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09/03/2006

Cœur et café.

Boire du café ; est-ce un facteur de risque cardio-vasculaire ?

 

Question fréquente des patients, comme moi adeptes de café, mais jusqu’à présent sans réelle réponse fiable.

 

Theheart.org résume une étude qui est sortie dans le JAMA du 8 mars (Cornelis MC, El-Sohemy A, Kabagambe EK. Coffee, CYP1A2 genotype, and risk of myocardial infarction. JAMA 2006; 295:1135-1141.).

 

En gros, il existe 2 populations dans cette étude réalisée au Costa Rica (on se demande bien pourquoi…).

D’un côté les «CYP1A2 1A/1A », les métaboliseurs rapides de la caféine, de l’autre les « CYP1A2 1A/1F » et les « CYP1A2 1F/1F », qui sont des métaboliseurs lents.

Les biochimistes et pharmacologues en herbe, auront reconnu sous l’acronyme « CYP1A2 », le fameux cytochrome P450 (le 1A2, en l’occurrence), qui joue un rôle fondamental en pharmacodynamique.

 

Et bien, vaut mieux être « rapide » dans ce cas particulier.

L’ingestion de café dans cette population au pire, n’est pas délétère, et, au mieux, a une action protectrice. Moins 52% d’infarctus pour ceux qui boivent une tasse par jour, moins 43% pour ceux qui en boivent 2-3 tasses. Ne vous jetez pas sur votre machine à café, pour prendre le seul café quotidien qui vous rendra quasi immortel, ces chiffres ne sont que relatifs !

Enfin, ils ne concernent que les moins de 59 ans.

 

Par contre, si l’on est « métaboliseur lent », les risques d’infarctus augmentent pour 2-3 tasses, et plus de café par jour (+ 64% à plus de 4 tasses).

 

Les auteurs ne précisent pas quelle est la proportion de chaque groupe dans la population du Costa Rica, mais sa relative multi-ethnicité rend ces résultats valables pour une grande partie des groupes humains.

 

Moralité, boire 1 tasse de café par jour ne fait rien risquer ; au-delà, ça dépend de vos gènes.

 

Bon Kawa à tous !

27/02/2006

Qui va financer? (suite)

Encore un excellent article du Monde.

Il fait écho à un article de "Prescrire", que j'avais cité ici.

Encore une fois, une bonne idée initiale, remettre à niveau périodiquement les médecins, est pervertie par les principaux acteurs du système. La FMC est trop souvent une nième tribune donnée aux laboratoires pharmaceutiques, pour vanter leurs dernière panacée.

A propos, je me suis fâché avec une visiteuse médicale il y a deux semaines. Elle s'est tout d'abord un peu imposée à moi, mais comme elle avait organisé et financé un repas de service la semaine précédente, je n'ai rien dit.

Puis elle m'annonce que son diurétique anti-hypertenseur (un thiazidique) est moins hypokaliémiant que l'indapamide ancienne galénique. Petit rappel: l'indapamide est d'abord sorti sous sa forme à libération immédiate, mais de nombreuses et sévères hypokaliémies ont conduit à une modification de sa galénique, qui est devenue "LP" (à libération prolongée). Je lui ai fait remarqué que ce n'était ni pertinent (de se comparer à une "mauvaise" molécule), ni très éthique (vis à vis du labo adverse, qui a modifié sa molécule).

Ca ne lui a pas plu.

Tant pis...

             

Un Rapport dénonce l'opacité de la formation médicale continue
  

Dans un rapport transmis, mardi 21 février, à Xavier Bertrand, ministre de la santé, l'inspection générale des affaires sociale (IGAS) dresse un réquisitoire sévère contre l'organisation de la formation médicale continue (FMC). Selon le document, ce secteur, censé améliorer les pratiques médicales des professions de santé, brasse des millions d'euros dans une opacité totale, multiplie les conflits d'intérêts et n'a jamais, depuis dix ans, appliqué les textes réglementaires.

         

Une situation qui perdure, dans l'indifférence des pouvoirs publics, mais à la satisfaction de l'industrie pharmaceutique et des syndicats médicaux. "Les diverses tentatives de refonte du système de la FMC, initiées en 1996 (...), ont sans cesse achoppé sur des problèmes de gouvernance et de financement, sur fond de rivalités syndicales", constate l'IGAS. "Force est de constater la faiblesse problématique du rendement du service public dans ce domaine et le gaspillage des ressources investies dans l'élaboration des textes législatifs", ajoute-t-elle.

  

Combien de médecins la FMC concerne-t-elle, et pour quel coût ? Impossible à dire, puisqu'il n'existe pas de "données globales et fiables". L'inspection estime que seul un médecin sur cinq participe à des journées de formation, alors que celle-ci est obligatoire depuis 1996. Seuls les financements institutionnels (70 millions d'euros en 2005) sont connus. Ceux de l'industrie pharmaceutique "restent opaques". Evalués "entre 400 et 600 millions d'euros", ils constituent pourtant "le vecteur essentiel de financement de la FMC".

          

"Le niveau réel de financement de l'industrie est d'autant plus malaisé à cerner que la frontière entre dépenses de promotion et dépenses de formation est difficile à tracer", relève l'IGAS. Celle-ci observe que la formation des médecins libéraux est largement financée par les laboratoires pharmaceutiques, et celle des hospitaliers par l'industrie biomédicale. Tout cela concourt à un système qui ne garantit pas l'indépendance des formations et qui, "sauf à accepter que la FMC ait pour fin essentielle la promotion des produits, est en totale contradiction avec les objectifs affichés de maîtrise médicalisée des dépenses de santé".

             

Le rapport de l'IGAS souligne "l'omniprésence des conflits d'intérêts". Ainsi, les organisations syndicales siègent-elles dans les instances d'agrément des organismes de formation, alors qu'elles ont elles-mêmes créé leurs propres organismes. L'IGAS cite un exemple éloquent : "En 2004, près de la moitié des fonds publics de la FMC a été attribuée aux organismes de formation situés dans la mouvance du même syndicat représentatif pour une seule catégorie de médecins". "Il serait préférable, poursuit-elle, d'exclure les organisations syndicales de la gestion des appels d'offres."

        

Sandrine Blanchard

       

Article paru dans l'édition du 28.02.06

 

21/02/2006

Paludisme et drépanocytose.

J’ai vu une patiente de 25 ans lundi matin à la consultation. Elle est porteuse d’une drépanocytose, et en lui faisant une échocardiographie, je lui ai trouvé une atteinte cardiaque assez sévère.

 

 

En faisant des recherches sur « Pubmed », et « Google » (parfois même meilleur que Pubmed pour trouver des articles de fond…), j’ai retrouvé une association dont j’avais déjà entendu parler.

 

Il s’agit de deux maladies touchant sensiblement la même population, celle de l’Afrique sub-saharienne. Ces deux maladies sont le paludisme et la drépanocytose.

Le paludisme, vous connaissez, c’est une maladie parasitaire qui entraîne une destruction des globules rouges, et une cascade thrombotique et immunitaire parfois fatale.

Parfois est un euphémisme.

Depuis que vous avez commencé à lire cette note, soit environ 1 minute, 5 hommes, femmes ou surtout enfants sont décédés du paludisme quelque part dans le Monde.

La drépanocytose est une maladie génétique qui entraîne une modification de l’hémoglobine. Cette hémoglobine déficiente, nommée "S", provoque une modification des globules rouges. Ces derniers prennent la forme d'une faucille, d'ou l'autre nom de la drépanocytose: l'anémie falciforme.

 

Cette pathologie est potentiellement grave. La mort peut survenir en période pédiatrique (en cas de drépanocytose homozygote notamment), ou entraîner des accidents vasculaires répétitifs si le patient parvient à l’âge adulte (souvent drépanocytose hétérozygote).

Ce qui est intéressant dans cette histoire est que la drépanocytose, qui est donc en générale délétère, a un effet protecteur diminuant la sévérité du paludisme. A priori, pour faire simpliste, l'hématozoaire du paludisme déteste les globules rouges en forme de faucille. Il ne peut donc pas infester un patient drépanocytaire de manière massive, ce qui diminue assez nettement le risque de décès

Ce qui fait qu’en zone d’endémie palustre, la population porteuse du gène est en quelque sorte favorisée par rapport aux autres ; par conséquent, elle s’accroit plus.

Ainsi, en Ouganda, par exemple, 46% de la population est hétérozygote, sous la pression du paludisme. Aux Etats-Unis, cette anomalie ne touche « que » 8% de la la population noire américaine, pourtant de même souche.

 

Mais ne nous trompons pas, la drépanocytose est une sale maladie, qui d'ailleurs, par la morbi-mortalité engendrée a tendance à disparaître (moins de porteurs, donc moins de transmission, et ainsi de suite) dans les zones géographiques… non impaludées.

Voilà, c’était le petit conte du mardi soir (post garde), j’espère que ça vous a plu.

 

 

De nombreux sites se penchent sur ce problème, en voici deux : ici, et ici.