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10/11/2007

Petit dictionnaire médico-technocratique (3).

F(ormation) M(édicale) C(ontinue)

 

« Machin », dans son sens gaulliste.

A la base, devait obliger les médecins à une remise à niveau régulière.

La particularité du « Machin » est sa complexité, notamment  la multiplicité des intervenants (crédits, Conseil Régional de la FMC, CDOM, CROM...), ses menaces nébuleuses et surtout l’absence de financement public.

Les autorités sanitaires, dans leur grande sagesse envisagent donc de faire financer la FMC par l’industrie pharmaceutique.

Dans une seconde phase (encore gardée secrète) ces mêmes autorités envisagent de faire directement prescrire les médicaments par les visiteurs médicaux, et ainsi de se débarrasser des intermédiaires inutiles que sont les médecins qui gaspillent l’argent public.

Comme souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

 

 

E(valuation) P(ratiques) P(rofessionnelles)

 

Un des dispositifs majeurs de cette FMC.

Pour simplifier : Qu’est-ce que je fais ? Que font les autres ? Puis autocritique constructive sur une estrade devant l’assemblée des patients réunis, avec les grilles d’EPP attachées au cou.

Ah oui, ne pas oublier de prévoir à l’avance un remplacant.

 

 

Auto-évaluation


Mao Zedong, le petit livre rouge, le grand bond en avant, ça vous dit quelque chose ?

Non ?

Tant mieux.

 

 

Benchmarking (parangonnage)


Deux termes totalement obscurs que l’on peut traduire par le mot « comparaison ».

Dans ce cas, il s’agit de la comparaison entre un référentiel (voir infra) et nos pratiques médicales

Encore une preuve que l’activité principale des gens qui rédigent tous les manuels d’accréditation est de traduire des mots usuels de la langue française en mots anglais, ou en termes français imbitables.

Il faut bien justifier son salaire et se donner l’impression d’être utile à la marche du monde.

 

 

Référentiel/Référent


Correspond soit à une personne (le référent), soit à une recommandation médicale publiée dans la littérature (le référentiel).

Le médecin désigné par ses pairs comme référent dans un domaine particulier est souvent celui qui est le moins nul sur le sujet, ou celui qui est absent au cours de la réunion.

Le rôle principal du médecin référent est de taper l’intitulé de son sujet de prédilection sur Google, puis de faire un copier/coller d’un texte pas trop mauvais sur un papier à en-tête de la clinique, puis de le faire valider par la CME suivante en clamant bien fort « c’est moi qui l’ai fait ! ».

En général, l’enthousiasme général est tel que la direction décide de publier le texte sur le site web de la clinique (voire sur celui de l’HAS). Le texte est alors copié/collé par un autre médecin référent, et ainsi de suite.

J’ai eu ainsi la surprise de retrouver, à peine modifiée, "ma" recette de makrouts dans un référentiel HAS sur la prise en charge des patients diabétiques.


Quant aux référentiels, l’exemple donné ci-dessus montre à lui seul leur valeur scientifique.

Une seule petite remarque : Copernic avait tort. Notre univers ne tourne pas autour du Soleil, mais autour d’un référentiel.

 

 

"EPP : d’une démarche imposée à un engagement volontaire".

 

Sujet de recherche idéal pour le médecin qui désire bien se faire voir.

L’HAS, les accréditeurs et les qualiticiens(nnes) adorent avoir l’impression que nous nous engageons volontairement, avec bonheur et confiance dans la voie lumineuse tracée par les démarches d’EPP.

Dans pas très longtemps, je suis sûr que certains vont dire et écrire que "le devoir de chacun est d' essayer, dans l'esprit de l'HAS de travailler dans sa direction". Mais je dois être un déviant.

09/11/2007

Petit dictionnaire médico-technocratique (2).

Qualiticien(nne).

Tout d'abord, phonétiquement c’est un très vilain mot.

Pourrait devenir une insulte passible de poursuites pénales dans un avenir proche, si les acteurs du domaine de la santé décidaient d’arrêter de marcher sur la tête (peu probable toutefois).

Parasite qui vous les brise menu menu en vous apprenant à mieux soigner vos patients, alors que souvent, ses connaissances du monde médical tiendraient entièrement dans le premier quart d’heure d’un seul épisode de «L’Hôpital », grandiose série médicale de TF1, heureusement défunte.

Pour donner un exemple non médical : un(e) qualiticien(ne) serait capable de faire un sermon moralisateur à Stephen Hawking car il ne se tient pas droit devant sa tablette et qu'il oublie parfois de mettre un w majuscule au terme « Wormhole » en début de phrase.

Comme l'a très bien dit l'excellentissime Doudou, le/la qualiticien(nne) personnifie pour moi les "Hollow Men".

Mille pardons pour tous les qualiticien(nne) qui me lisent, il y en a peut-être des biens, mais je hais la mienne (et elle me le rend bien).

Accréditation.

Seule raison de vivre des parasites sus-cités.

Curieusement, les critères sont extrêmement sévères pour le secteur privé, alors que mon CHU, malgré son état de délabrement avancé les obtient toujours haut la main. Les accréditeurs ne sont toutefois pas dénués d’humour puisque le service qui a reçu le plus de louanges est… la morgue (véridique).

« Deux poids, deux mesures » rendues nécessaires par le fait que l’on ne peut décemment pas fermer un Hôpital public pour raisons sanitaires ou pour avoir échoué à une accréditation.

Ca ne ferait pas sérieux.

Cellule qualité.

Deux sens : lieu de travail des qualiticien(nne)s ou groupe de plusieurs qualiticien(nnes).

Les deux m’évoquent le vide intersidéral.

V(isite)1, V(isite)2, V(isite)3,…

Parcours d’obstacles créé par cette fameuse « accréditation ».

Sorte de rocher de Sisyphe des médecins modernes qu'on a jugé manifestement trop désoeuvrés en haut lieu.

Mettre le patient au centre de nos préoccupations.

Au choix du lecteur (en fonction de son degré de conscience/de cynisme): truisme, grosse rigolade ou vaste hypocrisie.

A mon avis, le fait d’avoir des patients à soigner nous gène considérablement pour faire des réunions faites pour « mettre le patient au centre de nos préoccupations ».

On devrait ne plus soigner de patients, on pourrait faire des réunions de 8h à 18h tous les jours pour écouter doctement la cellule qualité.

Réunion de travail.

Oxymore parfait pour tout médecin digne de ce nom.

Feuille d’évènements indésirables.

Grande préoccupation de toute cellule qualité digne de ce nom qui se doit de posséder sa « Bocca di leone » où les glisser.

08/11/2007

White Barn.

« Aider (2) » en version anglaise, c’est possible, et c’est ici.

 

Je me suis inscrit sur le forum « Kivafriends », qui comme le nom l’indique, est un forum de discussion qui regroupe tous ceux qui sont intéressés par Kiva dont j’ai déjà abondamment parlé. J’ai bien sûr mentionné ce blog dans mon profil.

 

Peter, un membre très actif de ce forum lit la note « Aider (2) », et la cite avec une petite erreur de traduction (Peter est de Brighton). Il poste même un commentaire sur ce blog.

Je corrige ce petit détail sur le forum avec mon anglais rudimentaire.

J’imagine utiliser Google pour m’aider à traduire la note dans son ensemble.

Le résultat me semble assez mauvais.

Je pense même faire appel à la générosité de mes lecteurs anglophones afin de la traduire.

Deus ex machina, Don, un lecteur américain (de Kivafriends ? De Grange Blanche ?) envoie sur mon mail une superbe traduction toute prête à l’emploi.

Vive internet !

 

A mon échelle nanométrique, c’est assez impressionnant de lire un de ses textes en anglais.

A la fois car j’ai apprécié le travail du traducteur qui a tout fait pour rendre mon phrasé et mes intonations, et aussi, car quoiqu’on en pense, l’anglais est la langue dominante, et un texte en anglais permet une bien plus large diffusion de ses idées (quelles soient bonnes ou mauvaises).

On passe alors du nanomètre au micromètre.

 

Petites remarques annexes sur la domination de l’anglais :

Primo : sur le web, elle vacille sous les coups de butoir des langues asiatiques, notamment le chinois. Mais je ne suis pas inquiet, l’anglais restera encore très longtemps la langue d’échange.

Secundo : l’anglais utilisé comme langue véhiculaire est un anglais « de cuisine ». Un peu comme le latin de Saint Augustin l’était par rapport au latin classique. Ceux qui ont lu comme moi  au moins un texte de Saint Augustin en latin comprennent ce que je veux dire. Ce latin est tellement dégradé par rapport à celui de Cicéron, par exemple, qu’un francophone nullissime en latin comme moi pouvait le traduire sans trop de soucis. Je ne fais pas de fausse modestie : j’ai réussi l’exploit de n’avoir « que » 14 au bac en connaissant par cœur la traduction française d’un extrait du « De Natura Rerum » (la célèbre "Invocation à Vénus"). Même de mémoire, j’ai réussi à massacrer ce texte vénérable.

 

Je lis parfaitement l’anglais médical qui est la caricature de l’anglais de cuisine, moins bien le NYT ou le WP, et quasiment pas l’anglais littéraire. Et encore, dans ce dernier cas, je ne me suis pas attaqué à un classique : imaginez donc, le tome 6 de Harry Potter…

En gros, la généralisation de l’anglais a un coût : sa simplification et dans un certain degré sa dégradation.

Courage, on n’est pas si mal que ça avec notre langue minoritaire !

10:05 Publié dans Kiva | Lien permanent | Commentaires (5)