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11/08/2007

La fuite

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Situation bien désagréable hier.

Depuis le début de la semaine, la famille d’une patiente de 86 ans, sa fille en l’occurrence se plaint que l’état de sa maman ne s’améliore pas, voire se dégrade.

Cette patiente, suivie par un ami, a bénéficié de la mise en place d’un stimulateur cardiaque il y a deux semaines.

Or, elle est toujours essoufflée au bout de quelques mètres.

J’avoue que cette patiente, que m’avait recommandée mon ami est prise en charge dans un secteur dont je ne m’occupe pas, et que j’étais très occupé cette semaine dans mon propre secteur.

Mais je sentais que la situation se dégradait du point de vue familial, et que l’inquiétude de la fille se muait lentement mais sûrement en reproches de plus en plus vifs sur la prise en charge.

Pourtant, mon ami, et celui qui a implanté le stimulateur leur avaient promis une amélioration rapide et spectaculaire.

J’ai pris un peu de temps pour examiner la patiente, conscient qu’il fallait arrêter ce pourrissement accéléré de la situation.

Malgré ses 86 ans, la dame est encore très verte, et je ne comprenais pas trop les reproches de la fille, jusqu’à ce que je la fasse marcher. En effet, au bout de quelques mètres, elle s’essouffle, ne peut plus parler ni avancer.

Je jette un coup d’œil rapide en échographie cardiaque : elle a une insuffisance mitrale sévère.

Je me dis, eurêka, c’est pour cela qu’elle est essoufflée.

Je convoque la fille pour le lendemain, alors que jusqu’à présent, c’était plutôt le contraire.

Donc hier je lui explique qu’elle est essoufflée car elle a une fuite mitrale sévère, et que cela n’a rien à voir avec l’implantation du stimulateur qui a réglé un problème rythmique et non, bien entendu le problème valvulaire.

Vous l’avez peut-être perçu, mais en général, quand j’ai décidé d’annoncer une mauvaise nouvelle à une famille ou un patient, je le fais assez directement en des termes précis, et le plus conformes à ce que je pense être la situation médicale du moment.

C’est mon côté lyonnais psychorigide.

Bon, ici, ce n’est peut-être pas l’approche optimale, mais je sentais que la fille n’avait rien compris à la situation et qu’elle était inquiète et accusatrice à cause de cela. Il me fallait donc éclaircir la situation.

Je me suis alors rendu compte que mon petit exposé avait soulevé un, plutôt plusieurs lièvres.

Primo, la fille pensait que sa mère de 86 ans serait immortelle et inaltérable. J’ai, la aussi apporté un bémol.

Secundo, bien plus grave, je me suis rendu compte que la fille était persuadé que « tout allait bien » selon le cardiologue traitant de sa mère, mon ami. Et donc, qu’elle tombait de très très haut après mon annonce.

Je ne sais pas si elle a inconsciemment mal interprété le message de mon ami, ou si ce dernier qui devenu trop proche de cette famille, n’a pas voulu trop les inquiéter. Depuis quelques temps, il faisait la bise à la maman en l’appelant par son prénom. Il n’a peut-être pas voulu, consciemment ou non dévoiler la vérité sous une lumière trop crue.

 

Je pense que cette attitude est parfaitement louable, mais qu’elle peut conduire à une incompréhension totale qui ne restera latente que la durée, forcément limitée de la phase de stabilité ou « tout va bien ».

 

Le connaissant parfaitement, après avoir lu les courriers médicaux et après quelques minutes de conversation avec la fille, je pense que l’incompréhension provient des 2 côtés. Il n’a pas voulu inquiéter une fille qui n’a pas voulu écouter les messages d’alarme.

 

Autre facteur de confusion, le degré extrêmement subjectif de l’appréciation du degré de gravité.

Pour la fille, cette fuite mitrale sévère est gravissime, puisqu’elle touche la chair de sa chair.

Pour le cardiologue, cela l’est moins : la patiente a 86 ans, sa dyspnée est encore « acceptable » sous des doses raisonnables de lasilix, que l’on pourra donc augmenter progressivement.

 

Dès qu’il rentrera de vacances, je lui parlerai de cette famille. Cette histoire me touche car nous sommes très proches et que cette famille est en effet très attachante.

 

 

"Personne n'aime le messager porteur de mauvaises nouvelles"

10:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

10/08/2007

Brève d’office.

Entendu à midi à l’office du service par une jeune infirmière (blonde) :

 

" Je ne me souviens jamais de l’anniversaire de mon copain, j’hésite entre le 11 novembre et le 14 novembre.

Le 11, c'est ferié, einh ?"

09/08/2007

Le jésuite et le chirurgien.

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J’ai examiné un père jésuite aujourd’hui (AMDG...).

Il doit sortir demain après 3 semaines de rééducation dans les suites d’une chirurgie mitrale un peu délicate, réalisée dans un contexte qui ne l’était pas moins.

Il m’a raconté avoir revu le chirurgien qui l’avait brillamment opéré, et que ce dernier était ravi de sa bonne évolution.

Le bon père lui a alors sorti un psaume qui l’a laissé sur place :

« C'est avec toi que je saute le fossé, avec mon Dieu que je franchis la muraille. » (TOB)

 

Ce psaume (Ps 18 :30) n’est pas très facile à ressortir, mais j’imagine bien l’effet qu’il a pu produire, connaissant bien le chirurgien.

Ah bon, je vous ai fait franchir une muraille ?