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16/03/2008
Le miroir déformant.
Hier, j’ai replongé dans mon passé d’étudiant en médecine : mêmes lieux, mêmes personnes, mais 12 ans de plus.
Et bien, cette expérience est un miroir déformant qui m’a profondément déprimé.
La nostalgie n’est jamais quelque chose de positif, en tout cas pour moi. Proust et sa madeleine me semblent bien intellectuelles et coupées de la réalité humaine. Il devait être sous kétamine quand il a écrit ces lignes.
Le restaurant où j’ai déjeuné résume l’ensemble de ma journée.
Durant presque toutes mes années de médecine, j’ai voulu manger dans ce resto qui était systématiquement encensé par le « Petit Paumé ».
Pour des tas de raisons obscures, je n’y ai jamais mis les pieds.
Hier, j’ai pris le bœuf par les cornes, et j’ai franchi le pas de la porte voûtée.
La salle était vide et défraîchie, le patron déprimé, le cuistot improbable et les couverts tachés.
Pas de toiles d’araignée, ni de chouettes, mais tout comme.
Pendant tout le repas, je suis resté absolument seul. Je regardais les passants s’arrêter devant la carte puis repartir poussés par le vent froid.
J’ai très bien mangé (le poisson et la purée de potiron au thym et au Comté étaient à se rouler par terre).
A la fin, le patron m’a raccompagné et nous avons un peu discuté.
J’ai cherché à comprendre pourquoi ce restaurant qui était « à mon époque » une référence était devenu tellement décati.
Depuis le « à mon époque », une vente, deux faillites et trois reprises expliquent sa déchéance.
Le propriétaire actuel tente de remonter la pente, mais depuis 3 mois, le client se fait rare ("la faute au pouvoir d’achat" ). Cet ancien fonctionnaire de police parisien n'a vraiment rien de la jovialité d'un patron d'un petit restaurant lyonnais typique. Mais au détour d’une phrase, au milieu de la sinistrose, une perle peut émerger. En parlant d’un ancien fait divers : « Quand les pompiers sont arrivés, le feu était déjà circoncis [sic] ».
Je suis sorti vaguement oppressé.
Douze ans ont passé, et les restaurants mythiques meurent aussi.
Le reste de la journée a été à l’identique.
Evoquer le passé avec P. m’a fait prendre conscience de toutes mes potentialités défuntes. Comme tout vieil ami qui se respecte, tout le monde ayant des problèmes, j’ai fait de la scapulothérapie, mais le cœur n’y était pas.
Hier, ces fantômes ont plombé ma journée.
Ce matin, je me sens mieux, de retour dans ma vie actuelle.
08:29 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (1)
13/03/2008
Le second Carnaval des blogs médicaux.
Nous avons un peu avancé avec le bon Dr Zeclarr.
Le carnaval devrait se dérouler les deux ou trois premières semaines d'avril.
Nous avons resserré un peu les délais pour s’inscrire et pour réfléchir au thème qui sera proposé.
Le reste ne change pas : le carnaval est ouvert à tout le monde, blogueur ou non (nous pourrons héberger des notes sur le blog du carnaval).
Nous souhaitons de préférence des textes ou des dessins inédits, mais nous accepterons aussi un travail déjà publié.
Pour ceux qui ne connaissent ni les grandes lignes de ce carnaval, ni comment s’est déroulée la première édition, je leur suggère de consulter le blog du carnaval.
Et voici la nouvelle bannière:
A bientôt pour de nouvelles informations !
17:34 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (2)
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique.
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
Elle travaille dur pour mettre à la disposition du public des médicaments efficaces et sûrs.
Elle finance de façon tout à fait désintéressée, de façon transparente et objective la Formation Médicale Continue des médecins afin de les maintenir à la pointe des progrès médicaux.
Ses campagnes d’information auprès du public et des professionnels jouent un rôle crucial dans la promotion de la santé publique.
L’industrie pharmaceutique est en première ligne dans la protection de la Nature.
L’industrie pharmaceutique prend des engagements fermes pour la défense et la promotion des valeurs qui ont toujours été les siennes : confiance, éthique et humanisme.
Enfin, pour ce dernier point, il reste encore des progrès à faire.
John Mack, l’auteur de l’excellent « Pharma Marketing Blog » a repéré sur la chaîne de sport ESPN que regardait son fils de 18 ans, et à une heure de grande écoute une publicité pour un médicament phare de Pfizer dont l’indication principale sont les dysfonction érectiles.
Source: The Pharma Marketing Blog
Je vous rappelle que la publicité directe au consommateur est permise pour les médicaments dans 2 pays au monde : les EU et la Nouvelle-Zélande.
John Mack rappelle l’ambition de ESPN qui est de développer son audience auprès des adolescents :
« Teens are one of the prime markets for these products: the company says it reaches 72% of that elusive group each week through one of its outlets. "Our biggest TV viewers are users of other media," says Artie Bulgrin, ESPN’s senior vice president of research and sales development. "We are able to recycle our audience and navigate our audience back to TV." ».
On peut donc déjà se demander ce que fait une publicité pour un tel médicament à une heure de grande écoute sur une chaîne de TV largement regardée par des adolescents.
Y a t’il donc déjà tellement de dysfonctions érectiles à cet âge ?
Est-ce pour « rajeunir » l’image de ce traitement ?
Ou bien est-ce pour « élargir » les indications d’un tel médicament, pour le faire prescrire, non plus pour traiter un phénomène « pathologique », mais pour améliorer des performances physiologiques ?
Non, ce n’est sûrement pas ça.
L’industrie pharmaceutique n’est pas capable de faire une telle chose.
D’autant plus, que dans un communiqué du 11 août 2005, Pfizer avait expressément indiqué que :
« In addition to the three areas of change, Pfizer also commits to:
(…)
* Review the placement of our current advertising to ensure that it will be targeted to avoid audiences that are not age appropriate. For erectile dysfunction ads, this means that all TV ads will be aired during programs that have more than 90 percent adult viewership.
(…). » (Copyright © 2002-2005 Pfizer Inc. All rights reserved)
Comme l’a remarqué John Mack, la page qui contient ce communiqué n’est plus visible sur le site officiel de la société. Fort heureusement, on peut la retrouver via le site web.archive.org qui est en quelque sorte la mémoire d’internet.
La diffusion de cet écran publicitaire ne peut donc être le fruit que d’une regrettable erreur de la part du service publicitaire de Pfizer, voire même d’ESPN !
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
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©The Disney Company°0°0°0°0°0°0°0°0°
Un excellent article de PLoS medicine (que j’avais déjà signalé) sur les stratégies développées par l’industrie afin d’élargir les indications de leurs produits :
Lexchin J (2006) Bigger and Better: How Pfizer Redefined Erectile Dysfunction. PLoS Med 3(4): e132 doi:10.1371/journal.pmed.0030132
By MELODY PETERSEN. The New York Times. Published: February 13, 2002
10:43 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (1)