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22/09/2008
Le troisième carnaval des blogs médicaux (2).
Ca y est, vous l’attendiez, le voici!
D’abord le thème :
« Patients, médecins, qu’est ce que les nouvelles technologies ont changé pour vous ? »
Ensuite les dates :
- Inscriptions à cette adresse exclusivement (si possible) :carnavalblogsmedicaux (AT) hotmail.fr entre aujourd’hui et le 05/10.
- Temps de réflexion pour composer vos contributions :du 06/10 au 12/10.
- Rédaction et publication sur vos blogs respectifs (ou sur le blog du carnaval si vous n’en avez pas) :du 13/10 au 19/10.
- Et enfin, publication d’une note regroupant les liens vers l’ensemble de vos œuvres le 20/10.
Vous trouverez tout un tas d’infos, ainsi que les deux précédentes éditions sur le blog du carnaval.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter Zeclarr ou moi, sur l’adresse du carnaval, ou nos adresses personnelles.
Comme pour les deux premières éditions, vous pouvez participer même si vous n’avez pas de blog, nous vous hébergerons sur le blog du carnaval. Il vous suffit de nous faire passer vos contributions à l’adresse du carnaval.
Tout le monde peut participer
Vos contributions pourront se faire sous forme de texte, de dessins, de vidéo…
Enfin, voici la bannière du carnaval, que nous vous invitons à arborer sur votre blog, et son code html:
<a target="_blank" href="http://carnavaldesblogsmedicaux.hautetfort.com/"><img src="http://carnavaldesblogsmedicaux.hautetfort.com/images/ban11.PNG" /></a>
Les organisateurs, Zeclarr et Lawrence Passmore.
20:54 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (3)
C’est un miracle ! (suite de la suite)
Comme l’ensemble des cardiologues français, j’ai reçu récemment le supplément spécial de « Consensus cardio news » sur l’ivabradine.
J’ai lu ce numéro issu de cette très vénérable et très respectée institution qu’est « Consensus Cardio ».
Je vous livre ici mes sentiments.
Tout d’abord, je compte écrire à l’AFSSAPS afin de décrire un effet indésirable grave et non décrit de l’ivabradine, l’orchidodynie, mais j’y reviendrai plus tard.
Après avoir lu l’article, je me suis dit qu'il me fallait absolument essayer ce produit miracle.
J’ai commencé vendredi dernier, le soir, à prendre ivabradine 5 mg.
Dix minutes après la première prise, ma fréquence cardiaque s’est ralentie. J’ai ressenti un moment de félicité et de bien-être. Puis j’ai vu un halo lumineux. Je me suis dit, normal c’est un effet secondaire connu. Mais j’étais bien. Puis « Il » m’est apparu au milieu du salon.
Il n’est pas comme l’Ancien Testament le décrit. Il n’est pas barbu, poivre et sel, et ne porte pas de robe ample. Il a le crâne rasé de près (depuis 1998, m’a t’il précisé), est imberbe et porte un T-shirt Quechua rouge vif avec un jean noir un peu délavé.
Il m’a dit que j’avais fait le bon choix, et que lui même prenait du Vastarel depuis une trentaine de nos années. Et depuis, Il est devenu immortel.
La vision est passée, j’étais sous le choc. Je me suis allongé et j’ai dormi.
Le matin, je savais parler anglais, allemand et latin couramment.
J’ai donc pris mon second comprimé d’ivabradine 5 mg.
Dans le miroir, j’ai constaté que mes cheveux blancs avaient disparu. J’ai fait l’amour à ma femme pendant 4 heures à ma femme, sans discontinuer, au lieu de 3h30 d’habitude. Pardon de rentrer dans les détails, mais je veux absolument rester factuel, comme cette revue me l’appris à l’être : mon sexe n’a pas augmenté de taille. Mais étant donné la taille de départ, le contraire aurait plutôt été une malédiction qu’un miracle.
J’ai couru ensuite pendant 5 heures d’affilée dans la campagne, par monts et par vaux, sans transpirer.
Dans le creux d’une vieille souche, au pied d’un arc en ciel apparu lorsque je suis sorti de chez moi, j’ai trouvé une marmite pleine de Napoléons.
En rentrant chez moi, je consulte mes mails : le New England Journal of Medicine m’annonce qu’un article que je n’ai pas écrit, mais dont je suis le premier et seul auteur va paraître prochainement.
Dimanche, après la quatrième prise, j’ai mis au monde un superbe garçon de 3.250 Kg. Je n’ai pas eu mal.
Je crois que je vais augmenter la posologie et passer à 7.5 mg, 2 fois par jour.
°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°
J’espère que je vous ai fait rire. Bien entendu, je n'ai pas pris d'ivabradine (tout comme mes patients chez qui je n'en prescrirai pas avant de lire une étude concluante).
Et bien, j’ai à peine été caricatural, l’article de Consensus Cardio News est de cet acabit.
Bien entendu, il est financé par le laboratoire français qui commercialise cette molécule.
En tête de l’article, la photo de Kim Fox, le premier auteur de BEAUTIFUL, un scientifique respecté. Mais rien d’indique qu’il soit l’auteur de cet article quasi mystique.
D’ailleurs, je vous rappelle ses propres termes (au cours d'un échange avec un membre du site theheart.org) :
«This trial failed its primary end point in BEAUTIFUL, and the conclusions that we can draw regarding the reduction in fatal and nonfatal MI are to a great extent hypothesis generating, they're reassuring, but they're not definitive, I'm not going to argue with that. ».
Pour les non anglophones, « failed » signifie « a échoué »
Je vous rappelle les conclusions des auteurs de l’article du Lancet :
«Reduction in heart rate with ivabradine does not improve cardiac outcomes in all patients with stable coronary artery disease and left-ventricular systolic dysfunction, but could be used to reduce the incidence of coronary artery disease outcomes in a subgroup of patients who have heart rates of 70 bpm or greater.».
« …ivabradine does not improve …» : « l’ivabradine n’a pas amélioré… » [par rapport au placebo].
« could be used » : pourrait être utilisé [sous entendu, si un essai le confirme en prenant cette hypothèse comme critère principal].
Cet article de Consensus Cardio News est très bien fait. Il met en exergue le seul résultat positif pour l’ivabradine mis en évidence par l’étude. Bien entendu, il s’abstient de toute critique, notamment sur le fait que ces seuls critères positifs soient secondaires, et dans un sous groupe. C’est à dire, objectivement, et au mieux, qu’ils nécessiteraient d'autres études pour les confirmer.
Par contre, il met à côté de ce « "fait" » un autre bien moins discutable, mais issu d’une autre analyse de BEAUTIFUL: il existe un risque majoré chez les patients coronariens et avec dysfonction ventriculaire gauche ayant une fréquence cardiaque supérieure ou égale à 70 bpm.
Bon bien sûr, la population étudiée dans cette étude ancillaire est tirée du groupe placebo, c’est à dire qui n’a jamais approché de près ou de loin un comprimé d’ivabradine. Mais en lisant rapidement, et en faisant un raccourci simpliste (c’est le but de l'article), on en vient rapidement à croire que l’ivabradine est le médicament du millénaire.
L’essai BEAUTIFUL semble techniquement être une étude de qualité. Là n’est pas le problème. Il se situerait plutôt dans les commentaires que l’ « on » en fait, et de ce que l'"on" tente de lui faire dire.
Comme je vous l’ai dit, d’un essai négatif, on en a fait un succès majeur. La transformation de l’eau en vin se pratique donc encore…
Bien entendu, attendez-vous à voir la prescription de Procoralan exploser dans les semaines à suivre.
Maintenant, quid de l’orchidodynie ?
Et bien, en lisant ce supplément à ma table de travail, j’ai été pris d’un fou rire, et me suis renversé dessus mon café brûlant. Et je me suis brûlé les….
Enfin, vous voyez de quoi je veux parler !
10:53 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (10)