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04/08/2005

Stat Rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus.

medium_rose.jpg

Cette phrase est la dernière du roman de Umberto Eco, « Le Nom de la Rose ».

J’ai lu ce roman une bonne demi douzaine de fois entre le collège, et il y a peu.

Je n’ai jamais su ce qu’elle signifiait (ce ne sont pas mes années calamiteuses de latin qui pourraient m’aider….).

A vrai dire, je ne l’ai jamais trop cherché.

Depuis aujourd’hui, je le sais.

Comment ?

Grâce à internet, bien sûr, mais plus précisément grâce aux blogs.

Pour être plus précis, grâce à une remarque de Alexandre sur le blog de Fuligineuse : « De la rose il ne reste que le nom, les noms restent, mais dépouillés de contenu ».

Il y a même la référence de cette citation : « (Bernard de Morlaix, XIIème siècle, Comtemptu Mundi, in Umberto Eco, Le Nom de la Rose)».

Et alors ?

Je me suis fait deux remarques.


La première est qu’une part de plus en plus grande de l’information se trouve maintenant dans les blogs.

Faîtes en l’expérience, « googlez » cette citation, et comptez le nombre de blogs cités (dans quelques heures/jours, cette note, issue de mon blog le sera).

Initialement nichée dans deux ou trois sites latinisants peu accessibles, cette miette d’information se retrouve multipliée, amplifiée, voire déformée (dans un forum, cette traduction peu académique : « Selon les stats, Rosa et Christine sont nominées, votez par SMS pour sauver votre favorite »).

Internet et plus particulièrement les blogs sont, en partie, des parcelles de la Connaissance, qui se connectent.

A vrai dire, il y a aussi beaucoup de déchets…


Deuxième remarque.

La citation en elle-même est vertigineuse de vérité.

Si je recherchais le nom de mon arrière arrière grand père, je me retrouverai en effet devant une enveloppe vide de sens. Pourtant, il a vécu, et a eu de l’importance, à son petit niveau, certes, mais il a existé.

Maintenant, plus rien.

Sans aller aussi loin, mon premier grand amour s’appelait Emmanuelle. C’était au collége, en sixième. Son prénom faisait alors battre mon cœur à la chamade, elle occupait toutes mes pensées.

Et maintenant, rien.

C’est en cherchant un exemple pour cette note que je me suis souvenu de son nom, devenu vide de sens.

 

Puisque c’est la soirée « réflexions de comptoir », je vais boucler le Temps, afin qu’il se touche, tel un ruban.

Et cela, sous vos yeux, dans cette note.

Attention, et hop :

 

« La phrase que j’écris en ce moment est celle que vous lisez en ce moment.»

 

J’ai fait se toucher deux instants distincts, le mien (22h56min30sec, le 04/08/05), et le votre.

 

Ce n’est pas de moi, j’ai trouvé ce tour de magie temporelle dans « Le tableau du Maître flamand » de Arturo Perez-Reverte, que je lis actuellement.

 

Bonne soirée à tous/toutes.

 

23:05 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (7)

Commentaires

Il y a quelques années, j'avais cherché en vain la signification de cette citation.
Puis un jour google m'a trouvé une misérable page traitant fort justement du concept et de son histoire depuis les Grecs jusqu'à nos jours.
Récemment, j'ai posté un article sur mon blog sur ce sujet. Et depuis google m'amène des brouettes pleines de gens à la recherche de la rose. Peut-être ont-ils poursuivi leur quête de la rose suscitée par "Da Vinci Code" ? Peut-être ont-ils été inspirés par Brassens ou Villon?

Écrit par : Merlin | 05/08/2005

Bonjour, je suis venue ici via Technorati, curieuse de la référence à mon blog (merci). Et merci surtout pour la phrase de Perez Reverte - qui est décidément un auteur remarquable.

Écrit par : fuligineuse | 14/08/2005

Merci de ta visite, n'hésite pas à revenir!

Écrit par : lawrence | 14/08/2005

J'ai lu et relu ce roman, acquis dès sa sortie en Livre de poche... Quelques années donc. Je me suis même attelé à traduire toutes les phrases et expressions en latin, et il y en a ! Mes fiches sont disponibles... et amendables.
Quant à la dernière phrase du roman, je propose la traduction suivante :
La rose d'autrefois n'est rose que par son nom ; nous nous attachons à (gardons) des mots vides de sens.
Jean-Pierre

Écrit par : Prigent | 21/10/2005

je pense que vous réduisez la phrase latine et le concept qu'elle recouvre lorsque vous dites :
" Sans aller aussi loin, mon premier grand amour s’appelait Emmanuelle. C’était au collége, en sixième. Son prénom faisait alors battre mon cœur à la chamade, elle occupait toutes mes pensées.
Et maintenant, rien.
C’est en cherchant un exemple pour cette note que je me suis souvenu de son nom, devenu vide de sens."
le cas qui est le votre n'est qu'un des cas recouverts par l'expression.
Ce que dit Eco, ce qu'il fait dire à Adso, c'est que le nom n'est ni nécessaire ni suffisant : ce n'est pas parce qu'on a le nom qu'on a l'être derrière; mais à l'inverse, on peut avoir l'être et pas de nom; c'est ce qui arrive à Adso : de cette jeune fille qui fut son seul amour terrestre, de cette "rose" il revoit encore le visage qui l'illumine encore dans sa vieillesse.

Conséquemment, nom et être ne sont pas nécéssairement liés.
Il peuvent l'être
– quand je prononce le nom de ma mère, je vois ma mère vivante
– ou non
a) vous avez le nom Emmanuelle sans le visage, sans l'être
b) Adso a le visage aimé, sans le nom

Écrit par : litote | 09/11/2005

Votre interprétation me convient parfaitement, je n'avais pas creusé aussi loin!
Merci!

Écrit par : Lawrence | 09/11/2005

Ve. 02/09/2011
Que d'années ont passé depuis les derniers commentaires.
Celui-ci sera-t-il lu ?

Je viens de terminer la seconde lecture de cet excellent opus d'Eco. Toujours aussi long à lire, vu les nombreuses citations latines et mots rares qui émaillent le texte. Quant à ces derniers, je suspecte l'auteur - ou l'excellent traducteur - d'avoir glisser quelques néologismes. Je n'ai pas vérifié tous les termes, qui ne sont d'ailleurs pas tous dans les dictionnaires usuels, mais ecpyrose n'est mentionné en français ni dans Quicherat (latin), ni Alexandre, Planche et Defauconpret (grec) qui proposent tous deux embrasement.
Mais qu'importe, on ne lit pas Dumas pour la vérité historique ...

Ceci pour en arriver à la requête suivante : Prigent (21/10/2005) pourrait-il me communiquer ses fiches de traduction des citations latines? Nanti de cela, je repartirais bien pour un tour.

Ce sera peut-être une bouteille à la mer, mais soit; c'est un plaisir de parler de ce roman après l'avoir juste terminé.

Écrit par : Bpbabette | 02/09/2011

Les commentaires sont fermés.