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06/11/2007

Les hommes vides.

C’est une expression que j’ai retrouvée dans « Kafka sur le rivage » de H. Murakami.

 

«Tel que tu me vois, j'ai été victime de discriminations diverses dans ma vie, poursuit-il. Seuls ceux qui ont subi eux-mêmes savent à quel point cela peut blesser. Chacun souffre à sa façon et ses cicatrices lui sont personnelles. Je pense que j'ai soif d'égalité et de justice autant que n'importe qui. Mais je déteste par-dessus tout les gens qui manquent d'imagination. Ceux que T. S. Eliot appelait " les hommes vides ". Ils bouchent leur vide avec des brins de paille qu'ils ne sentent pas, et ne se rendent pas compte de ce qu'ils font. Et avec leurs mots creux, ils essaient d'imposer leur propre insensibilité aux autres. Comme nos deux visiteuses de tout à l'heure.»

 

 

 

 
Petit rajout (merci Google et Wikipedia): "The Hollow men" ici et ici, un article sur T.S. Eliot ici.
 

18:40 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2)

Petit dictionnaire médico-technocratique (1).

Nouvelle rubrique dans Grange Blanche !

Je vais collecter les plus belles expressions technocratiques glanées au cours des différentes réunions auxquelles j’assiste (CME, CLUD, COMEDIMS, préparation des EPP…), et leur accoler une définition (si j’arrive à en trouver une).

Ne perdons jamais de vue le but ultime de toutes ces réunions: améliorer les soins que nous apportons aux patients. Et cela, même si ces réunions sans fin amputent largement le temps consacré à ces mêmes soins (shuut, ça, il ne faut pas le dire…).

 

Statuer. 

Synonyme du trop prolétarien « décider ». Probablement à la mode car il se rapproche phonétiquement de « statufier ».

 

Acter.

Synonyme de « rédiger ». Là aussi, bien plus classe, car on pense à un acte notarié, ou mieux, on envisage déjà l’action que ce texte ne va pas manquer d’induire.

 

Ouvrir la communication à fond.

Synonyme de « communiquer », mais a priori, ça ne suffisait pas. A fond les manettes !

 

Formalisation globale.

Synonyme de document, ou note de service.

 

Uniformiser.

Mot très à la mode, à utiliser au moins une fois par minute.

 

Problématique.

Là aussi, très à la mode. La vie est une immense problématique.

 

Logique de management.

Expression vide de sens, mais un mot anglais impressionne encore pas mal. Bientôt, il faudra connaître l’expression chinoise…

 

Identifier les besoins.

Synonyme d’écouter. Du moins, c’est ce que disaient les vieux médecins quand ils arrivaient au chevet de leur patient.

« Je vais identifier vos besoins », ça en jette bien plus que « Je vous écoute » !

 

Le siège.

Sous-entendu le "siège social". Bien moins haut que "au plus haut des cieux", mais pas beaucoup moins puissant.

 

 

Il faut protocoliser le "si besoin".

Pas à proprement parler du jargon médico-technocratique, mais une bien belle expression tout de même. Au lieu de prescrire 2*dafalgan "si besoin", on doit maintenant écrire "2*dafalgan si EVA>2". Ca ne change rien, c'est ça qui change tout.

 

Formindep.

J’ai déjà parlé plusieurs fois de cette association de médecins qui milite pour une formation médicale indépendante.

 

Leur site est toujours une mine d’articles de qualité et aussi de coups de gueule salutaires.

Vous trouverez notamment une pétition (que vous pourrez signer) adressée au Président de la République.

Le texte de la pétition est clair, net, précis, et surtout il appelle un chat un chat.

Notamment, il qualifie de « corruption » la formation (et l’information) médicale financée par l’industrie pharmaceutique, quelque soit sa forme.

« Corruption », le mot est lâché comme un lourd secret en plein milieu d’un repas dominical sur la terrasse ensoleillée de la maison familiale. La chère était pourtant bonne et les joues rosies par le bon vin.

La fête est gâchée. Certains piquent du nez, honteux. D’autres ne se sentent pas concernés du tout mais sont gênés par ce moment pénible et voudraient poursuivre leur repas, tranquilles. D’autres enfin, s’insurgent et tonnent. Seul le grand-père, complètement sourd, continue à faire honneur au gratin dauphinois. Les enfants suspendent leurs jeux pour suivre la conversation des adultes, qui devient d’un seul coup bien plus intéressante que leur bataille de boules de mie de pain.

 

L’information partiale et partielle apportée par la visite médicale, les petits cadeaux, les séminaires et les symposiums, parfois exotiques, les petits repas « conviviaux » entre « partenaires », est-ce que toutes ces pratiques « innocentes » servent notre pratique médicale, et in fine nos patients ?

Que penser de l’objectivité d’une FMC financée et organisée par l’industrie ?

 

Bien sûr, l’information médicale issue de l’industrie est au premier abord chatoyante, livrée à domicile, simplifiée et exempte de problématique. Pour employer un mot qui fleurit facilement entre les lèvres « glossées » de nos visiteuses médicales, elle est « conviviale ».

Malheureusement, je pense que ce n’est pas le cas.

Une information médicale de qualité se mérite, se recherche, se décortique pour trier le bon grain de l’ivraie. Car malheureusement, et ce blog fourmille d’exemples, la publication d’un travail scientifique dans une grande revue n’est pas un signe de qualité.

C’est plus fastidieux, moins convivial, c’est sûr.

Pour faire lapidaire, c’est la coupe ou le coupe-coupe

 

Que penser du mot « Corruption » ?

N’est-ce pas un terme exagéré ?

Je pense qu’il l’est, mais aussi que la valeur de ce mot coup de poing est bien moins dans l’anathème qu’il représente, et qui est par définition sans discernement, réducteur et injuste, que dans les questions qu’il suscite dans la conscience de chacun. Après, chacun pourra en tirer ses propres conclusions.

 

Une simple remarque, toutefois, si vous le permettez.

Nous ne sommes pas des idiots, nous savons tous que l’information délivrée par l’industrie est au minimum sujette à caution. Alors pourquoi continuer de participer à cette duperie ? Quand je pose la question à mes proches confrères, ils me répondent que le foie gras était bon, les vins choisis, les convives agréables, la visiteuse une belle poitrine  et que le diaporama de fin de repas intéressant. Et parfois aussi, que de toute façon, ils ne prescriront jamais le médicament autour duquel était construit la soirée, car ils ne sont pas naïfs.

C’est une façon de voir les choses. Imaginons maintenant que l’ensemble de ces moyens de promotion soit remplacé par une liste de noms de médicaments à prescrire, agrafée à des enveloppes contenant de l'argent liquide à la fin de chaque mois. Pour reprendre les chiffres du « Monde », 2083.33 euros par enveloppe (Si l’on prend les chiffres de ce rapport sénatorial, cette somme mensuelle est environ de 708 euros).

Etes-vous plus choqués ?

Probablement un peu plus, mais au moins, cela aurait le mérite d’être clair.

C’est pourquoi j’ai signé cette pétition.

 

Nous sommes tous corrompus par l’industrie pharmaceutique (moi y compris).

Qui reprendra un café ?

 

 

 

Le rapport de lIGAS

 

09:15 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (14)