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02/12/2008

La transition épidémiologique.

Cette expression un peu barbare, traduite mot à mot de l’anglais nomme l’évolution des maladies humaines dans les pays en voie de développement, au fil de ce dernier.

 

Une série d’articles et d’éditoriaux publiés par la même équipe, et sur la même série de patients en mars dans le Lancet, et très récemment dans Circulation a mis en évidence cette transition dans une banlieue noire et pauvre de Johannesburg, SOuth WEstern TOwnship, bien plus connue sous son acronyme, SOWETO.

Le spectre des maladies de la population de Soweto est entrain de s’occidentaliser, avec une augmentation de la prévalence de l’hypertension artérielle, de l’obésité et du diabète, un peu comme les pauvres indiens Pima, et une diminution des maladies épidémiques (hors HIV).

Si l’on se focalise sur l’étiologie des nouveaux cas d’insuffisance cardiaque, on retrouve encore un éventail très différent de celui observé chez nous, mais qui n’est déjà plus celui observé il y à quelques dizaines d’années.

Ainsi, les insuffisances cardiaques liées au rhumatisme articulaire aigu ne sont qu’en cinquième position (8%), largement derrière les cardiopathies hypertensives (33%), les cardiopathies idiopathiques (28%), les insuffisances cardiaques droites (27%) les cardiopathies ischémiques (9%). Les auteurs ont très surpris par la fréquence des insuffisances cardiaques droites, qui sont rares chez nous (autour de 3% en Europe). Ils suspectent une origine environnementale comme la pollution. Mais on retrouve aussi d’autres causes, comme des connectivites, ou des tuberculoses évoluées.

L’insuffisance cardiaque touche une majorité de gens jeunes, puisque l’âge moyen de cette population est de 55 ans. Et pour être plus précis, une majorité de femmes (57%). Ces femmes sont dans, leur immense majorité, obèses avec un BMI supérieur à 30 (87%) et hypertendues (88%)

 

Vingt pour cent de cette population a un débit de filtration glomérulaire inférieur à 60 mL/min / 1.73 m². Tu vas avoir du boulot, là-bas, Stéphane.

Le nouveau tueur qui émerge doucement mais sûrement en Afrique, l’hypertension artérielle touche principalement des femmes jeunes, dont l’âge tourne autour de 54 ans.

Comme vous le savez, cette maladie longtemps asymptomatique nécessite une prise en charge diététique et médicamenteuse longue, quotidienne, souvent ingrate. Autrement dit, le premier pas vers la prise en charge de cette épidémie d'un nouveau genre passe par une amélioration radicale de l'éducation de cette population hautement défavorisée.

 

 

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Simon Stewart, David Wilkinson, Craig Hansen, Vinesh Vaghela, Robert Mvungi, John McMurray, and Karen Sliwa. Predominance of Heart Failure in the Heart of Soweto Study Cohort: Emerging Challenges for Urban African Communities. Circulation. 2008;118:2360-2367; published online before print November 24 2008, doi:10.1161/CIRCULATIONAHA.108.786244

 

Michelle Asha Albert. Heart Failure in the Urban African Enclave of Soweto: A Case Study of Contemporary Epidemiological Transition in the Developing World. Circulation. 2008;118:2323-2325, doi:10.1161/CIRCULATIONAHA.108.819821

 

Harvey D White, Anthony J Dalby. Heart disease in Soweto: facing a triple threat. The Lancet, Volume 371, Issue 9616, 15 March 2008-21 March 2008, Pages 876-877

 

Karen Sliwa, David Wilkinson, Craig Hansen, Lucas Ntyintyane, Kemi Tibazarwa, Anthony Becker, Simon Stewart. Spectrum of heart disease and risk factors in a black urban population in South Africa (the Heart of Soweto Study): a cohort study. The Lancet, Volume 371, Issue 9616, 15 March 2008-21 March 2008, Pages 915-922

20:38 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

Circulation.

Une conférence de consensus et une recommandation dans le numéro du jour de Circulation.

La conférence de consensus concerne la gestion du syndrome post arrêt cardiaque. Les auteurs constatent dès les premières lignes que le pronostic ne s’est pas amélioré depuis 50 ans. La mortalité est toujours aussi effroyable malgré tous les progrès, toutes les campagnes d’information : environ 70% de mortalité intra-hospitalière.

La recommandation s’intéresse au sujet passionnant mais obscur (en tout cas pour moi) de la gestion des adultes porteurs d’une cardiopathie congénitale.

Je les ai ajoutées à la page « Cardiologie et médecine vasculaire » du "wiki des recommandations médicales" dans le paragraphe "divers". Je vous conseille de télécharger ces textes, s’ils vous intéressent, car ils sont en accès libre pour une période limitée.

Enfin, je parlerai dans une prochaine note d’un sujet qui me tient à cœur  et qui a fait l'objet d'un article et d'un édito dans ce même numéro: les pathologies cardiovasculaires en Afrique.

07:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

01/12/2008

Moi aussi, moi aussi !

Je vais copier Stéphane et diffuser de l'iconographie pour illustrer un cas clinique.

Bon, le cas clinique est très succinct.

Une brave dame adressée pour une échographie cardiaque avant une chimiothérapie pour cancer du rein.

Le courrier précise que le scanner a mis en évidence une thrombose extensive de la veine rénale, de la cave, jusqu’à l’oreillette droite.

Et en effet, en sous-xiphoïdien, j’ai eu la relative surprise de tomber sur cela :

 

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Coupe plus ou moins longitudinale de la veine cave inférieure (VCI). On se situe juste à l'abouchement de la VCI dans l'oreillette droite (OD). On devine une veine sus hépatique (VSH).

 

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Sonde inclinée un peu plus vers le bas, coupe transverse de la VCI.

 

Le mouvement du thrombus, qui rentre et qui sort de l’oreillette droite en alternance avec les mouvements du cœur est particulièrement impressionnant.

Pas encore de film, malheureusement, car je ne suis pas très doué pour jongler avec le format DICOM. J’ai déjà eu du mal à tirer les images sus-jacentes.

La patiente m’a demandé à la fin de l’examen si ses œdèmes aux jambes étaient graves.

Je lui ai dit que non, avoir de grosses jambes n’était pas forcément grave.

Que dire d’autre au cours d’une simple échographie pré-thérapeutique ?

Pour le reste, une fois seul, je me suis abîmé dans la contemplation de la fantastique boucle d’images que j’ai faite en fin d’examen, pour m’extasier, de peur d’avoir à en pleurer.

18:14 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)