

 

 

 

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La traduction :

 

Lorsque je contemple

la large étendue du ciel,

Lune, es-tu celle

 

Qui se levait sur le Mont

Mikasa à Kasuga ?

 

(P.S. pour la traductrice , si vous passez par là : d’abord merci beaucoup pour votre travail de traduction, et ensuite si vous ne désirez pas que je le reprenne ici, n’hésitez pas à me le faire savoir !).
 

Le temple de Kasuga se situe au pied du Mont Mikasa, à Nara, ville chère au coeur d'Abe no nakamaro.

Passons maintenant à l’interprétation faite par Hokusai :

 

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On y voit Abe no nakamaro perdu dans la contemplation de la lune alors qu’il est bloqué au sommet d’une colline et que des soldats chinois (on devine les chapeaux et l’étendard derrière le paravent au premier plan) attendent respectueusement de se saisir de lui.

Les paravents qui l’encerclent au premier et au troisième plans rendent bien l’idée d’étreinte, d’enfermement. L’estampe, comme le tanka expriment l’immense mal du pays qui vous étreint lorsque vous êtes loin de chez vous.

C’est cela qui me touche le plus dans ces deux œuvres.

Petite remarque : Hokusai a voulu s’affranchir des conventions en ne représentant que le reflet de la lune sur la mer, et non la lune elle-même. Il s'agit d'un "second jet" bien réfléchi (sans jeu de mots) car j’ai pu voir dans l'ouvrage de Peter Morse une esquisse préparatoire où Hokusai avait initialement placé la lune dans le ciel.

Ce poème rédigé dans une langue archaïque d'une civilisation radicalement différente de la notre a donc 1281 ans cette année. Pourtant sa signification reste intemporelle et universelle. Le lecteur contemporain peut remplacer "Mont Mikasa" et "Kasuga" par n'importe quel lieu de son choix, voire même par une personne.

Nous avons tous regardé ou nous regarderons tous un jour la lune en nous disant qu'elle veille au loin sur un lieu ou un être cher qui nous manque.

11:25 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)