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06/02/2005

Delphine

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J'ai retrouvé cet après-midi la caisse qui contient tout mon courrier personnel depuis, oh... des temps immémoriaux (au moins).
La boite de Pandore est restée fidèle à sa répétition, et à la fin de ma lecture, il me reste de la nostalgie et un peu d'amertume.
Trois ombres ont surgi de mon passé:
- mon père (Cf. infra)
- Delphine
- Caroline

Je vais évoquer pour vous (et beaucoup pour moi, hypocrite...) le souvenir de Delphine.

Nous étions de la même promo, mais dans deux facs différentes (il y a 4 facs de médecine sur Lyon).
Nous nous sommes rencontrés au cours d’un stage d’externe de DC4 (l’année de l’internat…) en réa polyvalente au CH Lyon Sud, fin 96-début 97.
Je ne vous décris pas en quoi consiste un stage d’externe, Mélie et Sébastien l’ont très bien fait.
En l’occurrence, le stage était sympa car il ne se constituait que de gardes de 8h00 à 22h00.
En dehors de ces jours, quartier libre (notion très théorique quelques mois avant le concours…).
Les externes ne se voyaient donc jamais.
Je l’avais remarquée au cours d’une réunion au début du stage (pour le choix des gardes, ou pour un travail de groupe).
Elle m’avait ébloui par sa vivacité d’esprit et son élégance (grande, mince, cheveux chatains, et un joli minois heureusement épargné par une vilaine cicatrice située sur le cou).
A l’époque j’étais totalement naïf en matière de fille, seules les études et les livres monopolisaient mon attention. J’étais, (et je suis toujours) solitaire ; la définition de la foule commence pour moi à 3 personnes.
Evidemment, je ne désespérais pas de rencontrer l’âme sœur, si possible en ne faisant aucun effort, aucune démarche, aucun premier pas, sinon je risquai d’être frappé par un éclair blanc sur le champ (ce n’était pas gagné, et d’ailleurs, je n’ai rencontré ma première et seule femme -ma compagne actuelle- que deux ans plus tard ; pour être complet, c’est elle qui a fait le premier pas, ouf…).
Bref, ce n’était pas gagné, et elle me semblait bien inaccessible.
Puis le miracle a eu lieu ; pour une raison qui échappe à ma mémoire, nous avons échangé une correspondance intense par delà le temps (pour faire moins prétentieux, avant de partir, nous épinglions nos lettres sur le tableau en liège de notre bureau, à côté du négatoscope).
Autant dire que j’arrivais toujours en avance et avec empressement à mes gardes (ils n’ont plus jamais vu cela depuis…), et je courrais décacheter la vilaine enveloppe en papier recyclé rose-orangé sale des HCL (Hospices Civils de Lyon) qui m’attendait sagement épinglée sur du mauvais liège. Mais elle valait alors pour moi plus que tous les trésors de l’Arabie bienheureuse (je suis en train de lire Gaspard, Melchior et Balthazar de Michel Tournier).
Qu’est-ce qu’elle y écrivait de si merveilleux?
Rien de passionnant avec le recul, mais à l’époque sa prose faisait mes délices.
Petit exemple :

« …Ceci dit, j’ai vu aujourd’hui notre ami commun [le chef de service….] dans son super bureau (j’ai osé fouler de mes vilains sabots (en passant par la Lorraine…) le magnifique tapis persan de notre ami commun, il a d’ailleurs été tout à fait charmant (c’est louche ! Ça flaire le coup fourré). A mon avis ça ne va pas durer !
Bon, c’est bien agréable cette correspondance, mais il est quand même 23h40 (des heures sup’ ! Un comble !) et j'entends d'ici le ricanement sordide de mon poly du CSCT qui se marre d'être encore désespérément vierge... je te souhaite trés-beaucoup-bonne-chance pour demain, je t'enverrai plein d'ondes positives promis-juré.(sauf si je me suis suicidée d'ici-là)
Courage! Bientôt les vacances!
Bisous.
Bonne garde.
A bientôt.
Delf »

A la réflexion, elle était un peu tachypsychique, la demoiselle…
Par ailleurs comme je faisais aussi des heures sup’ pour rédiger mes courriers, ils devaient nous prendre pour des externes hors norme.
J’aimerais bien relire ce que je lui écrivais ; me connaissant, sûrement rien de sexy…
Bref, cette correspondance a duré bien plus que ce délicieux stage (délicieux ?? uhmmm, entre frissons, émois amoureux et Angoisse –avec un a majuscule- des mois qui précèdent l’internat).
Nous avons sagement attendu que le concours soit passé pour nous voir en dehors de l’Hôpital.
Elle m’a appris à faire du roller, nous avons fait de longues balades dans le Parc de la Tête d’Or (une tête du Christ en or y serait enterrée selon la légende), et y avons nourri les écureuils avec des croûtons de pain sec, je me souviens aussi du trajet dans sa voiture pour aller chez ma mère (le seul, au volant, elle était dangereuse à se pisser dessus) .
Une magnifique communion entre ami(e) donc ; et c’était là que le bât blessait. Bien évidemment, j’espérais une évolution vers quelque chose d’un peu plus…physique.
L’amitié est parfois une calamité pire que les sauterelles ; quand on a pris la mauvaise bifurcation entre ami(e) et amant(e), on peut rarement revenir en arrière.
Elle a eu son internat brillamment (dans les 30 premiers sur 3500 candidats et 1815 admis, j’étais 600 et des poussières dans le sud).
Elle a pu rester sur Lyon et faire chirurgie, moi j’ai émigré pour choisir cardiologie.
La femme de ma vie (en fait entre novembre 96 et juin 97) avait tout pour elle : une place en chirurgie (si j’avais pu, j’aurais fait l’erreur de choisir chir…), à Lyon (ma ville natale), un appartement dans le vieux Lyon (mon rêve d’alors…). Et moi, j’étais déraciné et jeté au loin (vous pleurez, j’espère).
J’ai donc fait des allers-retours (700Km A/R) sur 24 heures pour manger une crêpe et boire un bol de cidre brut avec elle. Elle m’hébergeait dans…son lit, pour la nuit, en tout bien tout honneur (la médiane de son lit étant aussi infranchissable que l’épée au milieu de la couche de Tristan et Iseult). Je me revois, avec 8 ans de distance, me demander ce que je foutais dans cette situation aussi ridicule.
Vous devez vous demander pourquoi je ne me suis pas déclaré, pourquoi je n’ai pas fait avancer les choses…
Je ne le sais toujours pas.
Finalement, un soir, elle m’a dit spontanément qu’elle aimait un autre garçon.
Je me suis encore un peu accroché, jusqu’à un 8 décembre 98 (jour de la fête des lumières à Lyon).
J’étais déjà avec ma compagne depuis juin, et très fourbement, je me suis dit « cette fois c’est la bonne, je vais me lancer, attention les yeux…. ».

J’ai pris le TGV en laissant ma compagne un peu peinée (« je vais passer 2 jours à Lyon avec Delphine, tchao.. »), et je suis arrivé sur Lyon ou il faisait un froid dément.
Nous avions rendez-vous à 19h, à 19h30 personne.
Coup de portable :
«- tu es où ?
- je suis au ski avec des copains, je suis toujours pas partie de la station… »

Quelle salope…..(qui étais-je pour dire çà ?)
Avez-vous déjà cherché une chambre d’hôtel sur Lyon un 8 décembre ?
C’est impossible. Tout est complet, réservé depuis des mois.
La salope…
Je me suis donc rabattu sur une autre copine qui m’a gentiment hébergé sur son canapé bosselé. Son chat, atteint d’une leucose féline avancée (ou d’une leucémie, je ne sais plus…) s’est fait les griffes sur mon torse toute la nuit….
La salope….
Je suis rentré chez moi la queue basse, et le torse griffé, sous l’œil hilare de ma (alors) très compréhensive compagne.
Delphine (la s…) n’a donc pas trop compris ma subite bouderie, et mon annulation de la soirée crêpe qu’elle avait envisagée (un rendez-vous de dernière minute avec un collègue)

Je l’ai rappelée l’an dernier : elle va bien, n’a pas changé, est toujours avec « machin », et ne comprend toujours pas ma bouderie…

21:55 Publié dans Mon passé | Lien permanent | Commentaires (0)