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26/03/2005

L’aire d’autoroute.

medium_030448-biot.jpgL’été dernier, nous faisions un long trajet autoroutier avec les enfants.
Nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute pour nous dégourdir les jambes, boire, et faire un petit pipi.
Nous nous garons à l’ombre de chênes-liège, non loin des toilettes.
Les cigales grésillent comme des démentes, j’arrive à en localiser une sur un tronc, et je mets Guillaume sur mes épaules pour lui faire voir d’où vient ce curieux petit bruit.

Au-delà de la rangée d’arbres, une pente de 7-8 mètres, assez brutale mène à un ru. De l’autre côté du petit ruisseau, une courte remontée est barrée par la clôture de l’aire et un sous bois.

Guillaume et moi descendons patauger dans l’eau fraîche et vive, nos pantalons remontés.
Après quelques minutes d’éclaboussements joyeux, nous remontons.

Je discute du temps avec un conducteur venu, lui aussi se dégourdir les jambes.
Sally est allée avec Guillaume faire un pipi, tandis que je porte le petit dans mes bras.
C’est alors que je remarque un curieux manège.
Des voitures arrivent successivement, accompagnées par un motard de la police, qui crie un chiffre à une consoeur debout à côté d’un fourgon, que je n’avais pas remarqué jusqu’à présent : 160, 201, 190…
Nous sommes au fond d’une nasse à excès de vitesse.

Evidemment, les contrevenants sont de méchante humeur.
Je vois arriver une dame, la cinquantaine, conductrice d’une Volvo, contrôlée à 180.
Elle est accompagnée de son père, environ 80, grand, maigre, un peu perdu.
Ils sortent de la voiture, et pendant que la fille rentre dans le fourgon, le père sort du coffre, en laisse, un jeune boxer un peu fou.
Le chien tire comme un damné, et entraîne le papi.
Mon compagnon et moi voyons ce couple enlaissé et instable franchir la bordure du parking, et tirer tout droit perpendiculairement à travers la pente.
Je n’aurais jamais cru qu’un monsieur aussi âgé pouvait tricoter des jambes aussi rapidement, le torse arquebouté en arrière.
Il parvient à éviter le ruisseau, mais s’incarcère de tout son long dans la remontée.
Le chien est bien sûr ravi que son maître se roule avec lui dans l’herbe.
J’espère qu’il ne s’est pas fait un « col ».
Non, il se relève et remonte péniblement jusqu’au parking.
Sa fille, rouge de colère, sort du fourgon, et passe devant lui pour retourner dans la voiture.
Elle lui lance sur un ton peu amène :
« Et fait attention de ne pas tomber, il ne manquerait plus que ça, aujourd’hui !! ».

Elle n’a même pas remarqué les traînées verdâtres sur son blouson, ni mêmes les quelques brins d’herbe au milieu de cheveux blancs en bataille.

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